La Ceinture verte du parc national de la Yamaska : Une nature au-delà du parc
15 janvier 2014
Une démarche collective de conservation des milieux naturels à la périphérie du parc national de la Yamaska est actuellement en cours avec la collaboration des propriétaires fonciers. Cette initiative vise à consolider, tout autour de ce territoire protégé, un réseau de milieux naturels en mobilisant un ensemble de propriétaires dans une approche intégrée de conservation.
Une mission en partage
La raison d’être du parc national de la Yamaska est d’assurer la conservation et la protection permanente d’un paysage représentatif de la région naturelle des basses terres appalachiennes, et notamment de sa faune et de sa flore, tout en le rendant accessible au public à des fins d’éducation et de plein air. Cette mission répond aux exigences des aires protégées de catégorie 2, telles que définies par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cependant, considérant que les activités et les interventions réalisées à l’extérieur des limites du parc peuvent avoir des répercussions sur l’intégrité des milieux naturels à l’intérieur de celui-ci, il nous incombe à tous comme collectivité de partager cette responsabilité. En ce sens, le projet de la Ceinture verte du parc national de la Yamaska veut encourager, développer et renforcer les efforts de coopération avec les propriétaires de milieux naturels, afin de garantir la conservation à long terme d’un patrimoine naturel en partage.
Un écosystème fonctionnel
Dans nos paysages habités, l’écosystème peut se définir comme étant un ensemble de milieux naturels soutenant la biodiversité. Lorsque les milieux naturels constituent moins de 50 % d’un territoire, la biodiversité subit des pertes; une proportion de 30 % de milieux naturels est considérée comme un seuil critique. La fragmentation des milieux naturels constitue l’une des principales causes reconnues de l’effritement de la diversité biologique
Paysage au sud du parc national de la Yamaska, avec au premier plan le réservoir Choinière et plus loin le mont Shefford.
Concilier propriété et conservation
Le territoire à la périphérie du parc est entièrement de tenure privée. Cet espace présente encore de grands massifs forestiers qui participent largement à la richesse faunique et floristique du parc. Les propriétaires fonciers, privilégiés de posséder un milieu naturel, doivent savoir que leur petit trésor n’est pas isolé; il se connecte dans un réseau plus grand et interrelié de boisés et de terres humides au sein duquel chaque action peut affecter l’ensemble. C’est donc de façon concertée qu’ils seront conviés à préserver la trame naturelle qui entoure le parc, et ce, sans pour autant compromettre leur volonté légitime à occuper et mettre en valeur leurs terres. Comment souscrire à l’objectif de concilier la mise en valeur des terres et la préservation du patrimoine écologique ? En connaissant bien les différentes composantes du milieu naturel et en s’associant à une démarche de conservation volontaire.
Mieux connaître pour bien protéger
Chérir un patrimoine naturel, en prendre soin comme un trésor qu’on lèguera aux générations à venir, est gage de sagesse. Les propriétaires voisins du parc peuvent être les gardiens de milieux naturels importants au maintien de l’intégrité écologique du parc et de la biodiversité régionale.
Afin de susciter l’intérêt des propriétaires fonciers à la démarche collective de conservation, un document d’information leur sera remis sous peu à l’occasion de rencontres personnalisées. Élaboré en partenariat avec la Fondation pour la sauvegarde des écosystèmes du territoire de la Haute-Yamaska et Nature-Action Québec, deux organismes de conservation œuvrant déjà dans la région, ce document intitulé Une nature au-delà du parc leur dévoilera les richesses sensibles du parc national de la Yamaska et, par ricochet, celles susceptibles de se retrouver chez eux.
À la suite de ces rencontres, les propriétaires pourront choisir de se prévaloir d’une expertise de caractérisation biologique de leur propriété. Selon leurs préférences, ces services professionnels pourront prendre la forme de visites de terrain, de même que de conseils pratiques visant à répondre à des besoins spécifiques, et conduire à l’élaboration d’un cahier du propriétaire localisant les sites fragiles et les ressources vulnérables à l’échelle de la propriété. Fort de ces connaissances, les propriétaires pourront adopter des pratiques de gestion et d’exploitation compatibles avec la préservation du milieu naturel et de son patrimoine floristique et faunique. Ainsi, en adoptant collectivement une telle approche de conservation volontaire dans les milieux naturels périphériques au parc, l’établissement d’une zone tampon, ou ceinture verte, pourra assurer la pérennité du patrimoine écologique au sein même du parc.
Le parc national de la Yamaska, en raison du climat favorable, de la nature du sol et des reliefs, est situé dans une région où s’exprime la plus grande biodiversité du Québec. Chaque année, des milliers de visiteurs s’émerveillent devant les beautés que recèlent les milieux naturels de ce territoire protégé.
Alain Mochon est le responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national de la Yamaska. mochon.alain@sepaq.com
Photos: Mathieu Dupuis