Ma première longue randonnée d’hiver

Récit d’une première aventure en refuge

En collaboration avec Karina Durand, responsable de la stratégie de contenu et des médias sociaux à la Sépaq.

J’avais marché en forêt plein de fois. J’avais fait de la raquette quelques fois. Mais dormir dans un refuge sans électricité ni eau courante, au beau milieu d’une longue randonnée d’hiver de deux jours, ça ne m’était jamais passé par la tête. Je croyais que je n’avais ni la forme physique ni l’équipement requis pour me lancer dans une telle aventure. C’est pourquoi 24 heures avant le départ, je préparais mon sac à dos à reculons, loin de m’imaginer que ce week-end serait l’un des plus beaux de l’année.

Parc national de la Gaspésie Parc national de la Gaspésie
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq

La préparation : l’angoisse

Quelques jours avant le départ, j’étais tourmentée par mille et une questions. Vais-je avoir froid? Devrons-nous manger de la nourriture déshydratée pendant 2 jours? Vais-je souffrir d’engelures aux orteils? Pourrions-nous manquer d’eau? Dois-je apporter une boussole? Comment ça marche une boussole? Mais surtout, angoissais-je intérieurement, vais-je avoir froid?

Partir en randonnée de deux jours en plein hiver me faisait un peu peur, d’abord parce que je n’ai aucune tolérance au froid, ensuite parce que j’avais l’impression que ce genre d’expédition était réservée aux randonneurs expérimentés, ceux qui savent comment faire un feu sans allumettes ni briquet, ceux qui savent comment ça marche, une boussole. Mais ma collègue Ariane, une adepte de ce genre d’aventure, une fille si chouette et tellement décontractée, m’a assuré que non. Plus ou moins convaincue, j’ai invité mes meilleurs amis, on s’est entendu sur un week-end de décembre, on a choisi un sentier, puis advienne que pourra, j’ai réservé le refuge.

C’est ainsi que le 6 décembre au matin, je rassemblais quelques essentiels dans mon sac à dos : un sac de couchage, des vêtements secs pour l’arrivée au refuge, une grosse gourde d’eau, un brûleur et une gamelle empruntés, de la fondue au fromage, une bouteille de vin, des collations en masse. Et puis, sac sur le dos, habillée en multicouches tel que recommandé par les habitués, mes amis et moi avons enfilé nos raquettes et sommes partis en direction du refuge La Paruline, niché au cœur des montagnes, dans le parc national de la Gaspésie.

L’aventure commence

Je n’avais pas franchi 100 mètres que je sentais déjà le froid m’envahir.

« C’est normal », m’a-t-on assuré.

« Il faut avoir un peu froid au début. Après une quinzaine de minutes de marche avec ton sac sur le dos, tu vas voir, tu vas te réchauffer. Sinon, tu rajouteras une couche. »

Je n’étais pas convaincue sur le coup, mais comme de fait, moins de vingt minutes après le départ, je me sentais au chaud, parfaitement tempérée dans mon chandail de laine polaire, avec pour seul manteau un mince coupe-vent.

Un pas après l’autre, quelques flocons virevoltant par-dessus nos têtes, nous avons parcouru une dizaine de kilomètres dans la poudreuse, en plein cœur de la forêt. Pour nous orienter malgré l’épaisse couche de neige qui recouvrait le sentier, nous n’avons pas eu besoin de boussole. La carte du parc nous fut cependant utile à quelques occasions, nous permettant de nous assurer qu’on était toujours dans la bonne direction.

Chemin faisant, le décor était à couper le souffle : sapins magnifiquement enneigés, jolis ruisseaux à gauche et à droite, traces d’orignaux dans la neige, montagnes à perte de vue. Ce que je n’avais pas réalisé avant de partir, c’est que les sentiers de longues randonnées sont très peu achalandés et permettent ainsi d’accéder à des petits coins de forêt vierge, pratiquement inexplorés.

Au bout de quelques heures de marche dans ce panorama qui n’en finissait plus d’être beau, juste avant la tombée du jour, nous l’avons aperçue au loin. Elle était là, telle que nous le promettait la carte depuis le début. Tout au bout du sentier, elle se tenait fièrement, la jolie cabane rustique qui nous servirait de refuge pour la nuit.

Parc national de la Gaspésie
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
Parc national de la Gaspésie
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
Parc national de la Gaspésie
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
Parc national de la Gaspésie
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
Parc national de la Gaspésie + 2 photos
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
Parc national de la Gaspésie
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq

L’arrivée au refuge : feu de bois, bonne bouffe et fous rires

L’arrivée au refuge s’ensuivit d’un sentiment de bonheur immédiat. C’est que la suite qui nous attendait était réconfortante et on le savait : du repos, le feu de bois qui allait doucement crépiter toute la soirée, le petit verre de vin et surtout, le grand ravitaillement.

Après une longue randonnée en forêt, l’effet nature se fait bien ressentir : on est calmes et apaisés. Mais on se sent un peu fatigués tout de même, parce qu’on a dépensé beaucoup d’énergie et qu’on a faim. Avant de se lancer dans la préparation du souper cependant, il faut d’abord s’organiser. Premièrement, il faut démarrer le feu pour réchauffer le refuge. Ensuite, on doit récolter de la belle neige qu’on fera fondre et bouillir pour éventuellement refaire nos provisions d’eau potable. Après, il faut accrocher nos vêtements d’hiver pour leur permettre de sécher et il faut enfiler des vêtements secs, histoire d’être vraiment confortables pour le reste de la soirée. Finalement, il faut créer l’ambiance : on allume quelques lampions, on sort le mini haut-parleur portatif, on fait jouer la playlist préalablement téléchargée pour l’occasion, et on laisse la magie opérer avant de passer aux choses sérieuses : la grosse bouffe.

Au menu de notre aventure, aucun sachet de nourriture déshydratée, mais plutôt une délicieuse fondue au fromage d’ici préparée simplement sur un petit brûleur. En accompagnement, des morceaux de baguette, des pommes croquantes, des bouquets de brocolis et de choux-fleurs des saucissons bien salés et un bon petit verre de blanc. Sérieusement, jamais je n’aurais cru qu’il était possible de se régaler autant dans un chalet rustique sans électricité ni eau courante. Moi qui pensais qu’on mangerait des beurrées de beurre d’arachide toute la fin de semaine, j’étais impressionnée, au grand bonheur de ma collègue Ariane, qui multipliait les clins d’œil à mon endroit depuis le début de l’aventure.

Plusieurs fous rires et quelques confidences autour du feu plus tard, tout le monde est tombé endormi dans son sac de couchage avec en prime, le sentiment d’avoir le ciel étoilé de la Gaspésie rien que pour soi.

Le réveil : gruau, café et Blue Christmas

Se réveiller dans un refuge est un peu magique. La lumière du petit matin entre doucement par les fenêtres et on peut entendre le silence de la forêt à travers les murs de bois.

Au deuxième jour de notre aventure, il fallait faire le plein d’énergie avant d’enfiler nos raquettes à nouveau. Bol de gruau aux épices, bananes et pommes coupées en dés, cubes de fromage et café cowboy étaient au menu. On a déjeuné avec appétit, le sourire aux lèvres, non seulement parce que c’était délicieux, mais aussi parce qu’on savait que la journée qui nous attendait serait ponctuée de paysages extraordinaires et d’air pur. Il faut dire aussi que la chanson Blue Christmas jouait pour la douzième fois depuis la veille et qu’on venait de réaliser que c’était la plus belle chanson de Noël au monde.

Parc national de la Gaspésie
Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
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Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
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Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
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Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq
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Parc national de la Gaspésie Nancy Guignard | © Sépaq

Le chemin du retour

Après le déjeuner et le petit tour aux bécosses obligatoire, c’était reparti pour un autre 10 kilomètres en sens inverse.

La seconde journée de randonnée fait du bien, plus que la première encore. On se sent en parfaite connexion avec la nature, ancré dans le moment présent. On constate qu’on a perdu la notion du temps et qu’on a complètement décroché, ce qui est tant mieux, puisque de toute façon, on n’a pas de réseau cellulaire depuis plus de 24 heures.

Puis le temps file sans qu’on s’en aperçoive, et on réalise soudainement qu’on sera bientôt arrivé à la fin de l’aventure. Un peu fatigués, mais ravis, les poumons remplis d’oxygène, on a marché « à la queue-leu-leu » les 500 derniers mètres du sentier.

La fin de l’aventure

Alors que 24 heures avant le début du week-end, je préparais mon sac à dos, préoccupée par mes engelures imaginaires, je suis arrivée à la fin de l’aventure ressourcée et heureuse. Mais fière aussi. Fière d’être sortie de ma zone de confort, fière d’avoir essayé quelque chose de nouveau, fière de l’avoir fait. Et je dirais même, légèrement déçue que l’aventure se termine déjà. J’en aurais pris un peu plus, il me semble.

En fin de compte, pendant ces deux journées de marche en forêt, on a fait pas mal plus que de la raquette. On a ri beaucoup, on s’est régalé, on a repoussé nos limites, on a oublié quel jour on était, on s’est raconté des histoires, on a ri encore, et de fil en aiguille, on s’est rendu compte que le moment qu’on était en train de vivre resterait gravé dans nos cœurs.

Et le plus beau dans tout ça? Je ne sais pas si j’ai eu froid finalement, je n’ai pas eu le temps d’y penser.

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