Entretien d’équipement de plein air

Règles d’or pour chouchouter son précieux matériel

Chaque changement de saison est le moment tout indiqué pour chouchouter son matériel de plein air. Si l’entretien doit idéalement se faire après chaque sortie tout au long de l’année, l’entre-saison reste une bonne période pour effectuer un entretien global plus important. Surtout, c’est l’occasion de bien ranger ce qui ne servira pas prochainement.

Par Jean‑Sébastien Massicotte

Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie
Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie Mikaël Rondeau | © Sépaq

« Joffre un SPA à mes équipements », lance l’aventurier Sébastien Lapierre dans un éclat de rire. Car s’il ne range jamais pour bien longtemps sa tente, son sac de couchage, ses vêtements et ses autres accessoires, il sait comment prendre soin de son matériel pour en tirer le maximum et le faire durer.

Le premier skieur canadien à avoir atteint le pôle Sud en solitaire et en autonomie complète rigole de l’acronyme formé sans le vouloir par les mots qui lui servent d’aide-mémoire pour conserver son équipement en bon état après chaque sortie. S, P et A comme dans « sec », « propre » et « aéré » : une manière simple de retenir les trois règles de base qu’il respecte pour éviter les mauvaises surprises.

« Le gros ennemi, c’est l’humidité », insiste Sébastien. Ranger du matériel humide, même pour un court moment, est une garantie de moisissure. « Une bonne façon de tout scraper! » prévient celui qui sèche méticuleusement tout son équipement avant de le ranger dans de gros bacs. Dans son garage chauffé, chaque chose a sa place.

L’athlète choisit ainsi un endroit frais et sec avec la température la plus constante possible pour éviter la présence de condensation et d’humidité causée par les cycles chaud-froid.

C’est un avis que partage Benoit Corriveau, propriétaire de l’agence Corivo & Co, qui représente notamment les marques d’équipement MSR et Therm-a-Rest de même que les produits d’entretien Nikwax. 

« Quand on aborde le rangement, ça me parle », explique le représentant. Il pense entre autres, et pour cause, aux produits comme les tentes, qui sont fréquemment fabriquées avec du polyuréthane, « une matière sensible à l’humidité et à la chaleur ». Les tentes et les sacs faits avec ce matériau doivent donc être rangés au sec et au frais, insiste-t-il à son tour. Sinon, le matériel « réagit et se dégrade, et c’est là qu’il devient collant ». Et peu de solutions existent une fois ce stade atteint… 

« Simplement prendre son temps évite beaucoup de problèmes », poursuit la guide professionnelle Gabrielle Pilote, qui a sa petite routine d’entretien et de ménage à la fin de chacune de ses sorties. « Quand je reviens, j’ouvre tout pour bien faire sécher, même mon matelas de sol. Ensuite, je vérifie s’il y a des bris », décrit-elle. 

Pour bien faire les choses, il faut du temps, mais aussi de l’espace, un défi pour les gens qui habitent en appartement. C’est le cas de la diplômée du collège Mérici. « J’utilise des bacs », précise celle qui est guide pour Quatre Natures, une entreprise de Québec. Ce système de rangement lui permet de localiser rapidement le matériel nécessaire pour ses activités, tout en le protégeant efficacement et en minimisant l’encombrement.

Au-delà de ces conseils, Sébastien, Benoit et Gabrielle ont une foule de trucs concernant l’utilisation, l’entretien et le rangement de matériel bien précis, des trucs qui s’appliquent aussi à de nombreux autres accessoires de plein air.

1. Tente

Pour Sébastien, il n’y a qu’une façon de bien faire sécher sa tente : « La remonter au complet! » Que ce soit dans le sous-sol ou sur la terrasse quand il fait beau – pour éviter l’humidité du gazon, la tente ainsi remontée sèche facilement. Ensuite, l’aventurier la range dans un bac ou un grand sac (en filet ou en coton) qui ne la compresse pas.

Côté nettoyage, une brosse douce, comme celles pour la voiture, permet de faire le gros du travail, notamment pour le dessous de la tente, surtout si vous n’avez pas de toile de sol (footprint). Commencez par laver à l’eau, puis, si nécessaire, utilisez un savon doux et une brosse à dents et nettoyez une petite surface à la fois.

Selon Benoit, la meilleure façon de faire durer sa tente est assez simple : la monter de manière parfaite! « Cest du matériel fait pour des conditions extrêmes », précise le représentant, qui insiste sur l’importance de bien lire le mode d’emploi et de prendre son temps lors de l’assemblage. On pourra ainsi maximiser l’utilisation de son précieux abri et éviter une usure prématurée et des bris causés par de la négligence. 

Aux yeux de l’expert, un autre incontournable est l’application périodique d’un protecteur UV sur le double-toit et les parties de la tente exposées au soleil, un geste qui, du même coup, réimperméabilise la toile. « Il faut prévenir l’usure », justifie-t-il, décrivant une application simple une ou deux fois par saison, selon l’utilisation de la tente. Benoit emploie la même technique pour ses sacs à dos afin qu’ils conservent leur apparence neuve plus longtemps.

Et au besoin, lorsqu’il est trop tard pour agir, certains fabricants comme MSR proposent des pièces de rechange, par exemple, un double-toit, ce qui évite d’avoir à acheter une nouvelle tente en cas de bris ou d’usure marquée.

Pour Gabrielle, toujours avoir sous la main une trousse de réparation bien garnie est essentiel. Sa formation de guide l’y a habituée. Outre les classiques duct tape et tie wraps, elle apporte au moins un manchon de réparation pour arceau de tente, soit un tube qui se glisse sur une section endommagée. Des cordes élastiques peuvent aussi s’avérer utiles pour une réparation sur le terrain.

Carol-Anne Tremblay | © Sépaq
Charles Boutin | © Sépaq
Charles Boutin | © Sépaq
Charles Boutin | © Sépaq

2. Chaussures et bottes de randonnée

Sébastien s’assure de nettoyer fréquemment ses bottes et ses chaussures. Avec une petite brosse ou une brosse à dents, il enlève les restants de boue incrustés partout et qui, à la longue, dessèchent le cuir et accélèrent le décollement des composants.

Pour ralentir l’usure, le sportif de Québec apprécie le Shoe Goo, un adhésif polyvalent. Il n’hésite pas à l’utiliser dès qu’il détecte un point faible, le joint entre la semelle et la bordure d’une botte, par exemple. « Ça agit comme un scellant », explique-t-il.

Pour le séchage, un séchoir à bottes doté d’un ventilateur, que l’on trouve aisément dans les magasins à grande surface, est fort efficace.

Bien que les bottes et les chaussures neuves soient d’ordinaire traitées avant l’achat, Benoit précise qu’elles ne sont pas protégées éternellement. Selon lui, utiliser des produits spécialisés pour réimperméabiliser les chaussures, y compris celles avec une membrane Gore-Tex, demeure important.

« Après des milliers de flexions répétées, il finit par se faire des microfissures dans la membrane », décrit Benoit. Un traitement imperméabilisant pour l’extérieur aide alors à repousser les infiltrations d’eau. Le représentant suggère de nettoyer adéquatement les chaussures avec un shampoing spécialisé avant d’appliquer le produit.

Gabrielle prend elle aussi grand soin de ses bottes, mais elle reconnaît qu’il vient un moment où il faut aller chercher de l’aide. Comme pour d’autres réparations d’équipement de plein air, elle se tourne alors vers un cordonnier. « Des bottes, ça se répare bien », résume celle qui a ainsi donné une saison supplémentaire à une vaillante paire qui commençait à l’abandonner.

Charles Boutin | © Sépaq
Carol-Anne Tremblay | © Sépaq

3. Sac de couchage

Là encore, le séchage après utilisation est primordial, en particulier pour le duvet, qui est plus sensible à l’humidité que la fibre synthétique. Mais dans les deux cas, Sébastien rappelle de bien s’assurer que le tout est 100 % sec avant le rangement, sur le terrain autant que possible, mais surtout une fois de retour à la maison.

Et quand il parle d’aérer le matériel, il parle aussi de ne pas le compresser, une précaution importante pour les sacs de couchage que l’on range pour un moment. Après avoir été comprimé longtemps, l’isolant en duvet reprend mieux son gonflant que le synthétique. Malgré tout, il est recommandé de toujours ranger son sac de couchage dans un grand sac en filet ou en coton, souvent fourni à l’achat. 

Sinon, on peut le suspendre dans un placard ou le placer dans un bac. « L’important, c’est de le compresser le moins possible », affirme Sébastien, ajoutant que la durée de vie du sac n’en sera que prolongée.

Pour le nettoyage, les produits spécialisés ont l’avantage ici aussi, formule Benoit. C’est d’autant plus frappant pour le duvet, qui peut regagner beaucoup de son volume d’origine grâce à un bon nettoyage avec un savon spécialisé.

Et l’erreur à ne pas faire : opter pour le nettoyage à sec, qui abîmera la fibre isolante, surtout le duvet. On recommande d’utiliser une grande laveuse frontale ou sans agitateur, de même qu’une sécheuse de bonne taille. Au besoin, un ami qui en possède une ou la buanderie du coin viendra à la rescousse.

À l’étape du séchage, quelques balles de tennis ajoutées dans la sécheuse aideront à défaire les boules de duvet humide qui se seront formées dans le sac de couchage. Cette méthode s’applique également aux manteaux en duvet.

Charles Boutin | © Sépaq
Charles Boutin | © Sépaq
Charles Boutin | © Sépaq
Charles Boutin | © Sépaq

4. Manteaux et vêtements imperméables et respirants

Charles Boutin | © Sépaq

Sébastien, Benoit et Gabrielle s’entendent pour dire que l’entretien adéquat des vêtements techniques passe par les produits spécialisés et les conseils des différents fabricants. « Il faut suivre la recette », simplifie Benoit.

Il souligne que les savons spécialisés sans détergent protègent les vêtements imper-respirants, qui retrouvent alors leurs propriétés d’origine. Ces produits ne laissent pas de résidus entravant le fonctionnement des enduits ou des membranes et n’attaquent pas l’apprêt hydrophobe à la surface du vêtement, le fameux DWR.

Sébastien insiste : pour le vêtement comme pour le produit utilisé, « le premier truc, c’est de lire l’étiquette ». « C’est une bonne base », confirme Gabrielle en ajoutant que le site web de nombre de fabricants propose maintenant une tonne d’informations pertinentes pour bien entretenir les vêtements et l’équipement.

Nikwax a notamment diffusé sur sa chaîne YouTube une série de vidéos explicatives sur l’entretien de divers articles. 

Bref, on n’a pas besoin d’être expert ou experte pour réimperméabiliser à la maison un manteau qui a vu un peu trop d’action et dont la surface s’imbibe d’eau. Appliqué par vaporisation ou par trempage selon le mode d’emploi du produit, le traitement imperméabilisant a prouvé son efficacité. 

Benoit assure que l’effet est presque magique. « Ça redonne de la vie au Gore-Tex! » s’exclame-t-il. Au prix de l’équipement ces jours-ci, voilà de quoi se réjouir.

Prévenir au lieu de guérir 

Selon les trois adeptes de plein air, agir vite et bien au fil de la saison et des sorties évite les problèmes en nature. Bien qu’elle apporte habituellement de quoi réparer un lacet cassé ou un double-toit qui fuit, Gabrielle estime que la prévention reste la meilleure approche.

Au moindre signe de défaillance, que ce soit pour une boucle de sac ou de tente, une fermeture à glissière capricieuse ou une couture de botte qui prend l’eau, il ne faut pas hésiter à passer à l’action.

Il serait préférable de ne pas inclure cette section dans la liste, mais séparément, comme il ne s’agit pas d’une section abordant un type d’équipement précis.

Et pour les cas plus graves, qui justifient une réparation professionnelle ou requièrent de contacter le service de garantie du manufacturier, l’automne est tout indiqué, selon Benoit. « À une semaine des vacances, le 24 juin, ce n’est pas le meilleur temps! » exprime-t-il.

Quant à Sébastien, il suggère de profiter de cette période de transition pour se familiariser davantage avec son matériel et apprendre à l’entretenir et à le réparer. Un atout précieux quand des pépins surviendront en plein air, loin de tout! Il pense notamment à ce qui est « mécanique », comme un réchaud, qu’il sait désormais nettoyer et remonter les yeux fermés… même dans le froid glacial de l’Antarctique. Mais on ne vous en demande pas tant!

Charles Boutin | © Sépaq
Charles Boutin | © Sépaq

Jean-Sébastien Massicotte

À propos de Jean-Sébastien Massicotte

Journaliste de formation et sportif tout terrain, Jean-Sébastien ne rate jamais l’occasion de passer à l’action au bénéfice d’une bonne histoire. Chroniqueur, photographe et créateur de contenu d'aventure indépendant basé à Québec, l’Abitibien d’origine est reporter spécialisé plein air depuis 2011. Il collabore notamment au magazine Espaces.

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