Blogue de conservation

Le Regroupement pour la protection du Grand lac Saint-François honoré

7 mai 2013


En 2005, le parc national de Frontenac s’est associé à plusieurs organismes locaux et régionaux afin d’atteindre un objectif commun : améliorer la santé du Grand lac Saint-François. Sept ans plus tard, le Regroupement pour la protection du Grand lac Saint-François dresse un bilan et reçoit le premier prix Excellence en gestion de l’eau remis par le Conseil de la fédération.

Une reconnaissance de marque!

Au moment de tenir son assemblée annuel, le Regroupement pour la protection du Grand lac Saint-François a reçu des mains de M. Scott McKay, adjoint parlementaire au ministre du Développement durable, de l’environnement de la faune et des parcs, au nom de la Première ministre du Québec, le premier Prix Excellence en gestion de l’eau du Conseil de la fédération pour le Québec.
Ce prix vise à souligner l'action des organismes qui se démarquent par leur leadership, l'excellence de leurs pratiques et leur esprit d'innovation à l'égard de la sauvegarde des ressources hydriques.
Lors de la remise du prix, M. McKay a souligné que le Regroupement était véritablement un leader régional en matière de gestion de l'eau. Les réalisations du Regroupement, notamment la mise sur pied d'un plan d'intervention en développement durable, ont particulièrement attiré son attention.

Les origines du Regroupement

Le RPGLSF est né d’une volonté commune des gens de la région de prendre en main la destinée d’un grand lac. Assis au tour d’une même table, le parc national de Frontenac, les cinq municipalités riveraines, les trois associations du lac, le Conseil régional de l’environnement de Chaudière-Appalaches (CRECA), le Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF), le syndicat de l’UPA de Frontenac et plusieurs autres organismes ont identifié 57 actions à réaliser afin de réduire les pressions anthropiques sur ce lac et améliorer sa santé. Le Regroupement s’est doté d’un guide de travail : le Plan d’intervention en développement durable du Grand lac Saint-François. Ce plan, qui est une illustration de la mise en œuvre du développement durable, regroupe 4 enjeux et 23 objectifs stratégiques desquels découlent 57 actions à réaliser par les différents partenaires. Enfin, il identifie une série d’indicateurs afin d’évaluer la qualité de sa mise en œuvre du plan et l’état de la santé du lac. Ce plan, développé par les gens du milieu, identifie aussi une vision commune : « Les riverains et utilisateurs du Grand lac Saint-François bénéficient, aujourd’hui et demain, d’un lac en santé et accessible, sur lequel veille une communauté concertée et engagée en développement durable. »

Un bilan positif

Au moment de faire ce bilan, on estime que les argents investis par les différents partenaires atteignent aujourd’hui le cap du million de dollars. Ces argents proviennent des organismes du milieu, auquel s’ajoutent d’importantes contributions financières provenant des Conférences régionales des élus de Chaudière-Appalaches et de l’Estrie, de la Fondation de la faune du Québec et de fonds universitaires (programme Mitacs, Centre des sciences de la biodiversité du Québec). À ceci s’ajoute de nombreuses heures de travail non compilées.

Ces biens et services ont permis et permettront de réaliser de nombreux projets allant de l’analyse de la qualité de l’eau à l’harmonisation de la réglementation municipale en matière de bande riveraine, en passant par l’adoption de normes visant à contrôler l’érosion et le transport de sédiments le long des réseaux routiers, ou encore, par la réalisation de Rendez-vous sur l’eau du bassin versant du GLSF afin d’intégrer au sein des différentes sphères de la société, les notions de gestion par bassin versant.
Lors de l’assemblée annuelle, tenue le 29 mai dernier, quatre des nombreux projets ont été présentés :


1. L’identification de la bande riveraine en milieu agricole. Ce projet visait à atténuer les pressions sur la qualité de l’eau exercées par les activités agricoles, notamment au niveau du phosphore et des sédiments. Ce projet, réalisé par le CRECA, le MAPAQ, le Réseau Agriconseil de la Chaudière-Appalaches, le COGESAF et l’UPA, consistait à sensibiliser les propriétaires agricoles à l’importance de maintenir des bandes riveraines de qualité afin de réduire l’érosion et à identifier la largeur légale (1 ou 3 mètres) où les interventions du sol sont prescrites, et ce, afin de permettre à la bande riveraine de jouer pleinement son rôle. Résultats : 120 propriétaires ont été sensibilisés au projet et 34 ont installé des marqueurs pour délimiter la zone de non-intervention. Au total, c’est près de 15 km de bandes riveraines en milieu agricole qui participeront à la captation des sédiments avant qu’ils n’atteignent le cours d’eau.


2. Harmonisation de la réglementation en matière de protection de la bande riveraine du lac. Faisant suite à de nombreuses actions de naturalisation de berges et de sensibilisation, les municipalités riveraines au lac se sont dotées de réglementations visant la végétalisation de la bande riveraine. Ainsi, dans un horizon proche, un minimum de 5 mètres de végétation devra être naturalisé afin de servir de tampon entre la terre et l’eau.

3. Site de démonstration de bandes riveraines. Le parc municipal du Grand lac Saint-François à Lambton a été réaménagé au cours des dernières années. Ses bandes riveraines étaient dans un mauvais état. L’association du secteur et la municipalité ont profité de l’occasion pour réaliser des travaux correctifs et faire de ce lieu un site de vulgarisation pour permettre aux citoyens de mieux comprendre les différentes techniques de végétalisation et de stabilisation des berges. Accompagné d’une série de panneaux explicatifs, ce site permet maintenant aux gens de mieux aménager leurs bandes riveraines.

4. Le Réseau de surveillance volontaire – cyanobactéries. Ce réseau, composé de riverains et de l’équipe des gardes-parc a permis de faire un suivi régulier de la présence des cyanobactéries entre le mois de juin et celui d’octobre. Les 14 sites d’observation ont été visités au moins deux fois par semaine et une cote de l’état de l’eau a été attribuée selon une échelle variant d’une eau claire (0) à une eau opaque et verte (6), résultat d’une densité élevée de cyanobactéries.

Les résultats de la première année confirment que la présence de cyanobactéries est variable, mais surtout concentrée entre la mi-juillet et la mi-septembre.

Un regard tourné vers l’avenir

De nombreux projets sont sur la table de travail. L’année 2013 sera, entre autres, teinté d’un important projet de recherche scientifique qui sera réalisé par une équipe de 3 chercheurs du Centre de la science de la biodiversité du Québec et de leurs étudiants. Ce projet vise à déterminer l’impact de la variation annuelle du niveau de l’eau du GLSF provoqué par la gestion du barrage Jules-Allard sur la biodiversité des habitats associés au lac, plus spécifiquement au niveau des poissons. Il vise aussi à proposer, en fonction des résultats qui seront trouvés, des mesures permettant de diminuer ces impacts.

Et le parc dans tout cela?

La grande majorité des projets du Regroupement se situent à l’extérieur des limites du parc. Alors, quel est l’intérêt du parc à s’impliquer dans ce type de projet?
Les spécialistes en conservation s’entendent sur le fait que la protection de la biodiversité et le maintien des services écologiques d’un parc ne peuvent se limiter à la gestion des activités qui se passent à l’intérieur de ses frontières. Une aire protégée s’insère toujours dans un grand écosystème, et ce qui se passe à l’extérieur de cette aire, a des répercussions directes sur l’ensemble de son intégrité écologique.
Ainsi, le parc contribue par son expertise à la réalisation des projets de conservation et à l’amélioration de la santé du lac, et profite des résultats régionaux : un lac en meilleur santé!


René Charest est responsable du Service de la conservation et de l’éducation au parc national de Frontenac, charest.rene@sepaq.com 

Photos: Parc national de Frontenac


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