Le castor des îles sous surveillance!
28 mai 2014
Depuis 1986, le Castor du Canada est de nouveau présent dans les chenaux du parc national des Îles-de-Boucherville. Mais saviez-vous que « nos » castors, contrairement à presque toutes les populations du Québec, se distinguent par un trait de leur comportement qui n’est pas banal… c’est qu’ils ne fabriquent pas de barrages!
Le passé du castor
Présent un peu partout en Amérique du Nord et au Canada à l’arrivée des premiers colons, le castor, appelé aujourd’hui Castor du Canada, fait un retour remarqué dans le sud de la province depuis les 20 dernières années. La Compagnie de la Baie d’Hudson, fondée en 1670, fut la principale compagnie agissant dans la traite de fourrures et utilisait une monnaie d’échange appelée « castor fabriqué ». Selon le Service canadien de la faune, « aucun animal n’a joué, dans le développement d’un pays, un rôle comparable à celui du castor, au Canada ». Quand la traite des fourrures était à son plus fort, environ 200 000 peaux de castor étaient vendues chaque année sur le marché européen, servant la plupart du temps à confectionner des chapeaux de castor. Il y a environ 100 ans, le commerce de peaux de castor a chuté et le castor a totalement disparu de nombreuses grandes régions du Canada. Toutefois, des plans de conservation ont été mis en place par les gouvernements fédéraux et provinciaux, en collaboration avec les trappeurs, et aujourd’hui les populations de castors sont de retour. Le trappage du castor est réglementé au Québec et interdit au parc national des Îles-de-Boucherville ainsi que dans tous les parcs du réseau Parcs-Québec.
Mais où sont les barrages ?
Le castor, valeureux emblème du Canada, est de retour au parc national des Îles-de-Boucherville depuis 1986. Les essences de régénération (peupliers, saules, cornouillers…), qui s’y implantent graduellement depuis l’abandon de certains secteurs agricoles, contribuent à créer des conditions propices à sa présence. Au gré d’une sortie en canot ou en kayak, ou en demeurant sur la terre ferme, certains signes de sa présence ne pourront passer inaperçus : une hutte, des troncs d’arbres rongés, un amas de végétaux à proximité de l’entrée de sa hutte à l’automne… Fait étonnant, le castor des îles construit très rarement un barrage. C’est que les chenaux du parc sont assez profonds pour permettre les déplacements de ce rongeur hiver comme été. Les barrages ne sont donc pas nécessaires.
Des suivis et des actions annuelles
Les castors peuvent également représenter quelques défis pour les gestionnaires de territoire. Certaines populations de castors peuvent occasionner des inondations par la construction de leurs barrages, endommageant ainsi les infrastructures, ou encore menacer des sites de reproduction de certaines espèces de poissons en créant des barrages qui limitent l’accès au site de frai. Comme un seul castor adulte peut couper une centaine d’arbres par année, il est assez facile d’imaginer les problèmes qu’apporte cet animal dans un milieu hautement urbanisé que représente la région de Montréal. Ce sont bien sûr les feuilles, les bourgeons ainsi que l’écorce des jeunes branches qui poussent cet animal à abattre un arbre. Les arbres lui servent de nourriture et de matériaux nécessaires à la construction de sa hutte et de son barrage.
Le castor est davantage actif à l’automne, car il se prépare à affronter l’hiver! C’est donc lors de cette période de l’année que nous effectuons un recensement des huttes actives au parc. Depuis quelques années, le nombre de huttes actives varie entre 4 et 9 huttes. Une hutte de castor peut accueillir entre 2 et 14 individus.
Afin de contrer l’impact de la coupe d’arbre par les castors, et ainsi préserver les îlots de forêts au parc, l’équipe du service de la conservation et de l’éducation installe un grillage tout autour de certains arbres. Ce simple geste permet de préserver les arbres matures. Pour le moment, on constate un certain équilibre dans la population de castors qui fréquentent les chenaux du parc.
Pour en savoir plus sur le castor!
Bien présent au parc national des Îles-de-Boucherville, vous pouvez facilement observer des signes de présence du castor : huttes, sites d’abattage, sentiers de déplacement. Et si vous désirez vous retrouver dans l’habitat de cet animal cet été, il vous suffit de vous inscrire à l’activité « Castor au crépuscule » offerte tous les samedis du mois de juin de 18 h 30 à 20 h. Confortablement installés dans nos immenses rabaskas, nous naviguerons dans les chenaux afin de vous faire visiter les sites de prédilection de ce gros rongeur et, qui sait, peut-être nous fera-t-il l’honneur de venir à notre rencontre! Pour réservation et information, veuillez téléphoner au 450 928-5088.
Denis Henri est garde-parc technicien du milieu naturel au parc national des Îles-de-Boucherville.
Annick Boivin est garde-parc naturaliste au parc national des Îles-de-Boucherville.
Photos: Jason Kasumovic; Jennifer Bélanger; Claude Lafond; David Desnoyers et Nelson Boisvert.