À la découverte du vélo‑camping dans la réserve faunique des Laurentides

Par Emmanuel Moisan

Mordus de vélo? Cet été, découvrez la nouvelle offre de vélo d'aventure dans la réserve faunique des Laurentides ! Un beau défi qui permet de franchir des étendues sauvages en autonomie sur des chemins non pavés. Les douze circuits offerts, d’une durée de deux à sept jours, vous amènent à parcourir routes, pistes et sentiers et à camper de façon rustique et minimaliste afin de vivre une vraie aventure en nature! Curieux? Laissez‑vous inspirer par le récit d’aventures d'Emmanuel et de Jean‑François. 

Thomas Patry | © Sépaq

C’est un vendredi caniculaire du mois d’août. Sur la route entre Québec et L’Étape, Jean‑François multiplie les appels avec ses collègues tandis que je pitonne frénétiquement sur mon téléphone, histoire de répondre à quelques courriels avant le week‑end. Une autre semaine de boulot s’achève et de belles aventures à vélo nous attendent. Au menu : trois jours à rouler à travers les sommets érodés du massif du lac Jacques‑Cartier, dans la Réserve faunique des Laurentides.

Le « parc » alimente chez moi des fantasmes d’expéditions depuis longtemps déjà. Louis Hémon écrivait dans Maria Chapdelaine à propos d’un « vaste pays sauvage qui éveille un atavisme lointain de vagabondage et d’aventure ». C’est exactement le sentiment qui m’habite au moment de nous enregistrer au poste d’accueil de la Sépaq, sous le regard intrigué de groupes de pêcheurs et de campeurs aux caravanes rutilantes.

Notre objectif est de rallier le lac Champlain et d’y dormir le premier soir, de nous rendre au lac du Grand Chien le lendemain puis de boucler la boucle le dimanche, ce qui nous fera environ 100 km au compteur. Nous roulons en autonomie complète et sommes donc chargés comme des mulets. Avec la chaleur et notre départ tardif, cette distance sera amplement suffisante pour notre première expérience sur l’un des nombreux parcours de vélo d’aventure récemment développés par la Sépaq.

Jour 1 : Accueil La Loutre vers le lac Champlain

31,4 km, 625 m D+

https://www.strava.com/activities/7676346747

 

Déjà 15 h. Nous achevons de fixer solidement les bagages aux vélos et donnons les premiers tours de pédales. Immédiatement, les certitudes et le confort de la civilisation disparaissent derrière nous. Et devant se dessine la promesse d’une nouvelle aventure dans ce que les Wendats appellent le Nionwentsïo, « notre magnifique territoire ».

À chaque révolution des manivelles, nous nous enfonçons au cœur de l’un des derniers territoires sauvages du Québec méridional. Le soleil calcine la garnotte du chemin forestier et déjà la sueur ruisselle sur nos visages. Malgré que nous arpentions le secteur le plus élevé des Laurentides, à une altitude oscillant autour des 800 mètres, l’air est suffocant. Les frappe‑à‑bord sont voraces et notre progression n’est pas suffisamment rapide pour qu’on puisse les semer.

Les séjours en forêt ne sont pas pour moi des occasions de la conquérir, de la dompter ou d’y survivre, mais bien des occasions de l’habiter, de la vivre, de l’apprivoiser et d’en faire partie. Mais on a beau être rompu à ces expéditions, chaque fois la forêt teste notre capacité d’adaptation, notre résilience et notre humilité.

Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Nomade | © Sépaq
Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Nomade | © Sépaq

Le parcours présente quelques bons défis, nous faisant traverser des pits de sable et affronter d’abruptes montées. Nous empruntons même des chemins abandonnés complètement lessivés par l’érosion qui nous contraignent à pousser les vélos. Heureusement, les derniers kilomètres de la journée se déroulent sur un profil descendant et, sur le coup de 18 h, le lac Champlain se dévoile peu à peu au travers des épinettes. Nous choisissons d’établir le camp sur une pointe sablonneuse exposée à une petite brise qui, nous l’espérons, saura tenir les insectes à distance.

Le jour décline rapidement tandis qu’un coucher de soleil à couper le souffle nous accompagne dans les dernières tâches du jour : monter les tentes, ramasser du bois pour le feu et cuisiner de quoi refaire nos forces.

Jour 2 : lac Champlain vers le lac Honorine

48,8 km, 629 m D+

https://www.strava.com/activities/7676331228

 

Les 5 premiers kilomètres sont vite avalés, un peu comme notre déjeuner, mais le reste de la journée sera surtout une affaire d’ascension. Nous remontons le cours de la rivière Cavée, un affluent de la rivière Jacques‑Cartier Nord‑Ouest. Le cours d’eau, paisible, est encaissé dans une petite vallée et le chemin qui serpente à son côté est accidenté. L’avancée est lente et l’ombre précieuse sous le couvert forestier. Nous faisons une pause dans un endroit magnifique, entre le lac Soucy et le lac Chagnon, le temps d’une baignade et d’un lunch salutaires.

Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Nomade | © Sépaq
Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Nomade | © Sépaq

Nous ne sommes qu’à quelques dizaines de kilomètres de la civilisation mais nous nous sentons loin, limite insignifiants face à la nature qui nous entoure. Deux humains parmi toutes les espèces qui peuplent ce territoire sans faire de bruit. Une terre de chasse traditionnelle, riche en orignaux, qui abrite aussi l’une des dernières hardes de caribous forestiers du sud du Québec, la harde de Charlevoix. Le loup, le lynx, l’ours, le cougar et bien d’autres espèces occupent aussi discrètement la réserve faunique.

Ragaillardis par ce petit répit, nous reprenons la piste en direction des rives du lac du Grand Chien où nous souhaitons camper pour la nuit. Une fois sur place, la qualité du site ne nous impressionne guère et nous convainc de pousser encore un peu et d’aller dormir au lac Honorine, à quelques kilomètres de là.

Excellente décision! Le site de camping n’est pas extraordinaire, le coucher de soleil ne sera pas mémorable, mais la baignade est douce et le bois sec abondant. Et puis nous y vivons une anecdote un peu surréaliste, digne des publicités du loto 6/49 : en l’espace de 5 minutes surgissent d’un peu nulle part les deux premiers humains que nous voyons depuis plus de 24 heures. Ces hommes qui ne se connaissent pas ont tous deux avec eux un chien nommé Enzo! Quelles sont les chances? Un immense berger allemand au tempérament bouillant et un minuscule poméranien affectueux et joueur, pas du tout impressionné par son homonyme germanique, qui fait pourtant cinq fois sa taille.

Une fois tout ce beau monde reparti, la quiétude enveloppe de nouveau notre campement et nous passons la soirée à rigoler au coin du feu, à cuisiner des délices lyophilisés (!) et à déguster le litre de vin rouge en carton qui nous aidera à trouver un sommeil réparateur.

Jour 3 : Lac Honorine vers accueil La Loutre

21 km, 229 m D+

https://www.strava.com/activities/7676324444

 

Malgré que les matelas de sol soient remarquablement confortables de nos jours, c’est un peu courbaturés que nous nous levons en ce beau matin. La rosée a trempé les toiles que nous faisons sécher tout en cuisinant le petit déjeuner, et très vite, nous voilà prêts à prendre la route pour le dernier segment.

Quelques kilomètres sur le plat nous mettent en jambes, et tranquillement la route s’incline. On passe les vitesses à gauche toute pour grimper jusqu’à 1000 mètres d’altitude, où s’offrent à nous de spectaculaires vues dégagées sur les sommets avoisinants de la forêt boréale. La pause photo est obligatoire avant de débouler à toute vitesse vers la route 175 et de reprendre contact avec la civilisation. La descente est grisante, parsemée de longues courbes rapides qui demandent un pilotage aiguisé. Malgré l’euphorie, nous restons bien concentrés pour ne pas être piégés par la garnotte plus meuble à certains endroits.

Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Nomade | © Sépaq
Réserve faunique des Laurentides
Réserve faunique des Laurentides Nomade | © Sépaq

Ce début de journée en selle demeure un moment de grâce, figé dans ma tête. Ce sont ces moments que je recherche et qui valent amplement tout l’effort consenti et les inconforts passagers. On ne sait jamais trop quand ils surviendront mais ils deviennent instantanément inoubliables, alimentant les envies de nouvelles aventures.

Et puis, presque sans nous en rendre compte, nous voilà de retour au point de départ en ce beau dimanche midi. Dans le tumulte de la célèbre halte routière, les conducteurs de roulottes quittent le camping en masse et les groupes de motocyclistes font le plein pour propulser leurs propres excursions dominicales. Nous nous installons à une table à pique-nique pour déguster les fameuses saucisses au bacon du dépanneur en discutant déjà de notre prochaine aventure de bikepacking dans la Réserve faunique des Laurentides.

Liste d'équipement pour vélo d'aventure

Vélo

  • Un vélo en bon état mécanique avec pneus de 700 x 50 ou 29 x 2.0 ou plus
  • Matériel pour réparer les crevaisons (chambres à air, pompe, clés à pneus, rustines)
  • Ensemble de clés Allen
  • Sacoches pour le transport du matériel 
  • Sangles de caoutchouc pour fixer le matériel

Navigation 

  • Carte papier
  • Carte téléchargée sur téléphone (Avenza ou Ride with GPS ou autre) 

Camp 

  • Briquet, allumettes, allume-feu
  • Petite scie
  • Corde et mousquetons (pour suspendre la bouffe le soir venu)
  • Lampe frontale 
  • Sac pour déchets

Vêtements

  • Kit de vélo adapté à la saison pour le jour
  • Kit de rechange adapté à la saison pour le soir 
  • Ensemble imperméable
  • Maillot de bain (ou pas!)
  • Souliers légers qui vont dans l’eau (style Crocs)

Dodo 

  • Tente ou sac bivouac
  • Sac de couchage
  • Matelas de sol 
  • Bâche

Alimentation

  • Nourriture pour repas et collations 
  • Gamelle, ustensiles et un bon couteau 
  • Réchaud
  • Savon écolo (vaisselle)
  • Filtre ou pastilles pour le traitement de l’eau

Hygiène 

  • Lingettes humides
  • Savon écolo (lessive)
  • Trousse de premiers soins (Polysporin, diachylons)
  • Outil pour creuser (pour enterrer besoins no 2) 
  • Produit antimoustiques

Optionnel

  • Mini-chaise de camping
  • Hache
  • Poêle en fonte pour la cuisine sur feu de bois (mmmh!)
  • Pneu de secours + autres composantes (rayon, câble de vitesse, patin de frein)
  • Balise SPOT (communication satellite et secours) 
  • Assurance Air-Médic (évacuation, transport médical)
  • Répulsif à ours

Emmanuel Moisan

À propos de Emmanuel Moisan

Été comme hiver, et depuis la petite enfance, Emmanuel est (presque) toujours partant pour aller jouer dehors. Surtout à vélo, mais aussi en ski et parfois à la pagaie, ses aventures, grandes et petites, sont autant d’occasions pour lui de repousser ses limites, de se ressourcer en nature et de passer du bon temps entre amis. Il codirige avec son associé le studio de contenu de marque la flèche, qu’ils ont fondé en 2014.

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