Une diversité génétique régionale des grands canidés

Une étude de 2017 produite par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs sur plus de 400 échantillons d’ADN de canidés du Québec vient apporter un regard nouveau sur le paysage génétique des loups de la région.

Les grands canidés du parc et de la région seraient souvent hybridés entre eux. © Shutterstock
Les grands canidés du parc et de la région seraient souvent hybridés entre eux.

Identification génétique et répartition spatiale des grands canidés sauvages au Québec

Cette étude a permis de déceler 4 regroupements génétiques distincts parmi les canidés sauvages au Québec, en plus des hybrides entre ceux-ci. © Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec

L’étude réalisée par Mainguy et coll. (2017) porte sur la diversité génétique des grands canidés et sur leurs répartitions au Québec. En y ajoutant les résultats d’analyses génétiques effectuées en 2018 sur 38 échantillons provenant de canidés du parc et de sa périphérie, on peut affirmer que ces derniers présents au parc national et dans la région seraient des loups de l’Est, des loups boréaux et des coyotes de l’Est, souvent hybridés à différents niveaux.

Pour de plus amples informations :

Identification génétique et répartition spatiale des grands canidés sauvages au Québec (Mainguy et al. 2017)

Le loup gris

Associé à la taïga et à la toundra, on retrouve le loup gris dans le nord du Québec. © Shutterstock

Le loup gris est un mammifère circumpolaire dont l’ancêtre, originaire du continent nord-américain, aurait migré en Eurasie pour y vivre pendant 1 à 2 millions d’années et où il se serait différencié avant de revenir en Amérique du Nord sous sa forme actuelle, il y a environ 130 000 ans. C’est le seul loup que l’on trouve à la fois sur deux continents distincts. Il est le plus grand canidé sauvage en Amérique du Nord. Au Québec, le loup gris se retrouve généralement au nord du 52e parallèle et s’alimente principalement de caribous forestiers et migrateurs.

Le loup de l’Est

Le loup de l’Est habite les grandes étendues de forêts feuillues et mixtes au nord du fleuve Saint-Laurent. © Pierre-Yves Lafrance

Au Québec, le statut du loup de l’Est, reconnu comme espèce à part entière (Canis sp. cf. lycaon) par de plus en plus de spécialistes, est en évaluation auprès des instances gouvernementales. Autrefois présent partout dans l’est de l’Amérique du Nord, il n’occupe plus qu’une petite partie de son aire de répartition historique. Les programmes de gestion des prédateurs, l’exploitation des espèces de gros gibier par les premiers colons et le déboisement à des fins agricoles sont tous des facteurs qui peuvent expliquer la disparition progressive du loup de l’Est à cette époque. Aujourd’hui, on le retrouve au Québec et en Ontario uniquement. Ce canidé s’alimente principalement de cerfs de Virginie et de castors.

La taille du loup de l'Est est généralement considérée comme étant intermédiaire entre celle du loup gris et celle du coyote. Son pelage est de coloration très variable, mais il est le plus souvent décrit comme fauve, avec des reflets plus roux et bruns que le loup gris. Cependant, il est parfois difficile d’identifier le loup de l’Est sans l’aide de la génétique puisque les individus observés dans la nature sont souvent confondus avec les coyotes, qui peuvent être d'apparence semblable.

Le loup boréal

Le loup boréal occuperait une aire de répartition au nord de celle du loup de l’Est et au sud de celle du loup gris. © Shutterstock

Le loup boréal serait le résultat d’une hybridation ancestrale entre le loup gris et le loup de l’Est lorsque ces deux canidés sont entrés en contact à la suite de l’arrivée du loup gris en Amérique du Nord. Une autre hypothèse proposerait que le loup boréal serait plutôt le résultat de l’apparition de gène de coyote chez le loup gris. Ce grand prédateur constituerait néanmoins un regroupement génétique important au Québec. Comme son nom l’indique, ce canidé est associé à la forêt boréale, qui représente une vaste étendue du paysage nord-québécois.

Le coyote de l’Est

Le coyote de l’Est partage le territoire du parc avec les loups. © Shutterstock

Présent au Québec depuis les années 1940 uniquement, le coyote de l’Est serait issu d’une hybridation contemporaine entre le loup de l’Est et le coyote de l’Ouest. Celle-ci est survenue à la suite d’une expansion relativement récente, mais rapide de ce canidé vers l’est du continent, favorisée par la fragmentation de l’habitat ainsi que l’extermination du loup. Rappelons que le coyote occupait le centre de l’Amérique du Nord depuis au moins 1,5 million d’années, moment présumé de sa différentiation avec le loup à partir d’un ancêtre commun.

Étant donné l’introgression de gènes de loup de l’Est dans leur bagage génétique, les coyotes de l’Est seraient généralement plus grands que les coyotes de l’Ouest et plus petits que les loups de l’Est. Il est à noter que les coyotes et les loups qui fréquentent le parc et sa périphérie sont parfois d’apparence semblables et peuvent être confondus entre eux. De façon générale, on considère toutefois que les coyotes ont un museau plus étroit, des oreilles plus grandes et des pattes proportionnellement plus petites par rapport à la taille de leur corps. Cependant, l’apparence du coyote de l’Est et du loup de l’Est peut être intermédiaire et ressembler aussi bien à celle du coyote qu'à celle du loup. Pour cette raison, il est souvent très difficile d’identifier l’animal sans l’aide de la génétique.

Les individus hybrides

© Sépaq

 

Chez les canidés, il existe une forme de « plasticité » qui explique que deux individus appartenant à deux groupes génétiques différents peuvent s’accoupler et engendrer une progéniture fertile. Ceci permet de comprendre, en partie, la variabilité génétique au sein du loup et du coyote.

Les résultats de l’analyse de 38 échantillons d’ADN effectuée par le parc en 2018 démontrent clairement l’hybridation entre les grands canidés du territoire et de la région.

Les grands canidés du parc national du Mont‑Tremblant

© Sépaq

 

Le parc national se situe en plein cœur de l’aire de répartition du loup de l’Est, du loup boréal et du coyote de l’Est. Sa position géographique, ainsi que de récentes études, révèlent la présence sur le territoire de tous ces canidés, ainsi que d’un nombre élevé d’individus hybrides. C’est pourquoi, lorsque l’on aperçoit un grand canidé au parc ou dans la région, il faut parfois se retenir avant de crier au loup!

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