Récit d’un week-end de canot-camping
Par Geneviève O’Gleman
J’ai eu la chance d’être invitée par la Sépaq à vivre un séjour de canot-camping au parc national du Mont-Tremblant. On a planifié cette aventure pendant des mois. Pour moi, c’était ni plus ni moins un rêve qui se réalisait.
Il faut dire que c’était ma première expérience de canot-camping. Oui, oui! La grande amoureuse de plein air que je suis n’avait à peu près jamais fait de canot de sa vie, encore moins de canot-camping. Francis, Stéphanie et Thomas, mes compagnons d’aventure, eux, avaient plusieurs milliers de coups de pagaie derrière la cravate. J’étais assurément entre bonnes mains.
Nos quelques rencontres virtuelles de préparation ont fait grimper mon excitation. On me parlait d’un coin paradisiaque, du plus beau secteur du parc, d’une plage privée, de couchers de soleil hallucinants, de sainte paix, de soirées mémorables autour du feu, d’une connexion exceptionnelle à la nature et du temps qui s’arrête… Je ne tenais plus en place!
L’entente était claire : eux, ils m’initient au canot-camping en m’apprenant tous leurs trucs et moi, je les nourris. Un bon deal, comme on dit.
J’ai planifié le menu pendant des semaines en changeant mille fois d’idées. Les semaines ont passé et le jour J est enfin arrivé. Ding! Un premier texto de groupe est entré à quelques heures du départ : « Hey, avez-vous vu la météo? » Ding! Ding! Réponses en rafale de toute la bande. On annonce de la grosse, grosse mouille, de la pluie, que de la pluie, tout le week-end, 100 % de probabilités. Impossible de remettre le séjour, tout est complet jusqu’à la fin de la saison. Tout le monde est d’accord, on y va. Après tout, on n’est pas faits en chocolat!
Visiblement, il n’y aura pas de couchers de soleil et de soirées autour du feu. On va avoir besoin de réconfort. De la soupe, ça nous prend de la soupe. Si on est pour être mouillés, on pourra au moins se réchauffer le cœur avec un bol fumant. J’adapte mon menu.
Les prévisions météo se sont avérées on ne peut plus justes. De la pluie, il y en a eu. Résultat : nos sorties sur l’eau ont été très courtes et moins nombreuses que prévu. Et qu’est-ce qu’on fait en canot-camping quand il pleut? On mange! Et c’est ce qu’on a fait, on a mangé! Notre week-end a presque uniquement tourné autour de la bouffe. En parler, la préparer, la cuisiner, la manger, la ranger… et recommencer.
J’ai tout adoré de cette fin de semaine, même la pluie, mais surtout la compagnie. On s’est amusés, on a rigolé. Nos plans sont littéralement tombés à l’eau, mais ça n’a jamais été un enjeu.
Pour moi, c’est la clé. En plein air, on ne contrôle pas grand-chose. Être flexible, s’adapter et trouver son plaisir dans les petites choses, ça change tout. Et mes partenaires d’aventure étaient dans le même état d’esprit.
Voici donc notre menu et les quelques constats et apprentissages qui ont transformé ce week-end en une aventure mémorable. Ça pourrait vous être utile si vous êtes, vous aussi, à vos premières armes en canot et, surtout, si dame Nature vous réserve le même sort qu’à moi.
- Geneviève
Menu pour un week-end de canot-camping
(Avec ou sans pluie)
Mon menu a été pensé pour être facile à transporter et à conserver sans glacière. Tout ce qu’on avait, c’était un sac isotherme souple et des sacs étanches. Une partie de l’eau potable et certains aliments ont donc été congelés avant le départ pour aider à mieux conserver l’ensemble des denrées.
Il n’y a pas d’eau potable sur les sites de canot-camping, il faut donc transporter une bonne quantité d’eau avec soi. Pour ma part, j’avais apporté deux bidons de quatre litres remplis d’eau et le nécessaire pour purifier l’eau par la suite. Voici ma technique pour purifier l’eau du lac : remplir un bidon à même le lac, puis le transvider dans une casserole recouverte d’un linge à vaisselle propre pour filtrer les impuretés. Faire bouillir une dizaine de minutes, puis laisser refroidir. Transvider dans des gourdes et ajouter un comprimé de purification d’eau, surtout si de la pluie est tombée dans la casserole pendant l’opération.
Jour 1
Arrivée au campement en après-midi
Apéro : Vin, fromage en grains et craquelins pendant la préparation du souper.
Souper : Pâtes crémeuses aux champignons sauvages. J’ai mélangé tous les ingrédients secs avant de partir. En camping, il ne me restait qu’à faire bouillir la bonne quantité d’eau et à y verser tout le contenu. Cette recette ne demande aucune autre préparation. En plus, elle est très légère et se conserve à la température ambiante. J’avais apporté deux conserves de thon pour ceux qui désiraient en ajouter à leurs pâtes.
Dessert : Quelques palettes de bon chocolat artisanal à partager.
Jour 2
Déjeuner : Gruau aux fruits et aux noix. J’ai modifié un peu ma recette pour les circonstances. Je l’ai multipliée par quatre et, dans un sac réutilisable étanche, j’ai mélangé tous les ingrédients secs (avoine, poudre de lait, cassonade, cannelle) sauf les fruits et les noix. Sur place, j’ai porté à ébullition la bonne quantité d’eau, j’y ai versé le contenu du sac et j’ai cuit le tout quelques minutes, jusqu’à ce que le gruau soit bien crémeux. J’ai placé les fruits séchés et les noix au centre de la table et j’ai coupé une pomme et une poire en petits dés. Chacun a garni son bol de gruau à son goût.
Dîner : Soupe au riz et au jerky et salade de couscous. Encore une fois, à la maison, j’ai combiné tous les ingrédients secs de chaque recette dans des contenants hermétiques. Sur place, j’ai fait bouillir la bonne quantité d’eau pour la soupe (j’ai multiplié la recette par quatre) et j’y ai ajouté tous les ingrédients. Lorsque le riz est tendre, c’est prêt. Pour la salade, j’ai versé la bonne quantité d’eau bouillante directement dans le plat contenant les ingrédients secs. J’ai ajouté de l’huile, du jus de citron et quelques légumes coupés en petits dés : poivron, céleri, carotte.
Apéro : Focaccia, crudités et bières locales. Ici, je n’ai pas de recette, c’est une improvisation libre. En camping, j’apporte toujours une ou deux boules de pâte à pizza congelée. J’achète la mienne dans une pizzeria près de chez moi, mais on peut en trouver à l’épicerie. Ça remplace les blocs réfrigérants dans la glacière et, une fois dégelée, la pâte devient le point de départ de quelque chose de succulent. J’ai fait préchauffer mes deux poêlons en fonte en les déposant directement dans les braises. Ensuite, j’ai enduit un poêlon d’huile d’olive, j’ai étendu la pâte à pizza, puis j’y ai ajouté un filet d’huile, du sel, du poivre et des herbes séchées. J’ai déposé le poêlon sur la grille au-dessus du feu (pas trop près des flammes) et, pour créer l’effet d’un four, j’ai couvert la pâte de l’autre poêlon placé à l’envers. J’ai déposé une bûche embrasée sur ce deuxième poêlon pour maintenir le tout bien chaud. Après une dizaine de minutes, j’ai retourné la focaccia et je l’ai laissée cuire jusqu’à ce que les deux côtés soient dorés, sans remettre le poêlon sur le dessus. Ensuite, j’ai taillé des pointes, que j’ai servies avec des crudités (le reste des légumes du midi). C’est bon à se rouler par terre, même dans la boue!
Souper : Bavette de bœuf avec grelots et haricots verts. Ici aussi, pas de recette. À la maison, j’avais mariné et congelé une grosse bavette avec de la moutarde de Dijon, des épices à steak et un peu d’huile. La viande gelée m’a aidée à conserver les autres aliments au frais et elle a dégelé à temps pour le deuxième souper du séjour. J’ai commencé par faire cuire les grelots dans le poêlon. À mi-cuisson, j’ai ajouté la bavette et, lorsque je l’ai retournée, j’ai ajouté les haricots verts, qui n’ont pas besoin d’autant de cuisson. Pour la bavette, il faut compter 5 à 7 minutes de chaque côté, sans manipuler pendant la cuisson. À déguster avec un bon vin rouge et le restant du chocolat pour le dessert.
Jour 3
Déjeuner : Brioches à la cannelle. Oui, oui, des brioches en camping! Préparées avec notre autre boule de pâte à pizza crue. J’ai étendu la pâte sur une planche à découper à l’aide d’une gourde en guise de rouleau à pâtisserie. Pour éviter de devoir apporter de la farine, j’ai abaissé la pâte directement sur un grand carré de papier parchemin. Ça ne colle pas et ça va super bien. J’ai garni de beurre, de cassonade et de cannelle. J’ai ensuite roulé et tranché en rondelles, et hop dans le poêlon en fonte préchauffé sur le feu. Quelques minutes plus tard, on s’est régalés de délicieuses brioches maison! C’est exactement ce qu’il nous fallait après une nuit glaciale et humide… et avant de démonter le campement sous une pluie torrentielle.
Quelques indispensables pour partir en canot‑camping
(Surtout si on prévoit de la pluie)
C’est surprenant tout ce qu’on peut loger dans un canot. C’est très stable aussi. Alors à moins d’avoir à faire beaucoup de portage, ce qui n’était pas notre cas, vous n’avez pas à trop vous limiter. Vous pouvez transporter eau, bois pour le feu, équipement de cuisine et autres articles lourds que vous ne vous seriez pas normalement permis en camping rustique. L’important, c’est que tout soit facile à imbriquer dans un canot. Privilégiez les glacières souples plutôt que les grosses glacières rigides. Privilégiez les sacs étanches (dry bags) plutôt que les valises et les sacs à dos.
Des sacs étanches. Mon week-end sous la pluie aurait pris une tout autre tournure si mes vêtements avaient été mouillés. Même chose si on avait chaviré ou si notre technique n’avait pas été au point et qu’on avait arrosé nos bagages à chaque coup de pagaie… les sacs étanches sont toujours un excellent choix.
Des bâches, jamais trop de bâches. Elles ont sauvé notre week-end! En prévoir une très grande pour l’aire de vie commune, mais aussi de plus petites pour protéger les tentes et pour créer un coin feu. Dans ce cas, il faut la mettre plus haut pour éviter qu’elle brûle.
De la corde. Pour attacher les bâches, pour percher les réserves de nourriture dans les arbres à l’abri des animaux et pour se créer des cordes à linge. Puisqu’on est plus reculés en nature lorsqu’on fait du canot-camping, les animaux sont moins intimidés que sur les terrains de camping classiques. Leurs visites sont donc plus fréquentes. Ne laissez aucune nourriture accessible et utilisez les perches à ours mises à votre disposition par la Sépaq.
Des sacs à ordures. Ne laissez aucun reste de table traîner et ne les jetez pas en nature. Emballez tous vos déchets et montez-les aussi dans la perche à ours.
Du savon biodégradable. Même si vous utilisez un savon « ami de la nature », ne versez pas votre eau de vaisselle dans le lac. C’est dommageable pour les espèces qui y vivent et l’eau ne permet pas au savon de se biodégrader aussi rapidement que dans le sol. Creusez un trou loin du campement et du lac, versez-y l’eau souillée, puis couvrez le tout de terre. Le sol pourra ainsi filtrer l’eau et accélérer la biodégradation du savon.
Des mousquetons. Pour attacher les sacs étanches dans le canot, pour fixer les bâches entre elles, pour attacher les sacs de nourriture aux perches à ours et pour mille autres usages.
Un brûleur d’appoint. Lorsque la pluie est intense et que le vent se lève, rien ne dit que notre feu sera assez fort et stable pour cuisiner. Un petit brûleur de type PocketRocket avec des bonbonnes de propane est alors essentiel pour cuisiner et faire chauffer de l’eau pour la consommer, laver la vaisselle et faire sa toilette.
Un jeu de cartes et des jeux portatifs. Surtout quand il pleut et qu’on est confinés sous une bâche pendant de longues heures. On les avait oubliés!
Des gourdes Nalgene. Pourquoi cette marque? Parce qu’elle offre des bouteilles robustes, résistantes et, surtout, très étanches. On peut les congeler avec de l’eau pour en faire des blocs réfrigérants et aussi y verser directement de l’eau bouillante pour s’en servir comme bouillottes à insérer dans les sacs de couchage pendant la nuit. À ne pas faire avec une autre gourde, qui risque de fuir et de tout tremper dans la tente!
Des linges à vaisselle en grande quantité. Rien ne sèche quand il pleut! Il faut des linges pour essuyer la vaisselle, s’essuyer les mains et aussi pour filtrer l’eau du lac.
Deux poêlons en fonte de même dimension. C’est imbattable pour la cuisson au feu de bois! J’ai aussi un gant isolant pour manipuler les poêlons, dont la poignée devient brûlante dans le feu.
Il n’y aura probablement pas de réseau cellulaire là où vous serez. Et ça, pour moi, c’est un gros, gros plus. Une vraie déconnexion!
En plus du parc national du Mont-Tremblant, il est possible de pratiquer le canot-camping dans plusieurs destinations de la Sépaq : dans les parcs nationaux d'Aiguebelle, de Frontenac, des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, de la Jacques-Cartier, du Lac-Témiscouata, du Mont-Tremblant et d'Opémican ainsi que la réserve faunique La Vérendrye. Cette dernière regroupe 800 km de parcours aménagés et propose l'offre de canot-camping la plus importante au Québec! Près d’une vingtaine de parcours sur lacs ponctués de 500 emplacements de camping pour passer la nuit sont offerts afin de vivre une expédition d’envergure dans la plus belle nature. Notez que les réservations se font par téléphone uniquement au 1 800 665‑6527.
À propos de Geneviève O’Gleman
Animatrice, autrice et entrepreneure, Geneviève O’Gleman cumule les succès. Elle a reçu de nombreux prix, dont le prestigieux Laurier du Public au gala des Lauriers de la gastronomie québécoise en 2023. Elle inspire les Québécois à cuisiner des repas à la fois sains, simples et savoureux depuis plus de 20 ans. Sa mission : prouver à tous que manger santé n’a rien d’ennuyant et qu’on peut y arriver tout en respectant nos valeurs, notre budget, notre rythme de vie et l’environnement. Elle est l’autrice de 17 livres de recettes, tous devenus best-sellers, cumulant ainsi plus de 1 million de livres vendus en carrière. Grande passionnée de plein air, si vous la cherchez, elle est surement partie jouer dehors!