L'observation de la faune en hiver

En collaboration avec Julie Audet, photographe animalière.

L’observation de la faune est une activité qui se pratique à l’année. Bien qu’il y ait certains efforts à faire afin d’augmenter nos chances de découvertes, parce qu’observer est une chose, mais trouver un animal en est une autre, il faut garder à l’esprit qu’il faut sans cesse savoir s’adapter.

Chaque période de l’année amène son lot de changements, tant au niveau des espèces présentes sur le terrain, qu’au niveau de l’environnement lui-même. Ce sont là deux éléments parmi tant d’autres qu’il faut prendre en considération. Si l’hiver se montre parfois limitatif dans l’exploration physique des milieux, il peut à l’inverse se montrer très généreux et procurer un nombre impressionnant d’indices de présence, qui facilitent les découvertes.

Julie Audet | © Sépaq

Repérage à l'aide d'indices de présence

Qu’est-ce qu’un « indice de présence »? C’est simple : c’est tout ce qui est présent ou laissé sur le terrain par un animal (ou plusieurs), peu importe la durée de la présence, peu importe l’espèce. La liste d’indices qu’il est possible d’étudier est longue et l’acuité d’observation se gagne avec le temps, mais ce que vous devez d’abord savoir, c’est qu’en mode observateur, déceler les indices de présence est un élément essentiel.

Pour les reconnaître, voyez le terrain comme un grand tableau et balayez-le par sections, de haut en bas, sur 360 degrés. Durant l’hiver, la neige est assurément l’indice le plus révélateur. Elle vous permet d’étudier le milieu toujours un peu plus en profondeur. Les empreintes, les abris, les sites de repos et d’alimentation, parfois même la fuite, la lutte et la chasse, sont tous des éléments qu’il est possible de décoder dans la neige. À cela peut s’ajouter les sons, les odeurs, les excréments, les restants de repas, les différentes matières animales (poils, plumes, os, etc.), les branches grattées, grignotées ou cassées, etc. Bien sûr, les forêts à l’hiver permettent aussi une meilleure lecture de toute la strate végétale de feuillus maintenant dénudés, ce qui facilite grandement la recherche. Mais les animaux ne sont pas dupes. Un de leur principal enjeu étant de se trouver un abri durant l’hiver, certains sont passés maître dans l’art de se cacher ou de se camoufler, particulièrement l’hiver!

Le matériel de base

Pour optimiser votre activité et rendre le tout agréable, prévoyez le port de bons vêtements chauds, car il s’agit d’une activité qui demande parfois de rester longtemps au même endroit, sans bouger. On privilégie donc les couches isolantes et les vêtements qui respirent, sans oublier quelques rechanges, notamment une bonne paire de bas thermaux. Le multicouche est aussi de mise si vos déplacements nécessitent la dépense d’énergie, avant et après votre période d’attente. Il vous faudra également penser amener une collation nutritive et bien sûr, de l’eau. Pour les périodes d’attente plus longue, un thermos de café est apprécié! Dans mes indispensables, je ne pars jamais sans des chauffe-pieds et des chauffe-mains, des accessoires que je ne regrette jamais d’avoir en trop dans mon sac et qui me permettent d’allonger mes sorties. Outre tout mon matériel photographique, le foulard tubulaire en microfibres de polyester et mes raquettes font aussi partie de mes indispensables pendant mes sorties d’observation l’hiver.

Julie Audet | © Sépaq
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Garder ses distances en tout temps

Sachez qu’en hiver, bon nombre d’espèces animales réduisent leur activité au minimum pour éviter une dépense d’énergie inutile. Certaines vont même jusqu’à réduire la superficie d’habitat de leur territoire. D’autres doivent s’éloigner et migrer afin de trouver de la nourriture. Dans les deux cas, le froid et les aléas de la météo sont des éléments qui peuvent être très limitants dans les déplacements et la recherche de nourriture, pouvant amener des conditions parfois très difficiles à surmonter. Cela demande une dépense d’énergie considérable, en plus d’obliger bon nombre d’animaux à adapter leur régime alimentaire, conséquemment aux ressources disponibles, aussi limitées. C’est pourquoi durant l’hiver, les activités chez plusieurs espèces sont réduites et restreintes afin d’assurer leur survie, minimalement.

Pour ces mêmes raisons, l’observateur doit donc redoubler de prudence et de respect durant l’hiver, et garder à l’esprit que la fuite pour l’animal est une énorme dépense d’énergie, qui peut même dans certains cas lui être fatale, surtout s’il est déjà affaibli par la rudesse de l’hiver. En tout temps, la distance entre l’observateur et l’animal doit être respectée. Si l’animal fuit en votre présence, vous êtes probablement trop proche ou représentez une source de menace pour lui. Que vous soyez à pied ou en véhicule, la meilleure chose à faire, autant pour lui que pour vous, est de vous arrêter et de contempler la scène dont vous avez le privilège d’être témoin.

Julie Audet | © Sépaq
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Julie Audet | © Sépaq
Julie Audet | © Sépaq
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Le respect, toujours et avant tout!

Dans tous les cas, le respect de l’animal est la règle numéro 1 à adopter. Savoir respecter la nature n’est pas seulement une règle de base, c’est aussi une question de jugement. Si vous faites de l’observation de la faune, que ce soit avec une caméra, des jumelles, ou en simple observateur, l’activité devrait toujours se faire dans le respect de la nature, sous de bonnes intentions et dans l’adoption de comportements éthiques. Grossièrement, cela signifie d’être capable d’observer sans dénaturer l’environnement ni les comportements des animaux. C’est là, une valeur primordiale qui devrait être partagée et respectée, mais qu’il faut pourtant encore défendre aujourd’hui. On ne le répètera jamais assez : la nature est notre héritage collectif. Sa préservation, c’est l’affaire de tout le monde.

Vous savez maintenant que les observations l’hiver peuvent être beaucoup plus difficiles à faire dans plusieurs cas et aussi moins longues, car les possibilités de voir un animal en déplacement sont plutôt amoindries. Vous comprenez maintenant pourquoi l’étude terrain et de ces indices de présence sont importantes et qu’une fois devant un animal, l’observation peut se transformer en un réel moment de grâce, qu’il faut savoir apprécier pleinement. Et surtout, ne vous en faites pas si vous revenez à la maison en n’ayant observé aucun animal, ce sont les « risques » à prendre, ce qui arrive même aux plus grands photographes! Le truc, c’est d’aller sur le terrain le plus souvent possible et être patient.

Bonne sortie!

Julie Audet

À propos de Julie Audet

C’est avec ses photos et ses mots que Julie aime partager son extraordinaire passion pour la nature et la faune sauvage. La perception unique de la nature qu’elle capte sous ses lentilles est à la fois très personnelle et empreinte d’une grande sensibilité. De la biologie à la photographie, son travail décèle des valeurs profondes, à l'origine d'un objectif bien actuel : la sensibilisation au respect de la nature.

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