Geneviève, l’aventurière
Par Karina Durand
Geneviève O’Gleman est géniale. Son approche révolutionnaire en cuisine santé a changé nos vies. Ses recettes originales, toujours aussi nourrissantes que délicieuses, sont des coups de circuit assurés, tant pour recevoir nos invités préférés que pour les semaines chargées où le temps pour préparer les repas nous manque. Et que dire de ses trucs pour bien manger lors de nos sorties en nature (allô, la poutine de camping et les brioches à la cannelle cuites sur les braises)!
Mais Geneviève n’est pas seulement épatante lorsqu’elle s’active aux fourneaux (ou devant un feu de camp). Derrière la nutritionniste aux mille et une astuces se cache aussi une adepte de plein air aux yeux brillants et une grande voyageuse pour qui explorer le monde différemment est un véritable mode de vie.
Portrait d’une aventurière inspirée et inspirante.
La découverte du plein air
Elle est nutritionniste, diplômée en journalisme de l’Université de Montréal et auteure d’une quinzaine de livres de cuisine santé, tous des best-sellers. On l’a découverte avec Cuisine futée, parents pressés, l’émission qu’elle a conçue, coproduite et coanimée à Télé-Québec pendant six saisons. Puis, on a été ravis de la retrouver à l’écran avec Savourer, un nouveau concept d’émission culinaire qu’elle a imaginé et qu’elle produit et anime, cette fois-ci sur ICI Radio-Canada Télé.
Les adeptes de plein air sont d’ailleurs nombreux à être tombés sous le charme de Savourer en plein air, la déclinaison Web de cette série présentée depuis l’été 2020 sur la plateforme Mordu de Radio-Canada, en collaboration avec la Sépaq. Au menu? Des recettes originales et gourmandes à cuisiner en nature, mais aussi plein d’idées pour mieux s’organiser quand on part à l’aventure. Si le contenu de cette websérie vous a ébloui par sa grande pertinence, vous ne serez pas surpris d’apprendre que Geneviève O’Gleman, du plein air, elle en mange. Mais pas depuis toujours!
« Ado, j’étais zéro sportive. Je n’aimais pas l’éducation physique du tout. Je n’avais pas d’agilité et j’étais toujours la dernière choisie quand venait le temps de former des équipes. Je n’étais pas bonne, mais en plus, je haïssais ça », lance-t-elle en rigolant.
La piqûre, elle l’a eue au cégep, quand son amie France l’a invitée à passer quelques jours entre amis dans un chalet des Cantons-de-l’Est. Le projet du week-end consistait à gravir le mont Sutton. Intimidée par le défi et incertaine d’être assez en forme pour se rendre au sommet, Geneviève a tout de même accepté l’invitation. Et c’est là que tout a commencé.
« Je m’en souviens comme si c’était hier, car c’est vraiment à ce moment que j’ai découvert le plein air. En nature, il n’y a pas de pression de marquer des points ou de calculer sa vitesse. Il n’y a ni victoire ni défaite, et ce n’est pas une compétition. Mais marcher en forêt amène un immense sentiment de bien-être et gravir une montagne procure une dose d’adrénaline instantanée, peu importe à quel rythme on avance. Après cette première expérience de plein air, j’ai tout de suite voulu recommencer », nous a-t-elle confié.
Aujourd’hui, Geneviève passe la plupart de ses week-ends à jouer dehors avec ses proches. Elle dit apprécier toutes les activités qui se pratiquent en nature, du camping à la pêche, en passant par le ski alpin, le ski de fond et la raquette. Mais son activité préférée, c’est vraiment la randonnée. « J’en fais été comme hiver, beau temps mauvais temps. Au printemps dans la bouette, l’été quand il y a plein de bibittes, l’hiver quand il fait froid… rien ne m’arrête! avoue-t-elle avec enthousiasme. J’ai exploré beaucoup de sentiers ici au Québec, mais aussi un peu partout à travers le monde. Car voyager, c’est une autre de mes grandes passions. »
Geneviève, la voyageuse
Passionnée de voyage, Geneviève l’est et pas juste un peu. À ce jour, elle a mis les pieds sur tous les continents et visité plus de 55 pays! Mais n’essayez pas de la trouver dans les hôtels luxueux et les circuits touristiques, car quand elle voyage, Geneviève préfère sortir des sentiers battus.
En Chine? Elle a campé dans de petits villages au nord de la Grande Muraille. En Malaisie? Elle s’est promenée dans les champs de thé. Au Sénégal? Elle est allée partout, de Dakar, la capitale du pays, aux plus petites communautés rurales. Au Guatemala? Elle a appris l’espagnol en cuisinant avec des gens du coin. En Namibie? Accompagnée de sa fille et de son chum, elle a fait du camping dans le désert, monté la plus haute dune du monde et rencontré des communautés indigènes.
« Voyager, ça me donne des ailes. Ça me ressource et m’énergise, dit-elle d’une voix douce. Ça me permet de mettre mon quotidien sur pause et de vivre tellement de nouveauté en même temps. Je ne suis jamais aussi créative qu’en revenant de voyage. C’est vraiment de là que me viennent mes grands élans d’inspiration. »
Lorsque l’on sort de la routine, remarque Geneviève, notre pilote automatique s’arrête soudainement pour faire place à une plus grande ouverture d’esprit. En voyage, notre cerveau fonctionne différemment. On est davantage ancrés dans le moment présent, on est plus spontanés, plus disponibles. Et quand on est dans cet état d’esprit, la magie opère : on arrive plus facilement à voir et à explorer d’autres possibilités quand on se décolle des préoccupations du train-train quotidien.
Découvrir le monde est la source d’inspiration première de Geneviève. C’est pourquoi, avant la pandémie, elle bouclait ses bagages quatre ou cinq fois par année, la plupart du temps pour visiter une nouvelle destination ou un nouveau coin de pays.
Des îles sauvages du Panama à l’Himalaya
La plus grande aventure qu’elle a vécue à ce jour? Difficile à dire, il y en a tellement!
En janvier 2018, alors qu’elle est blessée à un genou en plein milieu de la saison de ski, un ami lui propose de se joindre à un voyage de kayak en groupe en Amérique centrale. Au programme? Deux semaines en autonomie complète, à pagayer dans les eaux turquoise de l’archipel de San Blas, dans la mer des Caraïbes, au nord-ouest du Panama. Le voyage promettait des paysages naturels à couper le souffle, des plages de sable blanc, des couchers de soleil paradisiaques et des rencontres avec les Kunas, la communauté autochtone de ces îles sauvages. Geneviève accepte l’invitation sur-le-champ.
« Ce que je ne savais pas, c’est que le groupe était composé d’experts et que j’étais la seule débutante, même si j’avais ma certification de niveau 1 en kayak de mer. On ne m’avait pas prévenue que l’itinéraire serait aussi exigeant. J’ai dû affronter de forts courants marins et des vagues allant jusqu’à deux mètres de haut! Mais une fois sur place, j’ai vu ça comme une chance de vivre une expérience super trippante qui me permettrait d’apprendre et de repousser mes limites, tout en étant bien accompagnée. J’ai donc sauté à pieds joints dans l’aventure, malgré les défis, et j’ai fait un voyage merveilleux », se remémore-t-elle.
Un an plus tard, elle part pour l’Asie du Sud, en direction d’une région pas du tout touristique, au Népal. L’objectif de ce voyage? Réaliser une expédition sur le mont Numbur, une montagne glaciaire située dans la chaîne de l’Himalaya, à un peu moins de 50 kilomètres de l’Everest. Guidé par des sherpas expérimentés, le groupe allait marcher et camper pendant plusieurs jours pour se rendre à 5 550 mètres d’altitude.
« Cette expédition nous a amenés à traverser de petits villages, où l’on a fait la rencontre de Népalais qui n’avaient presque jamais vu d’étrangers. Un matin, on s’est réveillés avec 20 centimètres de neige sur notre tente et, pendant la nuit, on a entendu des yaks qui traversaient le campement. Ce voyage-là a été l’un des plus dépaysants, mais aussi l’un des plus enrichissants que j’ai vécus », nous raconte-t-elle avec émotion.
Selon Geneviève, voyager remet tout en perspective : nos besoins, ce qu’on consomme, ce qu’on achète. « On rencontre des gens qui vivent différemment de nous, mais qui vivent bien, qui sont souriants et heureux, et de qui on gagne à s’inspirer. Pour moi, l’aventure, c’est autant les expériences fantastiques que le contact avec la différence, avec l’autre. Cette ouverture-là me nourrit énormément, tant sur le plan humain que sur le plan professionnel », affirme-t-elle.
Si on lui demande ce que ses aventures aux quatre coins du monde lui ont appris, Geneviève répond sans hésitation : la flexibilité. Le plein air, les voyages et l’aventure nous enseignent à nous mettre en mode solution, nous dit-elle, à développer notre capacité d’adaptation et à demeurer optimiste, quoi qu’il arrive. Car on a beau préparer un itinéraire détaillé, dans la réalité, ça ne se passe jamais comme on l’a planifié. Cependant, si on est prêt à réagir avec ouverture et à saisir les occasions qui se présentent, le plan B peut devenir encore plus intéressant que le plan A.
« J’ai vécu beaucoup de péripéties en voyage. Perdre mes bagages, manquer mon vol, être coincée dans un typhon à Hong Kong, souffrir d’une conjonctivite dans les deux yeux alors que je suis prise dans un blizzard en Islande… et j’en passe! Si bien que maintenant, il en faut beaucoup pour me déstabiliser. J’ai un moral de béton et je m’adapte aux circonstances, quelles qu’elles soient. Je pense que ce que voyager m’a appris de plus important et de plus utile, c’est la souplesse », décrit-elle.
Préparée, organisée et équipée
Quand on l’écoute nous raconter avec passion ses mille et une anecdotes de voyage, on peut s’imaginer que Geneviève a le goût du risque et qu’elle carbure à l’adrénaline. Mais ce qui l’intéresse avant tout, c’est la découverte de nouvelles expériences.
« Je suis une aventurière, mais je suis une aventurière prudente, lance-t-elle dans un éclat de rire. J’aime repousser mes limites, mais je ne suis pas téméraire. Je ne prends pas de risques inutiles, j’essaie de faire des choix conscients et d’adopter des comportements réfléchis. » Avant d’être une voyageuse aguerrie, Geneviève est une maman et une entrepreneure responsable qui tient à ce que sa famille et son équipe puissent se fier sur elle.
« Je suis super organisée et je pars toujours bien équipée, plus préparée que pas assez. En randonnée, par exemple, je suis toujours habillée et chaussée adéquatement et mon sac à dos est bien garni. J’apporte une trousse de premiers soins, une lampe frontale, toujours plus d’eau et de nourriture qu’il n’en faut, et je m’assure de pouvoir prendre soin du groupe, au besoin », explique-t-elle.
Elle a d’ailleurs suivi une formation de secourisme en milieu éloigné qui lui a servi à plus d’une occasion. Elle raconte que de petits bobos comme des ampoules aux pieds peuvent venir carrément gâcher une journée de marche en montagne, et même compromettre notre plan de match en voyage. D’où l’importance d’être prévoyant et d’avoir ce qu’il faut sous la main pour réagir à ce type de situation.
Ce qu’elle traîne assurément avec elle dans son matériel de survie, en plus des pansements et autres essentiels pour soigner les blessures courantes? Des jujubes à saveur de framboise et des amandes enrobées de chocolat, de petites gâteries qui font sourire et qui détendent l’atmosphère quand l’humeur des troupes s’assombrit devant les difficultés à surmonter.
« En voyage ou lors de mes sorties en plein air, influencer le groupe positivement est un rôle qui me va bien et que je prends à cœur. Et j’ai découvert avec le temps que les petites douceurs à se mettre sous la dent peuvent faire des miracles quand l’effort psychologique demandé est soutenu », remarque Geneviève. Selon elle, garder le moral quand ça se corse est l’un des plus importants défis des grandes expéditions.
L’aventure ultime
Quand on questionne Geneviève sur son aventure suprême, son regard déjà brillant s’illumine davantage.
« Mon plus grand rêve, ce serait d’animer une émission de télé qui me permettrait d’allier mes trois grandes passions : la cuisine, le plein air et les voyages. Avoir une tribune qui me permettrait de donner le goût aux gens de s’ouvrir sur le monde, ce serait pour moi un défi et une aventure extraordinaire. Ma mission serait alors de convaincre le plus de gens possible de ne pas s’enfermer dans une routine métro-boulot-dodo, d’oser sortir de leur zone de confort et de voyager différemment », s’enthousiasme-t-elle.
L’entendre parler de ce grand projet nous donne des frissons. On l’imagine tellement partir à la découverte de pays lointains, sac sur le dos, armée de sa curiosité naturelle et de son énergie contagieuse. Enfin, parce que sa détermination est à toute épreuve et que son désir d’explorer de nouveaux horizons l’amène toujours un peu plus loin, on n’a aucun doute qu’elle finira bien par réaliser son rêve. Ce qu’elle partagera avec nous sera certainement à son image, c’est-à-dire génial.
Les essentiels de Geneviève pour partir à l’aventure
- Des comprimés pour purifier l’eau des lacs et rivières. C’est léger, ça ne prend pas de place et on ne sait jamais quand ça peut servir. Même lorsqu’on part en rando d’une seule journée, manquer d’eau peut avoir de graves conséquences, surtout s’il fait chaud et qu’on a mal calculé nos distances et la durée de la rando.
- Du ruban adhésif d’escalade. Il n’y a rien de mieux pour éliminer la friction dans une botte et prévenir les ampoules. Quand on sent que ça commence à frotter et que ça devient sensible, on s’arrête et on met du tape directement sur la peau. Comme par magie, on vient de s’éviter une ampoule, qui peut être tellement désagréable en randonnée.
- Des pansements de type second skin. Si on n’a pas mis notre tape d’escalade à temps (ça arrive!) et qu’on se retrouve avec une ampoule, les coussinets pour ampoules font des miracles. Ils soulagent, guérissent, enlèvent la friction et protègent. On peut continuer de marcher comme si de rien n’était et, souvent, l’ampoule se résorbe dès le lendemain.
- Des gougounes. Quand il fait chaud, il n’y a rien comme s’aérer les pieds pendant la pause du lunch! Ça aussi, ça permet de prévenir les ampoules. Première chose à faire avant de manger : on enlève nos bottes, on fait sécher nos bas et nos semelles et on s’aère les pieds. Le reste de la journée se passe beaucoup mieux quand on reprend les sentiers avec des pieds bien au sec. J’ai toujours une paire de gougounes dans mon sac de rando. Les moins chères, celles à 5 $, sont les plus légères et faciles à transporter.
- De la crème à mains… pour les pieds! Vous allez me dire que je fais une fixation sur les pieds, mais le plus important en rando, c’est de prendre soin de ses pieds. Le soir, après une longue journée de marche en montagne, même si on est crevé, on doit prendre le temps de couvrir nos pieds de crème pour qu’ils demeurent bien souples. Sinon, au fil des jours, c’est là qu’on voit apparaître des ampoules.
- Des gouttes ophtalmiques. Il faut les demander au pharmacien ou à la pharmacienne, mais si on porte des verres de contact, c’est essentiel. Lorsqu’on fait du camping et des randos plusieurs jours de file, c’est quasi inévitable, la poussière finit par irriter les yeux et causer des conjonctivites. Ça ne m’arrive jamais en ville et presque toujours en voyage. Les gouttes sont devenues indispensables pour moi.
- Un sac-gourde (hydration pack). On boit plus, et plus régulièrement, quand on a accès à nos réserves d’eau au bout d’un tube. Pas besoin d’enlever son sac à dos pour prendre sa gourde ou de demander l’aide de quelqu’un pour atteindre et replacer sa bouteille. Ce n’est pas juste un luxe, c’est de l’économie d’énergie et ça aide vraiment à prévenir la déshydratation et les coups de chaleur.
- Du duct tape. Pas le rouleau au complet, mais un bon mètre enroulé autour d’un crayon et enfoui dans mon sac de rando. On ne sait jamais à quoi ça va servir, mais ça sert toujours. Au fil des ans, j’ai réparé la semelle décollée des bottes d’un ami, j’ai solidifié mes bâtons de marche, dont le ressort avait lâché, j’ai scellé un sac à dos déchiré… Ça vaut vraiment la peine de traîner ce petit bout de tape qui ne prend pas de place et qui dépanne!
- Une lampe frontale. J’ai maintenant une lampe USB rechargeable qui n’a pas besoin de pile. C’est plus léger, on a plus d’autonomie et on ne se retrouve pas avec des piles mortes en plein voyage de rando. On peut recharger ce type de lampe avec un bloc-pile (battery pack) ou un petit panneau solaire.
- Un petit panneau solaire. Justement, quand je pars plusieurs jours en autonomie, je n’ai pas accès à de l’électricité. J’aime avoir une façon de recharger mon cellulaire, que j’utilise pour prendre des photos, comme réveille-matin, comme GPS avec des cartes de sentiers téléchargeables hors ligne, et en cas d’urgence. Souvent, il n’y a pas de couverture réseau au pied de la montagne, mais au sommet, oui!
- De petites serviettes compressées. C’est gros comme une pastille pour la toux et lorsqu’on l’imbibe d’eau, ça fait une serviette pour se débarbouiller le visage. Et en plus, c’est biodégradable. En rando, notre serviette devient parfois sale, alors une serviette en capsule est vraiment appréciée! Surtout quand c’est très poussiéreux, quand il vente ou quand on veut nettoyer une blessure.
À propos de Karina Durand
À part marcher seule en forêt, Karina aime lancer sa ligne à l’eau, griller des saucisses à hot-dog sur les braises d’un feu de camp, lire au bout d’un quai et se baigner dans un lac quand il pleut. Elle pilote la stratégie de contenu de la Sépaq depuis 2017.