Blogue de conservation

Petit trésor au fond de la rivière

21 mars 2017


Au parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, la visite d’une technicienne de la faune, spécialiste des moules d’eau douce au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a permis de confirmer la présence de la mulette-perlière de l’Est, une espèce de moule d’eau douce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable.

La bête

Les moules d’eau douce sont des mollusques appartenant à la classe des bivalves. Des 21 espèces répertoriées au Québec, les mulettes se différencient des autres moules d’eau douce par leur grande taille, leur longévité, un recrutement plutôt faible et un cycle de reproduction complexe intimement lié aux poissons; elles parasitent un poisson-hôte pour le développement des larves.

Elles colonisent le fond des rivières aux eaux froides, où elles s’enfouissent partiellement dans le sable, le gravier ou les cailloux, de préférence à l’ombre. Étant des organismes filtreurs, elles contribuent à améliorer la qualité de l’eau. L’animal est constitué d’une masse centrale appelée manteau, attaché par des muscles à 2 coquilles calcaires. Elles respirent et se nourrissent à l’aide de siphons.

hgo-mulette-texte-1Figure 1. Organes internes d’une mulette, Mireille Boulianne

Les colonies de la rivière Malbaie

Depuis 2015, 3 sites ont été visités sur la rivière Malbaie, soit 1 site en amont du barrage des Érables et 2 sites en aval. Différentes méthodes ont permis de récolter des données. D’abord, un aquascope a été utilisé pour effectuer un décompte visuel des colonies. Puis, la fouille par quadrat a permis de chiffrer les densités des colonies et d’évaluer le recrutement, c’est-à-dire la présence de jeunes moules enfouies plus profondément dans le substrat. Sur un des sites, plus de 465 individus ont été dénombrés, ce qui représente une densité de 2,5 mulettes-perlières/m2.

hgo-mulette-texte-2Figure 2. Utilisation d’un aquascope dans la rivière Malbaie, Mireille Boulianne

hgo-mulette-texte-3Figure 3. Colonie de mulettes-perlières de l’Est dans la rivière Malbaie, Eve Murray

hgo-mulette-texte-4Figure 4. Quadrat pour mesurer la densité des mulettes, Annie Paquet (MFFP)

Gare aux prédateurs!

Une autre découverte intéressante fut celle de trouver des coquilles toutes abîmées de la même façon. Selon la spécialiste, il apparait évident que ces mulettes ont été les victimes d’un prédateur, mais lequel? Raton laveur, loutre de rivière, vison, castor ou rat musqué? Afin de le savoir, des coquilles récoltées ont été apportées au laboratoire du MFFP pour être analysées.

hgo-mulette-texte-5Figure 5. Coquilles abîmées par un prédateur, Eve Murray

Un projet d’envergure internationale

Les mulettes du parc auront-elles une carrière à l’international? C’est à voir! En effet, des prélèvements d’ADN et des données morphométriques et d’habitat seront intégrés à une étude internationale sur la génétique des populations. Au total, c’est 7 populations du Québec, dont celle de la rivière Malbaie, qui seront comparées à d’autres populations d’Europe, du Canada et des États-Unis.

Remerciements

Un merci tout spécial est adressé à Annie Paquet (MFFP) pour sa collaboration avec le parc et au développement de ce projet depuis plusieurs années, ainsi qu’à Daniel Guérin (MFFP) pour sa participation aux travaux terrain en 2016. Merci également à Eve Murray, notre précieuse technicienne en milieu naturel, pour sa documentation complète du projet et son implication.

Référence

Paquet, A., I. Picard, F. Caron et S. Roux. 2005. Les mulettes au Québec. Le Naturaliste canadien 129. P. 78-85.


Mireille Boulianne est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. boulianne.mireille@sepaq.com

Photo de couverture: Mireille Boulianne


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