5 livres québécois pour les passionnés de nature
Par Émilie Perreault
La lecture est un doux moyen de se plonger dans d’autres univers. Grâce à la magie des mots, ouvrir un livre nous amène ailleurs, dans d’autres époques, d’autres vies et même d’autres mondes. Lire est aussi un bon moyen de s’offrir une dose de nature tout en étant confortablement installé dans le sofa, devant un feu de foyer, enroulé dans une grosse couverture. Juste à temps pour les petits week-ends cocooning du temps des Fêtes, Émilie Perreault, amoureuse de littérature et animatrice de l’émission Il restera toujours la culture à la radio de Radio-Canada, nous propose cinq livres québécois qui plairont assurément aux passionnés de nature. Bonne lecture!
Encabanée
Gabrielle Filteau-Chiba
Publié chez XYZ en 2021
Dès la première page du roman, j’ai eu un coup de cœur pour l’écriture de cette jeune autrice autodidacte qui s’inscrit dans le courant du nature writing d’Henry David Thoreau. Découragée par la société de consommation, Gabrielle Filteau-Chiba a un jour mis à exécution le fantasme de bien des gens. Elle a décidé de tout quitter pour aller vivre dans le bois, n’emportant avec elle que des livres. Dans son cas, le bois est celui de la région de Kamouraska (nom dans lequel on trouve le mot amour, nous fait-elle remarquer). Le récit de son ermitage le temps d’un rude hiver représente une profonde quête de sens. Elle ne nous épargne pas les moments difficiles, mais on en ressort avec un sentiment d’émerveillement. Encabanée se lit rapidement, mais sachez que c’est le premier volet d’un triptyque, donc vous pourrez vous rassasier avec les deux autres si le coup de cœur opère pour vous aussi!
Le nature writing, littéralement « écrire sur la nature », est un genre littéraire donnant le rôle central aux grands espaces. Selon le spécialiste Lawrence Buell, quatre éléments mettent un livre dans cette catégorie :
- La nature est traitée comme un personnage à part entière, pas seulement comme le cadre de l’intrigue.
- La nature est envisagée comme un processus complexe et non fixe.
- Les préoccupations environnementales occupent une place tout aussi importante que les préoccupations humaines.
- Le texte plaide en faveur de la responsabilité environnementale.
Atiku utei : le cœur du caribou
Rita Mestokosho
Publié chez Mémoire d’encrier en 2022
J’aurais bien pu vous recommander l’un des merveilleux recueils de la poète innue Joséphine Bacon, qui célèbre toujours le territoire, son Nutshimit, avec un amour incommensurable, mais j’avais envie de mettre la lumière sur une autre poète innue publiée chez Mémoire d’encrier, Rita Mestokosho. Son plus récent recueil, Atiku utei : le cœur du caribou, paru en novembre 2022, m’a laissé une forte impression. « Je ne compte pas le temps, je vis le temps », peut-on y lire. Si vous avez vu la pièce J’aime Hydro (épisode 4), vous connaissez Rita comme celle qui amène Christine Beaulieu à prendre conscience de son attachement à la terre. Sa poésie à la fois militante et méditative nous donne envie de prendre soin de la nature dont on fait partie. « Tu ne marches pas dans le vide. Il y a une terre qui te porte », écrit la poète.
Qimmik
Michel Jean
Publié chez Libre Expression en 2023
Le scandale de l’abattage massif de chiens de traîneau dans les années 1960 a été le moteur de création du plus récent roman de Michel Jean, Qimmik. Le titre fait référence au nom d’une race de chiens presque complètement éradiquée pendant un massacre qui visait à sédentariser les peuples du Nord. En abattant leurs chiens, on les empêchait de s’éloigner. Je vous rassure, ce point de départ cruel fait place à une histoire qui célèbre la vie de ces animaux, des alliés pour les personnages principaux, deux jeunes Inuits entamant leur vie d’adulte en amoureux dans la toundra. À travers un personnage d’avocate s’ajoute une deuxième trame narrative qui se déroule à notre époque. La force de ce roman? Les scènes qui parlent du territoire. Michel sait nous décrire ce que ses personnages ressentent devant les lieux grandioses sur leur chemin.
Les saumons de la Mitis
Christine Beaulieu
Publié aux Éditions de La Bagnole en 2023
La comédienne Christine Beaulieu a décidé de pérenniser le texte de son spectacle documentaire pour toute la famille, Les saumons de la Mitis. Le résultat est magnifique, entre autres grâce aux illustrations de Caroline Lavergne. Dans ce livre, Christine nous invite à nous mettre à la place d’un saumon pour nous faire vivre le miracle de la survie de ces poissons, confrontés à plusieurs écueils – dont ceux causés par les humains – tout au long de leur vie. Cette création nous encourage à changer notre rapport à la nature et à ne pas baser toutes nos décisions sur des raisons financières, inexistantes chez les autres espèces.
Cariacou : manuel de chasse à l’usage des poètes
Olivier Lussier
Publié aux Éditions de Ta Mère en 2023
Voici un livre de poésie camouflé sous des habits de chasse qui plaira à un large public. Il existe un parallèle entre l’acte de chasser et celui d’écrire : ces activités solitaires demandent de la patience et de l’humilité. Olivier Lussier a décidé de réunir pêle-mêle des textes de poésie, des trucs de chasse, des extraits de blogues, des anecdotes d’enfance et même une recette. Une poésie rurale remplie d’autodérision envers les chasseurs, club dont il fait partie, mais qui incite aussi à se questionner sur son propre code d’honneur.
À propos d'Émilie Perreault
Émilie Perreault a une mission : donner envie au public de consommer la culture sous toutes ses formes. Elle est convaincue qu’une œuvre d’art peut changer le monde une personne à la fois et elle consacre toute son énergie à le démontrer, notamment avec ses projets Faire œuvre utile (aux Éditions Cardinal, puis à Radio-Canada) et Service essentiel (Éditions Cardinal). Femme de défi, Émilie a été de la folle aventure de Cette année-là aux côtés de Marc Labrèche. Depuis l’automne 2022, elle anime la quotidienne Il restera toujours la culture à la radio de Radio‑Canada.