Blogue de conservation

Réseau de surveillance des fleurs d’eau de cyanobactéries

17 juillet 2012


Le Regroupement pour la protection du Grand lac Saint-François, à l’intérieur duquel le parc national de Frontenac joue un rôle important, vient de mettre en place un réseau de surveillance des fleurs d’eau de cyanobactéries, communément appelées algues bleu-vert.

L’origine du problème

Depuis le début des années 2000, on constate périodiquement la présence de fleurs d’eau de cyanobactéries au Grand lac Saint-François. Bien qu’elles y soient présentes depuis beaucoup plus longtemps, il semble que leur fréquence et leur intensité aient été plus élevées au cours de la dernière décennie.

Les concentrations élevées des algues bleu-vert qui forment ces fleurs d’eau sont liées à plusieurs facteurs. Les principaux sont des concentrations élevées d’éléments nutritifs, tels le phosphore, et des conditions climatiques favorables. Les fleurs d’eau représentent une problématique sérieuse pour la pratique des activités nautiques au parc (interdiction de baignade, risque sanitaire, diminution de la valeur esthétique du paysage, etc.) ainsi qu’à l’extérieur de celui-ci (contamination de l’eau potable, diminution de la valeur foncière, perte de jouissance des lieux, etc.).

De ce problème naît un outil de sensibilisation

Ces événements s’avèrent, par contre, être d’excellents indicateurs de l’état de santé du lac. La présence de ces fleurs d’eau témoigne d’une concentration trop élevée d’éléments nutritifs. Cet enrichissement contribue à d’autres problèmes tels l’eutrophisation (dégradation) accélérée d’un lac, la diminution du niveau d’oxygène dans l’eau ou la perte de biodiversité.

Pour les citoyens, il est difficile de comprendre ce que signifie réellement une concentration élevée en phosphore ou en azote. Cependant, tous comprennent aisément qu’il y a un problème lorsque l’eau du lac devient verte et qu’il n’est plus possible d’y pratiquer son activité favorite. Chacun perçoit alors davantage l’urgence d’agir et se sent personnellement interpellé pour poser des gestes visant à protéger le lac.

Une prise en charge régionale

C’est dans ce contexte que le Regroupement pour la protection du Grand lac Saint-François a inclus à l’intérieur de son Plan d’intervention en développement durable la mise sur pied d’un réseau de surveillance des fleurs d’eau de cyanobactéries.

Ce réseau s’appuie sur la participation d’une vingtaine de personnes, dont des riverains du lac, des gardes-parc et des patrouilleurs nautiques. Plusieurs fois par semaine, ces derniers rapportent leurs observations de l’état de l’eau qualifié selon une cote qui varie de 0 à 7. Les cotes 0 et 1 dénotent une eau de qualité correcte. Les cotes 2 et 3 réfèrent à une présence importante de cyanobactéries dans la colonne d’eau. Les cotes de 4 à 6 témoignent d’une fleur d’eau qui peut imposer des restrictions d’usage, telle la baignade.

Ces nombreuses observations, combinées à des analyses d’eau réalisées au laboratoire du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, permettront de déceler la présence de cyanotoxines et ainsi de mieux connaître les risques potentiels liés à la santé, et ce, tant pour la clientèle du parc que pour les citoyens de la région.

Des connaissances pour mieux protéger

Les résultats obtenus seront compilés jusqu’au milieu de l’automne. Ainsi, à la fin de l’année, nous aurons un portrait précis de l’état de la situation dans les différents secteurs du lac. Il nous sera aussi possible, d’ici quelques années, de connaître l’évolution des fleurs d’eau de cyanobactéries en termes de fréquence et d’intensité.

Combinés à d’autres indicateurs biophysiques (tels le réseau de surveillance volontaire des lacs qui révèlent l’état trophique du lac) et à des échantillonnages faits aux principaux tributaires du lac, le réseau de surveillance nous permettra de mieux comprendre la dynamique biophysique du lac et de mieux orienter les actions régionales afin d’améliorer sa santé.

Jusqu’à présent...

Les résultats obtenus pour le premier mois (mi-juin à mi-juillet 2012) indiquent que l’eau du lac se situe principalement entre 0 et 2. Les épisodes de fleurs d’eau surviennent cependant plus souvent vers la fin de l’été. Nous suivrons donc ce dossier attentivement cet été et au cours des prochaines années.

* Le réseau de surveillance s’inscrit dans le cadre du Plan d’intervention en développement durable du Grand lac Saint-François et est financé par les Conférences régionales des élus de Chaudière-Appalaches et de l’Estrie, les cinq municipalités riveraines, l’Association des riverains du Grand lac Saint-François, le Conseil régional de l’environnement de Chaudière-Appalaches, le parc national de Frontenac et le Fonds Parcs Québec.


René Charest, responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national de Frontenac, charest.rene@sepaq.com.

Photos : Mathieu Dupuis, Stéphane Poulin et Parc national de Frontenac.


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