Pêche à la journée

Six incontournables

En collaboration avec Michel Therrien, guide professionnel

Je ne compte plus le nombre d’expéditions de pêche à la journée que j’ai faites au Québec. Certaines sont mémorables, car tous les ingrédients étaient réunis : de vieux amis, du poisson à profusion, une météo clémente et un repas savoureux au grand air. Et même si d’autres expéditions se sont révélées moins fructueuses, elles ont toutes joué un rôle significatif dans mes apprentissages.

Voici six incontournables pour que votre journée de pêche vous laisse d’excellents souvenirs, à vous aussi!

Réserve faunique des Laurentides Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Renaud Robert | © Sépaq

1. Bien choisir son lac, son ruisseau ou sa rivière

C’est souvent en automne, quand la forêt est dépourvue de feuilles, que je découvre les nouveaux plans d’eau où j’irai lancer ma ligne au printemps. Il m’arrive même de voir un poisson frayer et sauter à la surface alors que je suis en train de chasser le petit gibier!

Pour choisir ma destination, je consulte aussi les statistiques disponibles pour la pêche à la journée. Quand j’analyse les cartes, j’accorde de l’importance à la taille du lac ciblé et je vérifie s’il communique avec d’autres plans d’eau, reconnus pour être poissonneux. Les préposés des postes d’accueil et le personnel en place sur le terrain sont également de bonnes ressources. N’hésitez pas à leur poser des questions, ils connaissent souvent des portions de ruisseaux et de rivières sous-estimées, mais offrant un fort potentiel pour la pêche à gué.

Enfin, le choix d’un lac doit être adapté à votre équipement : on ne va pas nécessairement aux mêmes endroits avec un canot qu’avec une chaloupe ou une embarcation de grande taille, plus exigeante quant à la mise à l’eau. Le type de moteur est aussi à prendre en considération. Dans certains cas, vous pouvez louer l’équipement. Par exemple, un moteur électrique est parfait pour obtenir une bonne vitesse de traine, mais un petit moteur à essence s’avère utile si vous pêchez sur un grand lac.

2. Bien préparer sa canne, ses leurres… et tout le reste

N’attendez pas la veille du départ pour examiner votre matériel. Il serait un peu tard pour constater que votre fil à pêche est désuet ou que la batterie de votre moteur électrique a rendu l’âme… Faites plutôt une vérification complète de votre équipement à l’avance, en incluant les vestes de sécurité, les outils d’orientation, l’épuisette… alouette! Prévoyez aussi une bonne glacière et suffisamment de glace pour conserver vos vers vigoureux et vos poissons bien au frais, toute la journée.

Préparez consciencieusement votre coffre de pêche, en incluant des leurres de surface, de profondeur moyenne et de grande profondeur. Faites le même exercice avec les types de mouches et de soies, en fonction de la période de l’année. Plus la température sera chaude, comme en juillet, plus le poisson aura tendance à se tenir dans les fosses mieux oxygénées situées en profondeur : c’est là que vous devez présenter vos leurres et vos mouches.

Pour pêcher confortablement, apportez aussi des vêtements qui vous protégeront du froid, de la pluie, du vent et du soleil. Soyez prévoyant : les conditions météo peuvent changer rapidement. Dans le même esprit, glissez dans votre sac de la crème solaire, du chasse-moustique et des allumettes résistantes à l’humidité. Enfin, un petit poêle de camping au butane est bien pratique pour rehausser votre expérience en savourant sur la rive vos prises de la journée!

Oh, une dernière chose : prévoyez suffisamment d’essence pour le moteur de votre embarcation et celui de votre véhicule, selon les déplacements que vous prévoyez faire pendant la journée (surtout si votre destination se trouve dans un lieu plus reculé).

Beside | © Sépaq
Beside | © Sépaq
Joël Cormier | © Sépaq
Steve Deschênes | © Sépaq

3. Savoir où on s’en va

Dans les destinations de la Sépaq, on offre gratuitement des cartes bathymétriques indiquant les secteurs les plus favorables pour la pêche. Et grâce à l’application Avenza Maps, vous pouvez connaitre votre position exacte en temps réel, sur la terre ou sur l’eau, avec votre téléphone intelligent et même en l’absence de réseau. C’est bien utile pour trouver rapidement un portage ou un embranchement.

Par ailleurs, un sonar vous fera économiser un temps précieux en vous révélant les différentes profondeurs du plan d’eau, les structures sous-marines et les endroits où se cachent les bancs de poissons.

4. Faire connaissance avec le lac

Quand j’arrive sur un lac pour la première fois, j’en fais d’abord le tour pour saisir les profondeurs et détecter les structures comme les pointes, les hauts fonds et les bas-fonds. Je m’intéresse aussi aux petits ruisseaux qui se greffent au lac, aux écluses à castors, aux longs arbres tombés ainsi qu’aux roches qui abritent souvent différentes formes de vie aquatique et, par conséquent, du poisson.

En connaissant les changements de profondeurs, je peux ensuite adapter ma vitesse de traine et la quantité de fil que je laisse défiler derrière l’embarcation. Mon leurre peut ainsi explorer les profondeurs les plus prometteuses, selon le moment de l’année, la température de l’eau et l’activité du poisson. Tout en surveillant ma canne, je garde toujours un œil sur l’environnement et le sonar…

Quand je fais une première capture, je note l’endroit en me servant des enregistrements GPS, mais je prends aussi une photo du bord du lac à partir de cet endroit, avec mon téléphone. C’est un bon truc pour identifier des emplacements stratégiques. J’essaie aussi de retenir la distance qui me séparait de mon leurre au moment de l’attaque ainsi que la vitesse de traine utilisée.

Quand je commence à explorer un lac avec d’autres pêcheurs, je propose à chacun d’utiliser un leurre différent. Par exemple, une personne pêche en semi-profondeur avec un poisson nageur, tandis qu’une autre pêche à la mouche avec une soie flottante, loin derrière l’embarcation. Pendant ce temps, un troisième pêcheur utilise une cuillère à laquelle est accroché un ver (une quarantaine de pouces plus loin) et une petite pesée pour aller plus en profondeur. On teste ainsi différentes choses : la distance derrière l’embarcation, la profondeur et le type de leurre. Chaque pêcheur garde sa position dans l’embarcation pour que les lignes ne s’emmêlent pas, et on s’ajuste au besoin.

Certains jours, il n’y a que 15 % d’un lac qui abrite du poisson. D’où l’intérêt d’aborder stratégiquement le plan d’eau — quitte à en faire le tour plusieurs fois — pour éliminer les 85 % moins prometteurs. Ensuite, on est bien plus efficace.

5. Être vigilant, porter attention au ferrage et contrôler la tension du frein

Quand on commence à avoir des touches, il faut penser stratégie et rester vigilant. J’ai initié plusieurs personnes à la pêche et au fil du temps, j’ai été témoin de chances inespérées comme de malchances notoires. Cela dit, les cannes qui passent par-dessus bord ou les mauvais nœuds qui laissent échapper la prise du siècle sont la plupart du temps faciles à éviter… même si ces négligences font de bonnes histoires à raconter!

Les prises échappent plus souvent à la même canne? Essayez de comprendre ce qui se passe entre les poissons et le pêcheur. Peut-être que le ferrage n’est pas assez vif ou qu’il est affaibli par un mauvais choix d’hameçon? Peut-être que le frein du moulinet est mal ajusté, ce qui avantage le poisson?

Parfois, il faut un peu d’adaptation. Je me souviens d’une fosse à truites mouchetées fort prolifique, mais dans laquelle les truites réagissaient seulement quand j’arrivais par une direction bien précise. Quand j’ai compris que c’était à cause de la batture et des bas-fonds qui abritaient les bancs de poissons ce jour-là, ma pêche est devenue un pur plaisir!

En d’autres occasions, c’est en laissant dériver subtilement l’embarcation, sous l’action combinée du vent et du moteur à bas régime, que j’ai obtenu la meilleure vitesse de traine. Avec un leurre bien choisi, les attaques survenaient alors coup sur coup.

Certains leurres sont aussi plus performants que d’autres, parce que mieux adaptés. C’est pourquoi il est bon de s’informer auprès des habitués du secteur et d’avoir dans son coffre quelques options de poids et de couleurs. Parfois, on tombe exactement sur la bonne mouche ou le bon leurre, et la journée prend subitement une autre allure! Quand je capture mon premier poisson, je regarde donc le contenu de son estomac pour déterminer ce qu’il a mangé et ajuster mon offrande en conséquence.

Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Hooké | © Sépaq
Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Fred Campbell | © Sépaq
Nancy Guignard | © Sépaq
Hooké | © Sépaq

6. Avoir un plan de pêche et se donner le droit de se détendre

Maintenant, je ne fais plus une journée de pêche sans débarquer à terre au moins une fois. L’expérience est tellement plus agréable quand elle comporte un bon café et un poisson frais grillé en pleine nature, à l’endroit le plus attrayant du lac!

J’ai des souvenirs d’enfance où je passais des journées entières dans la chaloupe, mangeant mon sandwich d’une main et tenant ma canne de l’autre, sans jamais me dégourdir les jambes. Aujourd’hui, je ne tiens plus à étirer ma journée sur l’eau jusqu’à la dernière minute de clarté pour atteindre ma limite de prises. Au contraire, je préfère calculer mon temps de route et faire le chemin du retour en savourant la belle lumière du crépuscule. En prime, c’est souvent à cette heure que j’ai le bonheur d’apercevoir un orignal ou un ours au bord de la route.

Si vous pêchez avec d’autres personnes, je vous suggère de vous entendre à l’avance — au début de la journée, avant d’être dans le feu de l’action — sur vos objectifs du jour. Par exemple, quand j’ai capturé deux ou trois truites de taille respectable pour un repas, j’adopte une approche différente. Je peux alors tenter ma chance dans d’autres fosses, pour déjouer un poisson plus gros qui m’offrira un combat mémorable.

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L’expérience d’une belle journée de pêche dépend de plusieurs critères, incluant du temps de qualité — concentré et en mode pêche —, tout en étant bercé par le lac et la nature. J’aime aussi être relax et un peu espiègle à la pêche, surtout quand j’y vais avec des gens de ma famille, des amis, ma blonde ou mon fils.

Quand je revois des gens avec qui j’ai déjà pêché, j’aime bien sonder leurs souvenirs. Qu’ont-ils retenu de leur journée? Parfois, c’est le concert d’un couple de huards. D’autres fois, les échanges, les anecdotes et les rires dans la chaloupe. Et de plus en plus souvent, la petite recette spontanée de tartare de truite dégustée sur la plage. La plupart du temps, ces moments précieux figurent en tête de liste des souvenirs, bien avant le nombre de poissons déposé sur la glace pendant la journée.

Michel Therrien

À propos de Michel Therrien

Véritable icône dans le domaine de la chasse au Québec, Michel Therrien a grandi entouré de guides de chasse, de pêche et de trappe. Avec les années, suivre les traces de différents guides expérimentés lui a permis de développer sa passion et une expertise reconnue. Depuis plus de 20 ans, celui qui est également auteur et chroniqueur partage ses connaissances au sujet de la vie animale et de la chasse sportive, et offre des cours de chasse à l’orignal et au chevreuil. Conférencier reconnu, Michel a fondé l’équipe de Chasse Québec et se plaît à réaliser des vidéos et capsules à caractère éducatif. 

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