Blogue de conservation

Papillons et changements climatiques

26 July 2016


Qui, enfant, n’a jamais tenté d’attraper un papillon en vol ou posé sur une fleur? Ou simplement, admiré la beauté de ce majestueux insecte? Mais ne vous méprenez pas : les papillons sont bien plus qu’un simple divertissement ou attrait pour nos yeux : ils représentent d’excellents indicateurs des changements climatiques rendant ainsi l’approfondissement de nos connaissances de ce taxon des plus intéressants d’un point de vue écosystémique.

Mais pourquoi étudier les insectes?

L’entomofaune est souvent un volet oublié lors d’inventaires fauniques et pourtant, les insectes jouent des rôles essentiels dans un écosystème. Ils sont un maillon essentiel dans la chaîne alimentaire, et ils contribuent aux processus du sol et à la pollinisation. Également, les papillons sont très sensibles aux changements climatiques, leur cycle de vie et leur comportement étant fortement régis par la température de leur milieu de vie, ce qui engendre entre autres d’importantes modifications de leur aire de distribution. Ils sont donc considérés comme d’excellents bioindicateurs des changements se produisant dans l’environnement.

Présentation du projet avec l’Insectarium de Montréal

En 2014, Parcs Nunavik et l’Insectarium de Montréal se sont associés afin de mettre en place un inventaire de papillons dans le nord du Québec. Le tout a débuté par un projet pilote en 2014 dans le parc national des Pingualuit, situé au sud-ouest de Kangiqsujuaq au Nunavik. Deux aspects de cet inventaire le rendent extrêmement intéressant : non seulement les inventaires de papillons, et d’insectes en général, se font rares dans le Nord, mais ceux-ci le sont d’autant plus à l’intérieur des terres étant donné la difficulté d’accès à ces territoires.

Des résultats préliminaires inattendus!

Le projet en est à son commencement, mais déjà, de surprenantes découvertes en jaillissent! Au parc national des Pingualuit, 180 spécimens ont été récoltés au cours d’une période d’échantillonnage de 9 jours, représentant au total 7 espèces et 2 familles de papillons. Parmi celles-ci, Boloria chariclea arctica est considérée très rare au Québec alors que Boloria freija tarquinius représente une sous-espèce qui n’était pas connue comme étant présente dans la province du Québec. Certains individus s’apparentaient même davantage à la sous-espèce trouvée dans l’Ouest canadien. Également, pendant la courte période d’échantillonnage, plus de spécimens de Colias hecla ont été récoltés que le nombre total possédé par la collection nationale pour tout le Québec.

Et pour le futur…

Le parc national des Pingualuit nécessite d’être exploré davantage. Par exemple, plusieurs individus du genre Boloria étaient similaires en apparence à ceux des collections, mais ne correspondaient pas exactement à l’une des sous-espèces connues à ce jour dans la littérature scientifique. Une nouvelle récolte permettra de déterminer s’il s’agit d’une variation/aberration ou d’une nouvelle espèce cryptique. Le projet se poursuivra à l’été 2016 avec l’implication de jeunes étudiants du Nunavik. Dans un contexte de changements climatiques, considérant que la biodiversité est perdue à un rythme sans équivalent historique, ce suivi permettra donc d’établir le portrait des espèces de papillons présentes au Nunavik avant que des changements drastiques irréversibles ne se produisent.

Figure 3. Projet d’inventaire avec les étudiants du Nunavik, Maxim Larrivée            


Elise Rioux-Paquette est responsable du service de la conservation et de l’éducation, Parcs Nunavik. epaquette@krg.ca

Maxim Larrivée est chef de section - Collections entomologiques et recherche, Insectarium de Montréal.

Photos du carrousel: Scott Bailey et Maxim Larrivée.


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