Portrait du parc

Histoire de la création du parc national de la Yamaska

L'aménagement d'un réservoir sur d'anciennes terres agricoles et forestières se concrétise au début de la décennie de 1970. Destiné à régulariser le débit de la rivière Yamaska Nord, le projet nécessite l'expropriation de 13,4 km2 de terrain touchant 80 propriétaires. La construction d'un barrage et d'une digue s'échelonne de 1974 à 1976. La crue printanière de 1977 fait naître le nouveau plan d'eau en quelques semaines à peine. Les ouvrages de contrôle des eaux, situés à même le barrage Choinière, permettent de régulariser le débit de la rivière Yamaska Nord et d'assurer un écoulement minimal de l'eau, afin que la municipalité de Granby en aval puisse combler ses besoins.

Le réservoir Choinière constitue, en 1977, une étendue d'eau de 4,64 km2 dans le bassin de la rivière Yamaska Nord. La présence de ce grand plan d'eau, dans une région qui est peu pourvue en lacs, offre un potentiel récréatif indéniable qui justifie alors une mise en valeur parcimonieuse et garante de la protection du milieu naturel. Le réservoir et les terrains périphériques acquièrent différents statuts de protection jusqu'en 1983, alors que le gouvernement du Québec crée formellement le parc de récréation de la Yamaska. En 2001, des modifications apportées à la Loi sur les parcs confèrent à ce territoire le statut de « parc national », ce qui vient confirmer sa vocation de conservation.

Ainsi, la création de cette aire protégée s'inscrit initialement dans le contexte de la gestion régionale d'une ressource vitale, l'eau. Le toponyme Yamaska provient de la langue abénaquise. Il signifie « l'abondance de foin, de jonc, de yam au large », une allusion propre à l'embouche de la rivière Yamaska à son entrée dans le lac Saint-Pierre, au niveau du fleuve Saint-Laurent.


Le patrimoine naturel du parc

L'influence appalachienne

Le paysage du parc présente une allure vallonnée qui rappelle sa filiation aux Appalaches. Le roc affleure en surface à quelques endroits, mais son influence demeure perceptible un peu partout à l'intérieur du parc. La surface topographique ondule de chaque côté du réservoir Choinière et offre à l'observateur plusieurs points de vue panoramiques sur une végétation texturée, où des zones forestières matures côtoient des champs en friche et de jeunes forêts en régénération.

Un réservoir de vie

Au fil des ans, le réservoir Choinière est devenu un milieu de vie attrayant, entre autres, pour 19 espèces de poissons, dont la perchaude, l'achigan à petite bouche et le brochet maillé, en plus de constituer un lieu de halte migratoire indéniable pour la sauvagine et les oiseaux de rivage. À cet égard, le réservoir Choinière est reconnu comme une « aire de concentration d'oiseaux aquatiques ». Les oiseaux migrateurs grégaires comme la bernache du Canada et l'oie des neiges s'y arrêtent en grand nombre à l'automne, offrant parfois des envolées spectaculaires.

Les pourtours du plan d'eau offrent un endroit de prédilection pour l'observation des oiseaux de rivage, comme les bécasseaux, les pluviers et les chevaliers. Le niveau d'eau du réservoir connaît des variations saisonnières de l'ordre de 3 mètres entre le printemps et l'automne. Ce phénomène, imputable à sa fonction même de réservoir, contribue à dévoiler des dizaines de mètres de berges rendus accessibles à ces oiseaux qui, les « pieds » dans la boue, arpentent les rivages à la recherche de nourriture.

Une mosaïque végétale

En bordure des sentiers, des érables à sucre fourchus aux troncs colossaux rappellent la place dominante de cette essence dans le paysage forestier du site. Le parc exhibe une diversité de plus de 425 espèces de fougères et plantes herbacées, de 41 espèces arbustives et de 40 essences arborescentes.

Au printemps, les sous-bois de l'érablière à tilleul se parent d'un subtil tapis de fleurs. L'observateur attentif peut alors y découvrir tout un cortège de plantes particulières, qui comme l'érythrone d'Amérique, le trille rouge et la claytonie de Caroline, profitent de l'absence des feuilles pour accomplir leur cycle vital. À l'automne, le spectacle se déplace vers le haut alors que la voûte forestière, composée d'érables, de frênes, de hêtres et de tilleuls, dévoile toute une féerie de couleurs.

Une faune diversifiée

La combinaison originale offerte par le réservoir Choinière et les nombreuses communautés végétales permet l'existence d'une multitude d'habitats. Ces milieux de vie sont favorables globalement à une importante diversité animale. Sur le plan faunique, 16 espèces d'amphibiens, 5 espèces de reptiles, 240 espèces d'oiseaux et 40 espèces de mammifères ont déjà été recensées sur le territoire du parc. Par ailleurs, de récents travaux de recherche sur les araignées ont conduit à la découverte de trois nouvelles espèces jusque-là encore inconnues de la science. Elles ont été nommées en l'honneur du parc national de la Yamaska, maintenant reconnu comme la localité type de ces espèces.

Des éléments rares à protéger

Au sein de ce patrimoine naturel, le parc abrite près d'une quarantaine d'éléments fragiles jugés rares. Entre autres, parmi les espèces végétales se retrouvent le lis du Canada, la sanguinaire du Canada, l'adiante du Canada et l'uvulaire grande-fleur, toutes désignées vulnérables. En ce qui concerne la faune, les espèces peu communes présentes au parc sont la salamandre pourpre, désignée vulnérable, la salamandre sombre du nord, la salamandre à quatre orteils, la grenouille des marais, la couleuvre à collier, la paruline du Canada, le campagnol–lemming de Cooper, la chauve-souris rousse, la chauve-souris cendrée et la chauve-souris argentée, toutes susceptibles d'être désignées menacées ou vulnérables.


Le patrimoine culturel du parc

La présence dans le parc d'anciennes routes qui se « perdent » dans l'eau, de champs en friche, d'alignements d'érables au tronc colossaux, de vergers abandonnés, de « chaînes » de pierre aux limites des champs, voilà ce qui constitue les derniers vestiges encore visibles aujourd'hui de l'occupation humaine sur ce territoire.

Savage-Mills, une petite communauté de pionniers, est installée sur les bords de la rivière Yamaska Nord au début du 19e siècle. L'emplacement de ce hameau repose aujourd'hui sous les eaux du réservoir Choinière, à l'endroit où est située la rampe de mise à l'eau du parc. Seuls subsistent de cette époque pionnière une petite église et un cimetière pittoresques situés en marge des limites du parc.

Le premier colon à s'établir dans la partie nord du jeune canton de Shefford est un militaire anglophone du nom de John Savage junior (1770-1858). À son arrivée vers 1818, il entreprend l'érection d'un barrage dans le but de constituer une réserve d'eau pouvant être utilisée pour faire fonctionner un moulin à scie. Par cette initiative, J. Savage jr amorce le développement du hameau de North Shefford.

Les descendants de J. Savage jr poursuivent son œuvre. Le hameau compte jusqu'à quatre moulins situés sur les rives de la petite rivière. La communauté se fait alors connaître sous le vocable de Savage Mills et profite d'une certaine prospérité. L'arrivée du chemin de fer, le South Eastern en 1879 (dont la ligne constitue aujourd'hui la piste cyclable La Campagnarde) consolide un temps cette fébrilité industrielle. En janvier 1895, un tragique incendie détruit trois des quatre moulins. Ils ne sont jamais reconstruits et le hameau connaît une lente désertion au profit des centres villageois de Granby et Waterloo en expansion.

Au même endroit, plus de 150 ans après l'érection du barrage de John Savage junior, le gouvernement du Québec aménage en 1977 le barrage-réservoir Choinière dans le but de constituer une réserve d'eau pouvant suppléer à l'approvisionnement en eau de la municipalité de Granby, devenue la capitale régionale.

En 2011, une excursion pédestre sur les abords du réservoir Choinière s’est soldée par la découverte exceptionnelle d’une pointe de projectile qui, selon l’archéologue préhistorien Roland Tremblay, « vient confirmer une présence amérindienne ancienne sur les rives de la rivière Yamaska Nord, dans le piémont des Appalaches ». La morphologie générale de la pièce est typique de la période archéologique de l’Archaïque laurentien, phase Vergennes, datant d’environ 6 000 à 5 000 ans avant aujourd’hui. Il s’agit d’une arme de chasse associée à un javelot ou à une sagaie qui devait être utilisée pour chasser les gros mammifères tels que le cerf de Virginie, l’orignal ou l’ours noir.

Saviez-vous que...

Le parc en chiffres

Année de création : 1983
Superficie : 13,4 km2
Périmètre : 22,5 km
Fréquentation annuelle : 170 000 jours-visites


Les listes des espèces

Amphibiens et reptiles

Espèces en péril

Mammifères

Oiseaux


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