Passion poissons

Nicolas Gagnon a toujours eu une fascination pour le monde aquatique, particulièrement pour les poissons. Plus jeune, il a passé de nombreux étés les deux pieds dans l’eau à ramasser des ménés et à pêcher la morue avec son père, grand passionné d’aquariophilie. Cette passion s’est transmise de père en fils, puisque Nicolas travaille aujourd’hui comme guide animalier aquariste à l’Aquarium du Québec. Il nous parle de son quotidien inusité avec ces merveilles des eaux douce et salée.

Stéphanie Tremblay | © Sépaq

Les animaux n’ont plus de secrets pour Nicolas, ou presque! Ce touche-à-tout détient un baccalauréat en biologie, une maîtrise sur l’élevage des écrevisses et un curriculum vitae bien garni. Coordonnateur de la collection aquatique du Zoo de Granby, propriétaire d’une animalerie pendant 15 ans, animateur de croisières aux baleines… son monde a toujours tourné autour des animaux.

Depuis maintenant cinq ans, il travaille à l’Aquarium du Québec. C’est un retour aux sources pour lui, puisqu’au début de sa vingtaine, dans les années 80, il y a commencé sa carrière comme guide naturaliste. 

Les poissons d’eau douce, ses bien-aimés!

En 2018, on lui confie les poissons d’eau douce, un bonheur pour cet amoureux de la faune aquatique. « Les poissons me rappellent ma jeunesse, quand je passais mes étés sur le bord de l’eau, au Québec ou sur la côte est américaine, raconte Nicolas. Mon père était peintre et sa passion, c’était les aquariums. C’est devenu ma passion aussi. À une certaine époque, quand j’étais adolescent, j’avais une vingtaine d’aquariums à la maison. Les gens autour de moi me trouvaient parfois intense! »

Il a même fait l’élevage de certains poissons, comme les cichlidés d’Afrique. « Ils ont des comportements de reproduction fascinants. Le mâle fait la cour à la femelle, elle pond ses œufs, le mâle les féconde et par la suite, c’est la femelle qui les reprend pour faire de l’incubation buccale », explique-t-il. À l’Aquarium, l’arowana a une méthode de reproduction similaire, à la différence que c’est le mâle qui garde les œufs, puis les jeunes alevins, dans sa bouche.

Quand on lui demande pourquoi il a une telle admiration pour le merveilleux monde des poissons d’eau douce, il répond ceci : « Ça fait tellement longtemps qu’ils font partie de ma vie, on est comme un vieux couple! L’un de mes poissons préférés, c’est l’esturgeon. Ses comportements m’intéressent, il a une certaine attitude nonchalante que j’aime bien. »

Aquarium du Québec
Aquarium du Québec - Esturgeon blanc Melvin Toullec | © Sépaq
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Aquarium du Québec - Raie vermiculée Patrick R. Bourgeois | © Sépaq
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Aquarium du Québec Stéphanie Tremblay | © Sépaq
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Aquarium du Québec - Piranha à ventre rouge © Sépaq

Le guide animalier avoue aussi avoir un faible pour les raies d’eau douce, un animal avec qui il peut faire des entraînements biomédicaux. « À l’Aquarium, nous avons une raie d’eau douce de l’espèce motoro. Avec d’autres aquaristes, nous travaillons très fort pour l’entraîner à la cible, un peu comme les entraîneurs procèdent avec les phoques. Plutôt que d’être obligés d’attraper la raie pour l’examiner et faire différents suivis médicaux, on peut la faire venir par elle-même avec de la nourriture », nous décrit-il.

Spécialiste des piranhas

Dans son travail, Nicolas doit composer avec une multitude d’espèces de poissons aux particularités parfois singulières. On peut dire que les piranhas à ventre rouge entrent dans cette catégorie. « Alors que tout le monde les voit comme des mangeurs d’hommes, moi, je trouve que c’est une espèce charismatique », mentionne-t-il.

Il admet toutefois que ce banc de poissons, qui compte une trentaine d’individus à l’Aquarium, comporte son lot de défis, notamment pour contrer le cannibalisme. Nicolas a plus d’un tour dans son sac pour y arriver.

« On nourrit les piranhas avec de petits morceaux de poissons. Comme ça, chaque piranha prend son petit morceau. Si on mettait de gros morceaux, les piranhas pourraient se blesser entre eux. Lorsqu’un piranha est blessé, il peut devenir une proie pour ses congénères, puisqu’à ce moment, il change de statut, il passe de chum à bouffe! Heureusement, ça arrive rarement », explique l’aquariste d’expérience.

Gardien des hippocampes

Ces temps-ci, il passe la majeure partie de ses journées avec de drôles de poissons, de vrais pros du camouflage : les hippocampes. Il s’agit du nouveau mandat qui lui a été confié. Chaque jour, il a le bonheur de côtoyer cet animal au Pavillon des profondeurs.

Certains ont des caractéristiques étonnantes, comme l’hippocampe nain, qui est l’une des rares espèces à pratiquer la monogamie. En effet, le mâle et la femelle restent ensemble pendant tout le cycle de reproduction. Et en raison de leur espérance de vie limitée, qui est d’environ un an, ils forment souvent un couple pour la vie.

Aquarium du Québec
Aquarium du Québec Stéphanie Tremblay | © Sépaq
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Aquarium du Québec - Hippocampe rayé Melvin Toullec | © Sépaq

Nicolas se plaît beaucoup dans ses nouvelles fonctions. Il a du plaisir à observer les hippocampes, même s’il est conscient que les garder longtemps et en santé est un défi en soi. Ils vivent généralement entre deux et dix ans. « Notre dragon de mer commun, Maxime, est âgé de 10 ans. Nous en prenons bien soin! Quand je le vois, je me dis que c’est une merveille de l’évolution », s’enthousiasme-t-il.

Qu’il soit attitré aux poissons d’eau douce ou aux hippocampes, ses journées types comme aquariste se ressemblent. Chaque jour, il doit effectuer une tournée matinale pour s’assurer que les animaux dont il a la charge se portent bien et que la température et les paramètres de l’eau sont adéquats.

Bien sûr, l’alimentation fait également partie de ses tâches quotidiennes. « Souvent, c’est en les nourrissant qu’on peut voir si nos animaux vont bien, précise-t-il. Quand l’appétit va, tout va! S’ils ne s’alimentent pas, c’est peut-être parce qu’ils sont malades, que leur environnement ne leur convient pas ou qu’ils sont en période de reproduction. Ça nous permet de prendre le pouls de nos poissons. »

Plongeur émérite

Quoi de mieux pour observer ses amis les poissons que de plonger dans l’eau avec eux? Nicolas détient ses certifications de plongée depuis 1986, mais il renoue avec cette passion depuis quatre ans seulement. Sa profession l’amène à accomplir différentes tâches sous l’eau, que ce soit pour entretenir les bassins ou alimenter les poissons dans le Grand Océan.

Plongée Lac Massawippi Jimmy Vigneux | © Sépaq
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Aquarium du Québec - Phoque du Groenland Melvin Toullec | © Sépaq

Il adore s’occuper des bassins des phoques. « Plonger avec les phoques du Groenland et les phoques communs à l’Aquarium, c’est vraiment le fun! Ils sont tellement curieux quand ils nous voient, s’exclame-t-il. Et pendant que je frotte leurs bassins et que je ramasse les déchets qui peuvent tomber à l’eau, je peux les observer de près. Je n’ai pas besoin de leur faire de gros câlins, juste les regarder, ça me rend heureux. »  

 Il participe aussi à des corvées de nettoyage en milieu naturel avec d’autres plongeurs et plongeuses de l’Aquarium. En retirant des déchets ou des moules zébrées de nos plans d’eau, il espère contribuer à protéger la faune et la flore du Québec.

Partager sa passion avec la relève

À 59 ans, Nicolas souhaite terminer sa carrière avec les poissons et ses collègues de l’Aquarium. « C’est intéressant de travailler avec des gens qui partagent le même amour du milieu aquatique que moi. Ici, cet amour inconditionnel est un atout, pas une maladie ou une bizarrerie », nous fait-il remarquer.

Son désir le plus cher avant de prendre sa retraite d’ici une dizaine d’années, c’est de partager ses connaissances avec les jeunes qui entament leur vie professionnelle. Avec la passion contagieuse de Nicolas, la relève est assurée à l’Aquarium.

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