Blogue de conservation

Vestiges des premiers établissements de la seigneurie de la Petite-Nation

5 juin 2012


Les recherches archéologiques menées dans le parc national de Plaisance, dans le cadre d’un projet conjoint de la SÉPAQ, du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine (MCCCF) et de la MRC Papineau, ont finalement été couronnées de succès. Les archéologues du Groupe de recherche archéologique de l’Outaouais ont mis au jour les vestiges des tout premiers établissements de la seigneurie de la Petite-Nation datant du début du XIXe siècle.

Le résultat d’un effort soutenu

Après deux années de recherches intensives et plusieurs centaines de sondages effectués dans une quinzaine de zones présélectionnées, les archéologues ont finalement retracé les vestiges de la Maison de la Petite-Nation, la toute première résidence seigneuriale érigée à la requête de Joseph Papineau en 1805, ainsi que des bâtiments de la Ferme de Plaisance, qui a fourni des denrées de base aux ouvriers et aux résidants  du domaine seigneurial pendant le premier quart du XIXe siècle.

Ces fouilles s’inscrivent dans le prolongement d’une recherche documentaire qui a révélé la présence probable dans le parc de Plaisance, plus particulièrement autour du confluent des rivières de la Petite Nation et des Outaouais, de plusieurs sites d’intérêt culturel et scientifique. Parmi les sites ciblés figuraient un poste de traite du XVIIIe siècle et divers établissements reliés aux multiples opérations et activités qui ont marqué le développement initial de la seigneurie de la Petite-Nation, sous la gouverne de l’illustre famille Papineau, de 1805 à 1825, et qui représentent ainsi une étape cruciale dans la colonisation de l’Outaouais.

Une richesse patrimoniale parmi d’autres

Si la quête des archéologues a été décevante dans le cas du poste de traite, les recherches de 2010 et 2011 ont néanmoins porté à 18 le nombre de sites archéologiques connus à ce jour à l’intérieur du parc. Parmi ceux-ci, on compte autant de sites autochtones de diverses périodes de la préhistoire que d’établissements euro-québécois du XIXe  siècle. C’est finalement sur la rive droite de la rivière de la Petite Nation, en un lieu fréquenté par des groupes autochtones depuis des temps immémoriaux, qu’ont été mis au jour les vestiges tant convoités de la seigneurie de la Petite-Nation.

Une découverte de portée culturelle et scientifique considérable

Les archéologues jubilent à l’idée d’entreprendre sous peu une investigation plus exhaustive du site. Bien que l’activité agricole des siècles derniers ait affecté l’intégrité du site, les artéfacts recueillis à ce jour sont nombreux et variés : matériaux et débris de construction, vaisselle, ustensiles, outils, quincaillerie, pièces d’armements et munitions, pipes et ossements d’animaux. S’ajoutent à cela des vestiges architecturaux relativement intègres qui présagent des intéressantes découvertes à venir et des fabuleuses perspectives de recherche qui sont offertes au plan de la connaissance d’une importante page d’histoire de l’Outaouais.

Les archéologues ont bon espoir de mettre au jour en 2012 de nouveaux vestiges architecturaux et d’enrichir le contenu de la collection d’une plus grande variété d’artéfacts. Ils espèrent ainsi reconstituer la gamme la plus large possible des activités et des évènements qui ont entouré la vie quotidienne du premier seigneur, Joseph Papineau, au cours de ses séjours répétés à la Maison de la Petite-Nation entre 1805 et 1810, ainsi que ceux de ses principaux collaborateurs, notamment son fils Denis Benjamin qui a exercé la tâche de régisseur de la seigneurie et dirigé les opérations de la Ferme de Plaisance pour son père de 1808 à 1817.

Une mise en valeur du patrimoine axée sur le partage de la connaissance

La protection et la mise en valeur des ressources patrimoniales sont au cœur des préoccupations de l’administration du parc national de Plaisance depuis plusieurs années. Pour une plus grande diffusion des connaissances au sujet de ces ressources, diverses expériences de participation de bénévoles aux travaux archéologiques et d’ouverture de chantiers de fouilles au public ont été menées, de concert avec les archéologues, sur de courtes périodes en 2010 et 2011.

Devant le succès remporté, les recherches de 2012 ont été placées sous le signe d’une participation accrue du public à la découverte et à la promotion des ressources patrimoniales du parc. Les conditions d’accès et l’intégrité du site étant jugées particulièrement favorables, le public sera convié à une expérience unique de découverte et de sensibilisation à la conservation du patrimoine. Bénévoles, clientèle du parc et archéologues seront ainsi appelés à unir leurs efforts pour dévoiler au grand jour une page inédite de notre histoire collective, avec toutes les précautions et la rigueur qui caractérisent la pratique archéologique et que commande le dépouillement d’un document d’archives aussi précieux.


Marcel Laliberté, archéologue de la firme GRAO Consultants en archéologie Inc.

Jean-François Houle, biologiste et responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national de Plaisance, houle.jeanfrancois@sepaq.com.

Photos : Marcel Laliberté, Jean-François Houle et BANQ.


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