Blogue de conservation

Des chauves-souris sur écoute!

29 mai 2012


Le Québec est l’hôte de huit espèces de chauves-souris. De ces huit espèces, six sont présentes au parc national du Mont-Saint-Bruno. Nocturnes et grandes prédatrices d’insectes, les chauves-souris s’orientent et attrapent leur proie grâce à l’écholocation. Les inventaires, effectués de façon régulière au parc depuis 2005, nous ont permis de connaître les espèces qui fréquentent le parc, de mieux documenter les milieux qu’elles privilégient et de suivre les fluctuations des populations de chauves-souris.

Un petit mammifère volant!

Les chauves-souris font partie de l’ordre des chiroptères, ce qui signifie « main en forme d’aile » et sont les seuls mammifères capables de voler. On compte environ 998 espèces dans le monde, toutes sont nocturnes. On retrouve huit espèces au Québec, dont six sont présentes au parc national du Mont-Saint-Bruno. Il s’agit de la petite chauve-souris brune, de la chauve-souris nordique, la chauve-souris argentée, la chauve-souris rousse, la chauve-souris cendrée ainsi que la grande chauve-souris brune. Cette dernière est de loin la plus abondante au parc. Trois de ces espèces figurent sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables, soit la chauve-souris cendrée, la chauve-souris argentée et la chauve-souris rousse. Mais, puisqu'elles ne sortent que la nuit, comment savons-nous quelles espèces fréquentent le parc?

Un système d’orientation très sophistiqué

Le sens de la vue des chauves-souris étant très médiocre, elles naviguent par écholocation. La chauve-souris émet un son. Ce dernier est reflété par un obstacle et revient à son émetteur afin de donner une image et une distance de l’obstacle en question à la chauve-souris. Ce système est très précis chez les chauves-souris. Les sons réfléchis permettent aux chauves-souris de distinguer si un obstacle est fixe ou en mouvement, de connaître sa texture et sa forme. Il est donc impossible de confondre une proie avec un obstacle! Les chauves-souris peuvent émettre des cris de 7 000 à 100 000 Hz (Hz = Hertz = cycle d’ondes sonores par seconde). Les sons audibles pour les humains se situent entre 20 et 20 000 Hz. Les cris des chauves-souris sont émis sous formes de pulsations qui durent de 5 à 10 millisecondes, et à une fréquence de 30 à 50 fois par seconde. Les pulsations sont espacées de sorte qu’il y ait toujours réception avant de réémettre afin d’empêcher un brouillage des ondes. Plus la chauve-souris est proche d’un objet, plus les pulsations sont courtes et fréquentes. Ce mode de navigation est tellement raffiné qu’il permet aux chiroptères d’avoir une image mentale de leur environnement probablement équivalente à l’image que nous renvoient nos yeux.

Sur la route des chauves-souris

Afin de connaître les espèces de chauves-souris qui fréquentent le parc, nous établissons un parcours d’écoute de ces ultrasons qui traverse une grande variété d’habitats, dans lesquels les chauves-souris pourraient combler leurs besoins en eau, nourriture et gîte. Puisque nous ne pouvons entendre les sons qu’émettent les chauves-souris, nous utilisons un appareil spécialisé qui nous permet de détecter, entendre et enregistrer les cris des chauves-souris. Chaque espèce produit des cris d’écholocation qui leur sont caractéristiques, telle une signature sonore. Après une analyse des enregistrements, il nous est donc possible de connaître les espèces qui fréquentent le parc. Outre un inventaire qui a eu lieu en 1997, depuis 2005, nous faisons l’inventaire des chauves-souris à tous les trois ans.

Mieux connaître pour mieux protéger

Depuis environ 50 ans, les populations de chauves-souris seraient en déclin dans plusieurs sites en Amérique du Nord, dont dans quelques États américains situés en bordure du Québec. Un champignon, connu sous le nom de la maladie du museau blanc, aurait décimé plusieurs colonies de chauves-souris. Sachant que les chauves-souris jouent un rôle important dans le maintien de l’équilibre écologique puisqu’elles sont de grandes consommatrices d’insectes, une diminution de leur population pourrait avoir pour effet l’augmentation des insectes nuisibles. En effet, elles peuvent manger l'équivalent de 50 à 75 % de leur poids en insectes en une seule nuit. Le suivi à long terme des chauves-souris nous aidera peut-être à préserver les espèces, à localiser les endroits qu’elles fréquentent et à suivre les fluctuations des populations au cours des années.


Nathalie Rivard, responsable du service de la conservation et de l'éducation aux parcs nationaux des Îles-de-Boucherville et du Mont-Saint-Bruno, rivard.nathalie@sepaq.com.

Photos : Steven Russell Smith, Sépaq, Brock Fenton et S. Ménard.


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