Politique sur les parcs nationaux du Québec
Protéger à perpétuité et inspirer la fierté
Le gouvernement du Québec a dévoilé en 2018 une nouvelle politique sur les parcs nationaux du Québec. Il confirme ce faisant l’importance de la conservation de ces territoires exceptionnels et leur contribution à la qualité de vie des citoyens et des collectivités. Coup d’oeil sur des orientations tournées vers l’avenir.
La première politique sur les parcs nationaux date de 1982, au lendemain de l’adoption de la Loi sur les parcs. Le gouvernement du Québec faisait alors le choix de réserver certaines parties du territoire québécois afin d’en faire des lieux de conservation et de loisir accessibles à la population. Il jetait les bases d’un réseau de parcs nationaux en devenir, qui comptait à ce moment-là cinq parcs seulement.
Près de 40 ans plus tard, le portrait est complètement différent. Le réseau comprend 27 parcs nationaux, dont quatre situés au nord du 55e parallèle. Il s’étend sur une superficie de 42 765 kilomètres carrés, ce qui représente 2,6 % du territoire québécois. Et c’est sans compter les 1 246 kilomètres carrés du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, géré conjointement avec Parcs Canada. Au-delà de cette évolution, plusieurs intervenants sont entrés et entreront en scène pour assurer le bon fonctionnement des parcs nationaux, et ce, du nord au sud du Québec. Ce mode de gouvernance, basé sur la collaboration, justifie la mise à jour de la Politique sur les parcs nationaux du Québec.
Se mettre au diapason
Au printemps 2017, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a enclenché les discussions sur de nouvelles orientations pour mettre les parcs nationaux au diapason de la réalité du XXIe siècle. En prenant en compte les changements qui s’étaient opérés durant la dernière décennie, il a organisé des ateliers avec la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), qui gère les parcs nationaux dans le sud du Québec, l’Administration régionale Kativik (ARK), responsable de la gestion des quatre parcs au nord u 55e parallèle, ainsi qu’avec un comité formé de représentants de divers horizons (environnement, recherche, tourisme, regroupement d’usagers). Sur cette base, l’ébauche de la nouvelle politique prenait forme. Elle a ensuite été soumise à des consultations entre mars et mai 2018 auprès d’une douzaine de ministères, des titulaires de baux sur les territoires des parcs nationaux et plus de 40 communautés autochtones.
Près de 300 commentaires ont été recueillis et plusieurs propositions ont enrichi la politique actuelle. Des intervenants ont manifesté leur souhait que le document précise mieux les responsabilités de chacun en matière de conservation et ce qui était attendu d’eux dans ce dossier. « C’était un des principaux objectifs de la Politique de départager un peu mieux les responsabilités de chacun dans le monde des parcs nationaux. C’était aussi primordial de s’assurer de l’adhésion des intervenants aux orientations afin d’optimiser nos actions respectives et d’avancer tous dans la même direction », souligne Isabelle Tessier, directrice à la Direction des parcs nationaux au MFFP.
Les différentes personnes consultées souhaitaient que cette politique ne concerne pas seulement le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et les exploitants des parcs nationaux, mais qu’elle invite tout l’État québécois à considérer le rôle que peuvent jouer les parcs nationaux dans ses divers champs de compétences, notamment en éducation et en santé. « En élevant la Politique à l’échelle gouvernementale, d’autres ministères allaient être en mesure de reconnaître la place des parcs nationaux dans la réalisation de leurs mandats respectifs », précise Isabelle Tessier.
Défis de notre époque
La Politique a été dévoilée le 17 août 2018 par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Ce document est dès lors devenu la référence pour la gestion du réseau. D’entrée de jeu, il décrit le contexte dans lequel évoluent les parcs nationaux et les défis auxquels le Québec doit faire face.
Certains de ces défis touchent spécifiquement l’environnement, comme la perte et l’altération des milieux naturels, ainsi que les changements climatiques. La Politique souligne aussi le potentiel des parcs nationaux pour, entre autres, favoriser un rapprochement avec les premières nations et les Inuits ainsi que pour répondre au déficit-nature, lié au difficile accès à des activités de plein air pour plusieurs citoyens.
Trois grandes orientations
Pour relever ces défis, la Politique fixe trois grandes orientations : poursuivre le développement du réseau des parcs nationaux, assurer la conservation des patrimoines naturels, culturels et paysagers, ainsi que contribuer à la qualité de vie des citoyens et des collectivités.
La planification initiale du réseau des parcs nationaux visait à protéger des territoires représentatifs de chacune des 43 régions naturelles du Québec. Cette planification sera révisée en considérant les autres types d’aires protégées possibles et les aires protégées existantes au Québec. La pertinence de créer de nouveaux parcs nationaux s’appuiera sur plusieurs critères, dont la représentativité des régions naturelles, qui demeurera une des assises du réseau.
Des ententes de création sur le territoire de la Baie-James sont projetées avec les communautés cries de Mistissini et d’Oujé-Bougoumou, qui prendraient respectivement en charge l’exploitation des éventuels parcs nationaux Nibiischii et Assinica. Au Nunavik, le ministère et l’Administration régionale Kativik planchent sur la création du parc Iluiliq. D’autres projets sont à l’étude dans différentes régions du Québec. En ce qui concerne les parcs existants, ils pourront être agrandis afin d’étendre la portée de leur mission de conservation et d’accessibilité dans une perspective à long terme.
Pour assurer la conservation à long terme du patrimoine naturel, la Politique suggère d’adopter une approche de gestion adaptative dans le but d’être proactif devant les changements et d’ainsi améliorer les mesures de gestion. Par exemple, des actions de restauration d’habitat pourraient être envisagées pour protéger des espèces à statut précaire, ou encore le contrôle d’espèces nuisibles. La Politique vise par ailleurs à accorder la priorité aux projets d’acquisition de connaissances qui auront des retombées directes sur la conservation de la biodiversité et la conciliation des usages d’un territoire. Afin de préserver le patrimoine naturel pour les générations futures, elle souligne l’importance d’assurer un suivi de son évolution, notamment en portant une attention particulière à la répartition, à l’introduction et à la précarisation de différentes espèces dans un contexte de bouleversements climatiques.
En matière d’aménagement, les parcs nationaux sont tenus de s’inspirer des meilleures pratiques connues. De plus, le gouvernement s’engage à accompagner les titulaires de baux sur les territoires des parcs nationaux, comme les exploitants de terrains de golf et de centres de ski alpin, pour que leurs pratiques s’inspirent de ce qui se fait de mieux dans leur domaine. Les actions à poser devront aussi s’inscrire dans une dynamique régionale de conservation : les gestionnaires des parcs et les acteurs du territoire en périphérie pourront ainsi collaborer au maintien des écosystèmes profitables à l’ensemble de la région.
Dans une volonté de contribuer à la qualité de vie, la Politique insiste sur l’importance de favoriser l’accès aux parcs nationaux, de renforcer les liens avec les premières nations et les Inuits, ainsi que d’accroître les retombées collectives, entre autres le développement des régions. Elle en appelle aussi à faire connaître les parcs comme des lieux d’éducation, de rapprochement avec la nature et de promotion d’un mode de vie physiquement actif.
Vers des actions concrètes
La prochaine étape consiste à mettre en oeuvre les orientations de la Politique par des actions qui bonifieront le réseau des parcs nationaux. En agissant ainsi par des gestes concrets favorisant la conservation et l’accessibilité, le ministère espère faire émerger un sentiment d’appartenance et de fierté chez les Québécois envers leurs parcs nationaux. Avec la collaboration de l’ensemble des intervenants concernés, le réseau promet donc beaucoup d’action! Restez à l’affût de ce que vous offrent les parcs nationaux du Québec!
Le réseau des parcs nationaux en 5 dates
1895 : Création du premier parc québécois devenu aujourd’hui le parc national du Mont-Tremblant
1977 : Adoption de la Loi sur les parcs
1999 : Délégation de l’exploitation des parcs nationaux situés dans le sud du Québec à la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq)
2001 : Révision de la Loi sur les parcs qui leur donne comme mission prioritaire la conservation du patrimoine naturel
2002 : Délégation de l’exploitation des parcs nationaux situés au Nunavik à l’Administration régionale Kativik (ARK)
Bulletin de conservation 2019
Cet article fait partie de l'édition 2019 du Bulletin de conservation. La version intégrale de ce bulletin est disponible pour consultation.