Blogue de conservation

Protection de la végétation au parc national de la Pointe-Taillon

4 septembre 2012


La pratique du camping dans un parc national permet d’apprécier un environnement naturel de qualité, propice aux activités récréatives et à la détente. La présence d’écrans de végétation contribue grandement à procurer l’intimité recherchée. Toutefois, la pratique du camping peut amener l’altération de la végétation locale, par le piétinement aux abords du site et par la récolte de branches et de bois en forêt pour alimenter le feu. Cela constitue une préoccupation pour les gestionnaires du parc national de la Pointe-Taillon. C’est pour cette raison qu’un suivi annuel de l’état des sites de camping a été instauré en 2001.

Feu, feu, joli feu…

Pour allumer un feu de camp il est instinctif de ramasser de petites branches et de récolter du bois mort en forêt. Au premier abord ce geste semble sans conséquence. Mais, si on y pense bien, ce sont des centaines de campeurs qui poseront peut-être ce geste au cours de la belle saison. La végétation environnante est alors piétinée et le sol dépouillé des branches, morceaux d’écorce et troncs qui parsèment naturellement le parterre forestier. Songeons aussi à l’équipement qui est entreposé en bordure des sites. Cela amène piétinement et écrasement de la végétation arbustive. Sans intervention les bordures des sites de camping s’altèrent et la végétation régresse. Un agrandissement progressif des sites peut s’observer pouvant aller jusqu’à la destruction complète de l’écran de végétation isolant deux sites contigus.

Du bois mort qui fourmille de vie

En fait, ce que nous appelons « bois mort » constitue un milieu de vie pour bon nombre de petits organismes. Il offre des abris à de nombreux animaux tels : des petits mammifères, des oiseaux, des amphibiens et des reptiles, sans oublier les insectes. Sa décomposition par les champignons et les invertébrés présents dans la litière forestière retourne dans le sol les éléments nutritifs. En réalité, le bois mort est vital pour de nombreuses espèces qui en dépendent. Quant à la végétation saine, retirer l’écorce d’un arbre, comme le bouleau, ou casser des branches causent des blessures qui sont autant de portes d’entrée aux agents infectieux.

Des sites sous surveillance

Il y a une dizaine d’années, une réflexion s’est amorcée quant à l’état des sites de camping du parc national de la Pointe-Taillon. Leur localisation à proximité du lac Saint-Jean offrait un grand attrait pour les campeurs. Toutefois, leur utilisation estivale avait provoqué, au fil des ans, la dégradation de nombreux écrans de végétation. Il était évident que le travail de sensibilisation des campeurs par les gardes-parc devait être appuyé par l’instauration d’un suivi annuel de l’état des sites et d’interventions de restauration. Depuis ce temps, chacun des emplacements de camping est examiné à la fin de l’été dans le but de noter son état général, ainsi que les interventions susceptibles de l’améliorer.

De simples cordages, de beaux résultats

L’instauration de ce suivi a permis de constater rapidement que la superficie de certains sites augmentait lentement année après année. D’autres avait perdu la bordure végétale qui les séparait du sentier d’accès aux sites, offrant ainsi moins d’intimité. Une délimitation des emplacements s’imposait afin de conserver les bordures de forêt entre les sites de camping et contenir leur superficie. L’installation de simples cordages soutenus par des piquets a été expérimentée avec succès. En effet, les cordages avaient peu d’impact dans l’environnement visuel des campeurs tout en offrant assez d’efficacité pour que la végétation se reconstitue naturellement dans la majorité des cas. Tout cela étant soutenu par le travail de sensibilisation des gardes-parc concernant l’importance de ne pas ramasser le bois en forêt pour allumer le feu.

Dix ans après les débuts de ce projet au parc national de la Pointe-Taillon, les résultats sont très encourageants. Les campeurs collaborent plus efficacement aux efforts de protection du parc en présence de ces fragiles barrières qui font une réelle différence. Les écrans de végétation se reconstituent ou se densifient contribuant grandement à l’expérience du camping dans un environnement florissant.


Dominique Crépin, responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national de la Pointe-Taillon, crepin.dominique@sepaq.com.

Photos : Parc national de la Pointe-Taillon et Mathieu Dupuis.


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