Témoins de la naissance d’Aiguebelle
28 mai 2013
C’est au siècle dernier qu’arrivèrent les premiers colons d’origine européenne dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Suite à la construction du chemin de fer du National Transcontinental, les pionniers vinrent peu à peu s’établir de part et d’autre du parc national d’Aiguebelle que l’on connaît aujourd’hui. Un projet réalisé en collaboration avec la Sépaq et Productions Abitibi-Témiscamingue Inc. (PAT) a permis de recueillir les témoignages de ces pionniers qui ont vu Aiguebelle venir au monde…
Le projet, une course contre la montre!
C’est pour répondre à l’une des préoccupations du plan de conservation du parc que le projet «d’histoire orale» a vu le jour au printemps dernier. La directrice et l’équipe de conservation éducation désiraient depuis longtemps garder en mémoire les témoignages des pionniers qui se sont établis dans les municipalités entourant Aiguebelle. Le projet devant impérativement se réaliser avant que les pionniers ne s’éteignent, il s’agissait d’une véritable course contre la montre.
Le groupe de communication PAT a donc été contacté afin de monter un projet comportant 15 entrevues filmées, d’une durée de 60 à 90 minutes, avec des pionniers provenant des localités entourant le parc, notamment de Mont-Brun, de Destor et de Taschereau.
La première étape du projet consistait à établir une liste de personnes potentiellement intéressantes pour parler de leur vécu en lien avec le territoire d’Aiguebelle. Par la suite, une pré-entrevue a été réalisée auprès de 30 candidats dont les 15 meilleurs ont été retenus. Notons que certains d’entre eux étaient déjà bien âgés et souffraient parfois de problème de mémoire, ou encore, présentaient un malaise face à la caméra. La candidate interviewée la plus âgée est née en 1922 et est encore en pleine santé!
Des témoignages captivants
Les témoignages recueillis sont tous plus enrichissants les uns que les autres et permettent d’en apprendre davantage sur l’histoire et l’origine de la toponymie de certains plans d’eau du parc. Par exemple, plusieurs récits font mention d’hommes qui allaient se cacher sur le territoire du parc pour échapper à la conscription militaire. Il se réfugiait à proximité du lac que l’on nomme aujourd’hui lac des Peureux.
Dans plusieurs témoignages, il est également question de l’utilisation du territoire pour la récolte des bleuets, suite à l’énorme feu de 1951. Plusieurs mentionnent être allés cueillir des bleuets en famille pour arrondir leur fin de mois. Malgré le statut de réserve depuis 1945 et l’interdiction de chasser l’orignal sur le territoire, certains révèlent leurs méthodes pour déjouer les gardes-chasse! D’autres, comme M. Gilbert, s’installaient simplement à la limite du parc pour appeler les orignaux et les chasser par la suite…
Téléchargez le témoignage (82 Mo)
Certains récits prennent l’allure de véritables légendes. L’un d’eux mentionne un mystérieux John Gorge, un indien qui aurait vécu près de Taschereau; d’autres évoquent des meurtres et des cimetières indiens où l’un d’entre eux aurait été enterré vivant… Bien entendu, il faut faire la part des choses entre l’imaginaire de ces pionniers qui étaient parfois très jeunes et leur mémoire qui leur joue des tours!
Une mise en valeur animée!
Afin de mettre en valeur les récits de ces pionniers, deux nouvelles activités de découverte seront présentées dans la programmation de 2013.
Comme dans l’temps (durée : 45 min)
Venez piquer une jasette avec Mme Hudon installée devant son four à pain. Elle en raconte des « vertes et des pas mûres » sur les pionniers du village et leur appartenance à ce territoire qui deviendra le parc que l’on connaît aujourd’hui. Ce sera peut-être l’occasion de mettre la main à la pâte !
Un lac, une bénédiction (durée : 45 min)
Chers paroissiens, chères paroissiennes, M. le curé vous attend, en ce beau samedi soir, pour la bénédiction du nouveau quai. En ces années-là, le lac aussi est une bénédiction. M. le curé en sait quelque chose !
La grande première se déroulera le 30 juin 2013 au centre de services de Taschereau, lors de l’évènement soulignant les 100 ans de cette municipalité. Venez en grand nombre!
Par Marie-Claude Provost, responsable à la conservation et à l’éducation au parc national d’Aiguebelle. provost.marieclaude@sepaq.com
Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Vidéo : Production Abitibi-Témiscamingue Inc.