Blogue de conservation

Des îles et des presqu’îles aux pieds d’argile

16 juin 2015


Ancien lit de la mer de Champlain, puis d’un méga-fleuve appelé Proto-Outaouais, le territoire du parc national de Plaisance a hérité d’un sol composé en bonne partie d’argile et de limon friable. Chaque année, depuis au moins 5000 ans, ses rives subissent les contrecoups du va-et-vient des vagues et des glaces se heurtant contre elles. L’érosion qui en résulte est un processus naturel, responsable de l’évolution normale du paysage. Mais, avec le temps, de nouveaux paramètres, liés aux interventions de l’homme, ont contribué à l’accélération du processus.

La dégradation des berges

L’utilisation du sol autour des plans d’eau du parc a longtemps été de nature agricole, impliquant l’apport de fertilisants pendant de nombreuses années. Le sol de ces terres qui ont désormais une vocation résidentielle ou sont simplement abandonnées est aujourd’hui conséquemment saturé en phosphore. Un problème apparaît quand l’érosion amène ce sol dans les cours d’eau puisque le phosphore accumulé y est alors largué, ce qui favorise entre autres, la prolifération des algues et la diminution de l’oxygène dissous. Ce vieillissement prématuré des cours d’eau affecte d’une manière importante la flore et la faune qui les habitent. À cela s’ajoute le risque de voir proliférer davantage les cyanobactéries, organismes qui peuvent contaminer l’eau de consommation et entraver les activités aquatiques telles la baignade et la navigation. Ainsi, des impacts économiques et sociaux peuvent s’ajouter à la liste de préjudices naturels causés par la dégradation des berges. Quoi faire alors? Eh bien! Empêcher le sol et son contenu d’atteindre les cours d’eau en stabilisant les berges!

Les berges du parc aussi

Depuis sa création, en 2002, le parc national de Plaisance a connu un essor remarquable et une forte hausse de son achalandage. Certains de ses lieux, aménagés il y a près de 40 ans sur d’anciennes terres agricoles, commençaient à montrer d’importants signes d’érosion. De plus en plus piétinées, les berges se dégradaient progressivement, surtout à cause de la disparition de la végétation dont le réseau racinaire est nécessaire afin de contenir le sol. À la faveur d’un partenariat entre le parc, l’organisme des bassins versants de sa région (OBVRNSP), le gouvernement du Canada (PIH) et les entreprises Terres et Habitats et WSP, des démarches furent entreprises visant à freiner le phénomène d’érosion. L'aire de pique-nique Desjardins, située sur les bords de la baie de la Pentecôte et qui comprend une plage achalandée, a été le site de notre première intervention.

Un modèle!

Au mois de mai 2015, le profil de 100 mètres de rives dégradées a été refait. Elles furent ensuite stabilisées par l’ajout de plus de 300 arbres et arbustes. On a revu le lieu d’accostage des bateaux plaisanciers et les aires de tonte de pelouse. Un babillard et des panneaux d’interprétation ont également été installés pour rappeler aux visiteurs l’importance de préserver les bandes riveraines végétalisées en bordure des lacs et des rivières tout en les invitant à apprécier les nombreuses richesses naturelles que recèle la baie de la Pentecôte. L’aire de pique-nique Desjardins peut maintenant accueillir un grand nombre de visiteurs sans craindre de nuire à la santé de la baie. On espère, du même coup, inspirer la communauté vivant en périphérie du parc et de ses baies communes à contribuer davantage à la protection de ces joyaux naturels et collectifs que constituent nos magnifiques plans d’eau.

Figure 1 Panneau d’interprétation


Jean-François Houle est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national de Plaisance. houle.jeanfrancois@sepaq.com

Photos: Jean-François Houle, parc national de Plaisance, Sépaq.


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