Des passionnés plus vrais que nature
(Partie 1)
En collaboration avec Jean-Sébastien Massicotte
D’horizons divers, ils ont tous fait le choix de se connecter à la nature d’une manière ou d’une autre, et ils ont mis le plein air et ses activités au cœur de leur vie. Que ce soit en lien avec leur carrière ou simplement pour leur bien-être au quotidien, ces passionnés carburent au grand air et vibrent au rythme des saisons. Découvrez six personnalités plus vraies que nature aux modes de vie inspirants.
Stéphanie Benoit
Loin de s’apitoyer sur son sort en repensant aux derniers mois, Stéphanie Benoit a un éclat de rire dans la voix quand elle constate comment on ne contrôle pas grand-chose en réalité. En octobre 2019, juste avant la pandémie et après 10 ans passés dans l’univers des communications, la jeune femme a fait le saut et lancé son entreprise : Mouvement Montagne. Une manière de combiner son amour du yoga au désir de faire vivre des expériences inoubliables en nature.
« Je suis le type de personne qui organise les vacances de tout le monde en plein air. Tu sais, ce genre d’amie ? », résume en s’esclaffant la femme de 33 ans. Adepte de yoga depuis 13 ans et instructrice à temps plein depuis trois ans, Stéphanie a fait le lien depuis longtemps entre sa pratique et sa passion pour le grand air. « C’est vraiment en nature qu’il y a cette connexion à soi dans le moment présent. » D’où l’idée de partager l’expérience avec un plus grand nombre de gens.
Si la COVID-19 a chamboulé les plans de Mouvement Montagne, Stéphanie a tout de même pu tester son concept avec succès avant la première vague, puis de manière adaptée l’été dernier. Ski de fond, raquette, rando et même, éventuellement, vélo… Les sports de plein air deviennent prétextes à se mettre en action dans une approche différente, par l’ajout du yoga et de la méditation. « Le plein air nous permet d’en apprendre tellement sur nous », estime la future maman, qui attend son premier enfant, une fille, très prochainement. Fraîchement établie dans les Laurentides pour faciliter son contact avec la nature au quotidien, la yogi aventurière anticipe déjà avec enthousiasme son retour à l’action avec clients et bébé!
Gabriel Gakwaya
S’il ne devait suivre que son cœur et ses passions, Gabriel Gakwaya ferait du plein air son occupation à temps plein. Notamment adepte de vélo de montagne, d’escalade et de planche à neige, le spécialiste en marketing numérique ne rate aucune occasion de partager son amour pour les activités d’aventure. «Tout le monde mérite de faire du plein air » lance le sportif de 40 ans.
Fils d’immigrant de première génération, le natif et résident de Québec est bien placé pour comprendre comment certaines expériences peuvent tout changer. « Mon père est rwandais, avec la hutte et tout », raconte Gabriel. Un univers bien loin des activités de plein air que le fils pratique aujourd’hui… C’est un été en Gaspésie au camp de cadet de Cap-Chat qui a allumé la flamme. Six semaines à jouer dehors avec des guides d’aventure. Adulte, il a multiplié les découvertes, ici et ailleurs, et il a développé ce désir de redonner au suivant.
Mordu de vélo de montagne, il a notamment lancé le répertoire en ligne mtbqc.ca et orchestré la mise en valeur du potentiel de la grande région de Québec pour les cyclistes à pneus à crampons. « C’est vraiment là que j’ai eu la piqûre pour le coaching », précise celui qui encadre depuis quelques saisons des cyclistes dans leur progression sur les sentiers.
L’hiver, c’est du côté de splitboardqc.ca que Gabriel accompagne les passionnés de glisse. Depuis 2017, il propose la location de planches à neige divisibles, qui permettent l’ascension des sommets en peaux de phoque. « L’objectif est de faire découvrir ce sport à tout le monde. L’équipement coûte tellement cher! » Le modèle est apprécié et a fait des petits. Après Québec, un point de location est en effet ouvert depuis peu du côté de Sherbrooke.
Père de deux enfants de 8 et 11 ans, Gabriel Gakwaya n’a pas à chercher bien loin pour transmettre sa passion du sport au quotidien. « Ils ont déjà commencé! Mais sans aucune pression. Des moments pour soi, pour connecter avec l’environnement. Pour le plaisir, pas pour la compétition. »
Voir cette publication sur Instagram
Florence Rivest
On pourrait imager que le canot qui transporte Florence Rivest a trouvé un bel élan dans le courant. Depuis un an, la peintre et illustratrice originaire de Montmagny profite d’une belle visibilité et vit de son art. « Je me suis développé un créneau plein air », explique la pétillante artiste, dont les créations sont de plus en plus mises de l’avant par diverses publications et organisations liées à la nature, à la conservation et à l’aventure.
Élevée au sein d’une famille versée dans le plein air — ses parents ont célébré leur lune de miel au mont Washington —, Florence a passé les étés de sa jeunesse dans les camps Odyssée, d’abord comme campeuse, puis comme guide d’expédition en canot. Dès l’âge de trois ans, Florence a constaté qu’elle avait un talent particulier. « J’ai réalisé que j’étais meilleure en dessin que mon grand frère », relate en rigolant l’artiste aujourd’hui âgée de 27 ans.
Diplômée en design graphique « pour rassurer » ses parents, la jeune femme a toujours traîné ses carnets de dessins au fil de ses aventures. À la recherche de l’émotion au cœur des paysages et de la lumière, Florence voit plus que jamais son art comme un outil pour faire œuvre utile. « Je veux faire plus que du beau », précise celle qui adore enseigner ses techniques et qui n’hésite pas à s’engager pour les causes qui lui sont chères, comme le respect de la nature. Ce qui fait qu’entre de vibrants paysages et des personnages colorés à la gouache, elle réalise aussi des illustrations commentées et ludiques, comme ce guide du sans trace ou encore celui destiné aux néophytes du canot-camping. « J’adore le plein air. Je suis née là-dedans, c’est mon héritage. » Et Florence le partage bien.
florencerivest.com | Instagram | Facebook
Voir cette publication sur Instagram
Lucas Holmes
Né en Gaspésie, Lucas Holmes gravissait déjà les plateaux du mont Albert, dans les Chic-Chocs, à l’âge de 6 ans! Son père lui a transmis de manière précoce son amour pour la montagne et la mer. Ski, rando, vélo de montagne, voile… Lucas a ce désir insatiable d’explorer. Il s’est fait une spécialité de dénicher les petits joyaux cachés dans notre cour arrière, lui qui plus jeune rêvait et s’inspirait de la culture d’aventure mise en valeur dans l’Ouest canadien. De là est né Le Backyard, un blogue et une page Facebook dédiés à des aventures principalement locales, mais toujours originales. « Notre cour arrière regorge de potentiel », assure Lucas. « Je voulais créer un porte-voix. »
Architecte d’affaires chez Revenu Québec, le diplômé en administration a su bâtir dans ses temps libres, au fil des dernières années, une impressionnante communauté qui apprécie l’inédit et les périples loin des sentiers battus. « Faire découvrir de nouveaux coins aux gens, c’est ce qui me fait triper! », affirme ce sportif de 32 ans, basé à Lévis.
D’une énergie contagieuse, Lucas Holmes aime tirer le maximum de chaque journée. Quelques descentes dans la poudreuse avant de rentrer au bureau le matin? Pourquoi pas! Même le couvre-feu durant la pandémie n’a pas enrayé son désir d’exploration. « Ça amène à être créatif! » Devenu papa pour la première fois quelques heures seulement avant notre entretien, Lucas a déjà hâte de s’évader avec son précieux Malcolm. « On le fait pour des amis, pour des inconnus, mais là, ça me fait triper de partager des aventures avec cet humain-là! » L’histoire du père et son fils qui se répète. Clairement une question d’ADN chez les Holmes.
Voir cette publication sur Instagram
Mireille Roberge
Même en vacances, oubliez la grasse matinée pour Mireille Roberge. « Me lever au petit matin pour aller courir, j’adore ça! » Chroniqueuse depuis trois ans à Première heure avec Claude Bernatchez, l’émission matinale sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première à Québec, la femme de 46 ans ne manque certainement pas d’énergie.
Sur le coup de 5 h 30, du lundi au vendredi, elle est prête à entrer en ondes en direct du terrain pour raconter la vie communautaire de la capitale et présenter la météo. Sportive confirmée, Mireille manque rarement une occasion de mettre en valeur un sujet lié au plein air et à l’aventure. Et il n’est pas rare qu’elle se retrouve elle-même au cœur de l’action. « J’essaie d’équilibrer. L’équipe sait que j’aime beaucoup jouer dehors ! » ajoute-t-elle avec sa bonne humeur habituelle.
Son intérêt pour l’action et le sport est devenu au fil des ans un véritable mode de vie. Une soif continuelle de relever des défis qui a teinté sa carrière dans les médias avec notamment une couverture des Jeux olympiques de Sydney en 2000 et une traversée du Canada à vélo en 2007, tout en racontant l’aventure. Gravir un sommet en ski de haute route pour voir le lever du soleil, courir en sentier ou filer en vélo de montagne, voilà autant d’activités qui oxygènent de manière régulière le quotidien de cette native de Québec. « On parle souvent de l’impact bénéfique de la nature sur la santé mentale », souligne-t-elle. Un contact qui lui offre une zénitude bienfaisante et une connexion avec l’environnement devenue essentielle. « Pour moi, c’est tellement important ! ».
Jean-Sébastien Guénette
Jean-Sébastien Guénette se souvient bien du début de sa « maladie ». Il avait 12 ans et c’est un cadeau d’anniversaire reçu par sa petite sœur qui a tout fait basculer. « C’était un livre sur les oiseaux et une mangeoire », raconte l’homme de 42 ans au sujet du présent plutôt simpliste, mais qui avait capté son attention. Au bout de quelques semaines, il réussissait à attirer les premiers spécimens dans la cour de la maison familiale, à Saint-Mathieu-de-Beloeil. Il était séduit. « Mais ç’a pris du temps avant que je découvre des gens avec la même maladie! »
Sans les réseaux sociaux et l’omniprésence d’Internet, ce n’est que des années plus tard que Jean-Sébastien a fini par entrer en contact avec un réel ornithologue. Il se souvient encore de cette première séance d’observation guidée qui n’a que confirmé son intérêt pour la faune ailée. Une maîtrise en biologie plus tard, sa carrière en sciences a fini par le mener à la barre de QuébecOiseaux. Directeur général depuis 15 ans de l’organisme qui regroupe les clubs et sociétés d’observateurs d’oiseaux du Québec, Jean-Sébastien affiche toujours autant d’enthousiasme à partager sa passion de petit gars. Que ce soit pour rédiger un article, guider une excursion d’observation ou encore pour vivre de beaux moments en famille, tous les prétextes sont bons pour partir en nature. Qu’importe l’endroit. « Tu te lèves le matin et tu ne sais pas ce que tu vas trouver et observer », résume l’ornithologue, qui a posé les yeux sur la quasi-totalité des quelque 350 espèces d’oiseaux réguliers du Québec. Mais la quête est loin d’être finie pour autant. « Je ne connais personne qui a accroché ses jumelles. Tu as cette passion jusqu’à ta mort! ».
À propos de Jean-Sébastien Massicotte
Journaliste de formation et sportif tout terrain, Jean-Sébastien ne rate jamais l’occasion de passer à l’action au bénéfice d’une bonne histoire. Chroniqueur, photographe et créateur de contenu d'aventure indépendant basé à Québec, l’Abitibien d’origine est reporter spécialisé plein air depuis 2011. Il collabore notamment au magazine Espaces.