Blogue de conservation

L'éducation à l'environnement... Et si on participait ?

5 novembre 2013


« Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends.  »
-    Benjamin Franklin

La sensibilisation du public est un enjeu majeur en conservation et nos succès de demain seront largement inspirés de notre capacité à rejoindre et à sensibiliser un nombre toujours plus important de personnes dès aujourd’hui.

L'éducation à l'environnement a pour objectif d'aider chacun à prendre conscience de la place de l'humain dans son environnement quotidien et de la protection nécessaire des richesses naturelles, afin de donner à tous les moyens d’adopter un comportement responsable. Les moyens pour arriver à cette sensibilisation sont multiples et il n’y a certainement pas une solution miracle. Cependant il existe un certain consensus : pour que l'éducation à l'environnement porte ses fruits, il faut que le public puisse percevoir le résultat de ses activités et mesurer l'impact de ses activités, notamment via des activités de terrain. Ainsi, l'apprentissage théorique touche de près la réalité du terrain.

Un beau projet

C’est donc sur cette piste que nous avons décidé de travailler et, avec la complicité indispensable des autres services du parc, nous avons décidé d’offrir une activité « à la carte » pour être « biologiste d’un jour ». Le principe est simple, il s’agit d’impliquer autant qu’il est possible les visiteurs dans notre travail quotidien sur le terrain.

En faisant participer les visiteurs à nos travaux quotidiens de conservation ou en adaptant certains d’entre eux pour les rendre accessibles à un plus grand nombre, nous permettons au public de passer dans l’envers du décor et de s’immerger l’espace d’un instant dans la réalité de notre travail de conservation. Les pieds dans l’eau, l’oreille collée à l’Anabat, l’œil rivé sur les jumelles, les doigts occupés à prendre des notes, les visiteurs deviennent des acteurs de nos efforts de conservation et des relais essentiels pour véhiculer nos messages.

Pourquoi inventer de nouvelles activités lorsque notre travail si riche et si passionnant fournit déjà largement matière à s’émerveiller? Cette approche permet de créer un sentiment d’attachement unique entre le visiteur et la matière abordée qui marque profondément et durablement.

« Bonjour Joanne,
 
Merci pour les photos et les sons de chauve-souris.
Le lendemain nous sommes retournés avec son père et son frère dans le sentier et il nous a tout réexpliqué ce qu'il avait appris. Il veut maintenant devenir agent de la faune ou biologiste. On garde un très beau souvenir de notre visite au parc et on espère pouvoir y retourner prochainement.
 
Merci pour notre beau travail et votre passion qui est contagieuse.  »

La première année

Pour cette première année nous avons essayé d’ouvrir la plupart des activités du programme de suivis de l’intégrité écologique (PSIE) à nos visiteurs. Le PSIE, en plus d’être un outil reconnu pour la conservation dans les parcs, permet d’aborder une multitude de sujets qui représentent des enjeux directs pour la conservation sur le territoire. Ce programme représente donc une plateforme privilégiée pour faire se rencontrer professionnels et visiteurs et  sensibiliser les participants.
Qu’il s’agisse d’une sortie très confidentielle à trois sur le lac Témiscouata pour y effectuer le suivi et des mesures de qualité d’eau (RSVL) ou le suivi des plantes calcicoles sur les pointes rocheuses, à une activité ouverte à tous pour s’initier au suivi des chauves-souris, les visiteurs ont eu plusieurs occasions de s’évader dans le quotidien des gardes parcs.

En général, la préparation nécessaire pour accueillir des visiteurs n’est pas trop importante, mais le plus gros du travail demeure la coordination à mettre en place avec le service à la clientèle du parc pour annoncer les activités, prendre les inscriptions et informer les visiteurs. Très souvent, après l’activité, un courriel est envoyé aux visiteurs ayant participé afin de transmettre les résultats de la sortie à laquelle ils ont participé. Ce suivi courriel, bien qu’il prenne du temps, représente un point important dans cette démarche de sensibilisation et renforce le sentiment d’appartenance des visiteurs.

« Bonjour Joanne,

Avec un peu de retard, je veux vous remercier de nous avoir fait suivre les documents sur notre sortie aux chauves-souris le 26 juillet. Ce fut très intéressant, et le document nous a permis de partager cette expérience avec notre famille. Tout le monde aime les chauves-souris maintenant....
 
Continuer votre bon travail, c'est ce qui rend les parcs si intéressants. »

Les résultats

Les activités les plus populaires furent le suivi des chauves-souris et le suivi du pygargue à tête blanche. L’activité chauve-souris « adaptée » du PSIE, suit un protocole simple d’une durée de deux heures. Une brève mise en contexte sur le PSIE et le pourquoi de cet indicateur ainsi que du protocole, précède une collecte d’enregistrements sur le terrain puis une rapide analyse des sonagrammes au retour. Bien que proposée en deuxième partie de soirée, il y a eu en moyenne cet été 27.5 participants par sortie. Les visiteurs ont pu entendre beaucoup de petites chauves-souris brunes, très présentes sur les bords du lac Témiscouata, suggérant que le syndrome du museau blanc est peu ou pas présent pour le moment sur le territoire. En moindre nombre, les participants ont pût également entendre les chauves-souris cendrées, nordiques et rousses. Après chaque sortie, les enregistrements et quelques photos de la sortie étaient envoyés aux participants. Qui aurait pensé un jour que le son des chauves-souris deviendrait un souvenir prisé par les visiteurs?

L’activité de suivi de cours d’eau, incluant le volet « SurVol Benthos »,  a remporté également un vif succès, notamment auprès des familles. Cette activité tout comme d’autres a souvent affiché complet. Mais le faible nombre de participants possible (6-8) et l’intérêt du public nous poussent dès à présent à réfléchir à d’autres moyens pour impliquer toujours plus les visiteurs et leur donner l’occasion de voir et de  participer sur le terrain aux projets de conservation réalisés par le parc.

Tout comme l’archéologie publique réalisée cet été au parc, ces sorties ont démontré le grand intérêt des visiteurs pour des activités animées basées sur la participation et l’implication. En considérant ensemble et de façon égale éducation et conservation, l’intérêt du visiteur est accru et on peut espérer avancer d’un bon pas vers l’objectif d’un parc en santé, de citoyens conscientisés et de zones périphériques mobilisées.

Au total ce sont plus de 280 personnes qui ont participé à ces sorties « spéciales », permettant d’informer les gens sur de grands enjeux comme la qualité des lacs et des cours d’eau et faisant naitre certaines vocations.


Pierre-Émmanuel Chaillon est responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national du Lac-Témiscouata. chaillon.pierreemmanuel@sepaq.com

Photos: Sépaq


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