Préparer son attirail de pêche pour le début de la saison

Par Patrick Campeau, pêcheur professionnel

Un coffret contenant des leurres et des accessoires est comparable à un coffre au trésor. Il recèle une foule d’offrandes luisantes et colorées. À force d’y accumuler des présentations de toutes sortes, votre boîte ou votre sac de pêche acquiert de plus en plus de valeur, comme s’il s’agissait d’un vrai petit butin.

De nombreux adeptes ont laissé leur équipement dans un coin après leur dernière sortie automnale. Ils avaient de bonnes intentions et souhaitaient vraiment s’en occuper ultérieurement. Malheureusement, dans bien des cas, ils ne réexamineront le tout que quelques semaines avant la nouvelle saison. Certains auront alors de bien vilaines surprises qu’ils auraient pu facilement éviter.

Peu importe l’état de votre matériel, il est temps de procéder à un grand ménage printanier.

Steve Deschênes | © Sépaq

Le coffret

Bien que cela puisse sembler décourageant, si vous avez une grosse boîte de rangement, il faut complètement la vider. Déposez tout le contenu dans un certain ordre sur une table ou sur un établi. Cela vous évitera bien des problèmes et vous simplifiera la tâche lors de la remise en place.

Commencez le grand nettoyage en vous servant de l’aspirateur. Vous pourrez ainsi enlever tous les détritus et toute la poussière qui auraient pu s’accumuler au fond des compartiments ou des plateaux du sac de transport.

La prochaine étape consiste à utiliser du bicarbonate de soude, communément appelé « de la petite vache », pour laver toutes les composantes internes et externes, de fond en comble. Ce produit écologique et inodore remplace efficacement toutes les potions dispendieuses de fabrication commerciale. Saupoudrez-en de légères quantités directement dans les compartiments et frottez par la suite en vous servant d’un linge humide. Ce qui est merveilleux avec le bicarbonate de soude, c’est qu’il élimine la saleté, les taches et les résidus graisseux sans égratigner les surfaces, même les plus délicates. Rincez avec de l’eau et essuyez le tout. Si des effluves désagréables persistent, vous pouvez appliquer un éliminateur d’odeurs comme du NokOut, puis laisser sécher.

Les offrandes

Lorsqu’on acquiert des leurres, ceux-ci arborent des teintes, des robes et des finis dignes de vraies œuvres d’art. On les place soigneusement dans les différents compartiments en attendant de les mettre à l’épreuve lors d’éventuelles parties de pêche.

Il y a plusieurs années, j’ai eu le plaisir de pêcher avec un de mes copains. Je me souviens qu’il avait un gros coffret en plastique rigide. Lorsqu’il l’avait ouvert, j’avais été très surpris de constater qu’il avait placé ses leurres avec énormément de précautions. Il avait découpé des essuie-tout en papier de façon à pouvoir les insérer au fond des compartiments du coffret. Ces essuie-tout avaient deux fonctions, soit absorber l’humidité et amortir les vibrations comme des coussinets protecteurs. De plus, tous ses poissons nageurs étaient dans leur boîte d’origine. Cela signifie qu’il n’y avait qu’une seule offrande par rangement. Elles étaient toutes vraiment bien protégées, mais il fallait un énorme coffre pour ne transporter qu’une petite quantité d’entre elles!

La majorité des adeptes logent quatre ou cinq leurres par case, et même plus, pour maximiser l’espace de rangement. Toutefois, lorsqu’on se dirige vers un site de pêche en véhicule automobile, on fait souvent face à des conditions routières peu enviables. Le matériel subit alors des tressaillements de toutes sortes. Imaginez-vous maintenant en train de circuler sur une route de gravier où l’on retrouve une quantité phénoménale de trous et de « planches à laver ». Songez à toutes les vibrations que peuvent endurer vos équipements et à quel point les leurres peuvent s’entrechoquer entre eux et se frotter les uns sur les autres. Leur fini en voit de toutes les couleurs et une usure prématurée est inévitable. Quelle horreur! Des nouveautés qui n’ont pas ou peu servi ressembleront alors inévitablement à de vieux modèles. Le même phénomène se produit lorsqu’on navigue sur les eaux en embarcation et qu’il y a des vagues. Il faut donc faire de notre mieux pour tout protéger, quitte à limiter le nombre d’offrandes qu’on trimbale lors de nos excursions.

Réserve faunique Mastigouche
Réserve faunique Mastigouche Alexis Pageau | © Sépaq
Réserve faunique La Vérendrye
Réserve faunique La Vérendrye Émile David | © Sépaq

Les cuillères

La première étape consiste à laver toutes les offrandes métalliques en vous servant d’une éponge humide saupoudrée de bicarbonate de soude. Cette procédure nettoiera les surfaces en plus de raviver le fini et de redonner de l’éclat à vos présentations. Rincez-les et asséchez-les complètement par la suite.

Les entrechoquements et les frictions répétitives occasionnent malheureusement des microébréchures de toutes sortes. Toutes les surfaces métalliques de vos leurres ainsi que les hameçons risquent alors de rouiller à long terme. Il faut donc séparer du lot tous ceux qui pourraient propager la rouille aux autres « habitants » du même coffret. Pour ce qui est des anneaux fendus, des hameçons simples et des trépieds, ne lésinez pas et changez-les sur le champ. Optez pour des accessoires de qualité et de taille identique.

Si vous apercevez de la rouille sur certaines de vos cuillères, prenez une laine d’acier très fine et frottez-les pour en faire disparaître toute trace. Selon vos talents, vos inspirations ou vos motivations, vous pourrez appliquer une mince couche d’apprêt antirouille et par la suite les repeindre ou coller des bandes adhésives de couleur. Si vous ne souhaitez pas remettre en état vos leurres endommagés, offrez-les à un jeune pêcheur qui se fera certainement une joie de leur redonner un second souffle.

Les poissons nageurs

Ces imitations quasi parfaites de ménés dévoilent et présentent tous leurs charmes tant et aussi longtemps que leur robe n’est pas altérée par l’usure. De plus, si le leurre est en bois, il est possible que des microfissures laissent pénétrer l’eau sous le vernis, ce qui pourrait le faire enfler et craquer.

Il y a peu de choses à faire pour raviver vos devons. Les plus habiles pourront appliquer une fine couche de laque afin de leur redonner un fini luisant. Si les trépieds sont rouillés, remplacez-les par des nouveaux, de même taille, afin de ne pas déséquilibrer l’effet de nage du leurre.

Les têtes plombées

Il n’y a pas beaucoup de soins qu’on puisse leur apporter. Prenez toutefois quelques instants pour libérer les œillets d’attache de toute peinture s’ils sont obstrués. Vous sauverez ainsi de précieuses minutes l’été prochain. Assurez-vous également d’enlever les corps de caoutchouc qui sont montés sur des têtes peintes, car avec le temps, il se produit une réaction qui endommage la peinture. Cet effet pourrait faire certains dégâts dans votre coffret.

Réserve faunique des Chic-Chocs
Réserve faunique des Chic-Chocs Jérôme Charest | © Sépaq
Réserve faunique La Vérendrye
Réserve faunique La Vérendrye Beside | © Sépaq

Les leurres souples

Assurez-vous de démêler tous les leurres de caoutchouc de couleurs différentes, surtout ceux de teinte chartreuse et citrouille, afin qu’ils ne se décolorent pas les uns sur les autres. Pour minimiser l’espace qu’ils occupent, placez-les dans de petits sacs à fermeture à glissière de type Ziploc.

Les jupes

Certaines jupes de caoutchouc de piètre qualité ont tendance à sécher au fil des temps. Vos spinnerbaits, leurres de surface et autres ont alors beaucoup moins d’attraits pour les poissons. Enlevez-les, jetez-les et remplacez-les.

Les petits accessoires

Ne manquez pas cette occasion de les nettoyer et surtout, de bien les ranger à leur place. Décrochez tous les émerillons installés sur les leurres et placez-les en ordre. C’est également une bonne idée de couper tous les bouts de fil qui pourraient être attachés à vos présentations et de vous en débarrasser.

Les hameçons

Pour tous les types de leurres, il est impératif de vérifier si les hameçons sont bien affûtés. Pour ce faire, il suffit de faire glisser la pointe sur un de vos ongles, tout en appliquant une légère pression. Si la pointe s’immobilise et pique directement, cela signifie qu’elle est bien aiguisée. Si ce n’est pas le cas et qu’elle égratigne la surface de votre ongle, vous devez absolument utiliser une lime et l’affûter. Ne lésinez pas, car cette opération vous permettra à coup sûr de prendre beaucoup plus de poissons.

La liste

Tandis que toutes vos offrandes sont étalées et bien visibles, profitez-en pour prendre des photos. Vous pourrez les remettre à votre assureur en guise de preuve du contenu de votre coffret. Faites également un inventaire pour accompagner les clichés et utilisez-le pour élaborer une liste des offrandes qu’il vous manque pour la saison à venir.

Le fil

Mis à part les rayons UV, les intempéries et l’usure naturelle lorsqu’on pêche, c’est l’humidité qui affecte le plus les monofilaments et les copolymères qui sont demeurés de longs mois dans votre coffret. Il y a fort à parier qu’ils n’offriront plus les mêmes performances.

Il ne faut pas oublier que tous les bas de lignes perdent également beaucoup de leur efficacité. On ne peut pas les conserver éternellement, car le monofilament utilisé pour relier l’hameçon perd lui aussi un grand pourcentage de ses qualités avec le temps. Vous pouvez couper les bas de ligne et les rattacher avec du nouveau fil ou tout simplement en acquérir des nouveaux.

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L’attente vous semble interminable avant votre prochaine excursion de pêche? Si c’est le cas, prenez une pause pour dorloter votre équipement. Tous les soins que vous lui apporterez vous permettront de jouir encore plus de la saison à venir.

Patrick Campeau

À propos de Patrick Campeau

Champion du Québec à trois reprises et seul Québécois intronisé au Panthéon canadien de la pêche, Patrick Campeau célèbre cette année ses 35 ans de carrière comme pêcheur professionnel à temps plein. Il est reconnu comme une référence dans le domaine. L’Association canadienne de l’industrie de la pêche sportive lui a d’ailleurs remis un prix honorifique pour souligner son implication et son dévouement envers la promotion de cette activité. Patrick Campeau partage sa passion, ses expériences et ses aventures avec les lecteurs d’une dizaine de revues et journaux spécialisés, dont le Journal de Montréal chaque fin de semaine.

www.pcampeau.com

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