Outils technos pour ornithologues amateurs
En collaboration avec QuébecOiseaux
Les jumelles et le guide d’identification ont toujours été considérés comme l’équipement de base de l’ornithologue. Mais depuis quelques années, de nombreuses applications mobiles et autres outils technologiques se sont ajoutés à cette liste. Voici un aperçu des outils les plus utiles pour parfaire vos observations.
eBird Québec
La plateforme eBird a révolutionné la pratique du loisir ornithologique. En plus de compiler les observations au bénéfice de la science et de la conservation des oiseaux partout sur la planète, elle offre une panoplie d’outils de visualisation des données, des alertes, etc.
Parmi ces outils, des cartes de distribution et des histogrammes permettent de savoir où et quand trouver certaines espèces convoitées. Ou de savoir quelles espèces ont été observées récemment dans le parc que vous vous apprêtez à visiter. Les maniaques de statistiques peuvent aussi suivre le nombre d’espèces observées annuellement ou à vie au Québec, dans leur cour, etc. Vous pouvez même configurer des alertes pour être informé lorsqu’un oiseau rare ou une espèce que vous n’avez encore jamais observée dans votre région se pointe le bout du bec.
Une application mobile gratuite permet de noter facilement vos observations, directement pendant votre randonnée, et de les partager avec l’ensemble de la communauté.
La validité des observations est assurée par un réseau d’ornithologues bénévoles qui connaissent très bien les oiseaux de leur région. Ce réseau est géré par QuébecOiseaux.
Créé par le Cornell Lab of Ornithology, eBird compte aujourd’hui plus de 685 000 contributeurs à travers le monde. Il est intéressant de savoir que la création de cette plateforme a été inspirée en grande partie par la base de données ornithologiques ÉPOQ (Étude des populations d’oiseaux du Québec), créée en 1975 à Rimouski.
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iNaturalist
La plateforme iNaturalist ressemble beaucoup à eBird, à la différence qu’elle a été conçue pour compiler les observations de tout ce qui est vivant, pas seulement les oiseaux. Vous pouvez donc y noter vos observations de plantes, champignons, insectes, reptiles, mammifères, etc.
Tout comme eBird, vous pouvez contribuer à iNaturalist en utilisant le site Web ou l’application mobile gratuite. Encore là, des cartes de distribution et des histogrammes sont disponibles.
Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est l’intégration d’un outil d’identification automatique très performant. Vous ne connaissez pas le nom de la fougère ou de l’insecte que vous avez sous les yeux? Prenez-le en photo et iNaturalist vous suggérera en une fraction de seconde une liste d’espèces correspondantes. Et si vous n’êtes toujours pas certain de votre identification, une armée de naturalistes bénévoles vous aidera à la préciser ou à la corriger.
Guides d’identification
Au lieu de traîner un guide d’identification dans le fond de leur sac à dos, plusieurs ornithologues choisissent de l’avoir directement dans leur téléphone intelligent. Les plus populaires sont Sibley Birds et iBird Pro. Dans les deux cas, il faut prévoir une vingtaine de dollars pour l’achat des applications.
Dans le cas de Sibley, il s’agit de la version numérique du célèbre guide papier, avec les très nombreuses illustrations qui ont fait sa renommée. L’application est en anglais, mais on peut la configurer pour que le nom des oiseaux s’affiche en français. Un moteur de recherche aide à identifier ce qu’on observe sur la base de quelques critères (comportement, taille, forme du bec, couleur, etc.). La possibilité d’écouter le chant ou les cris de chacune des espèces est évidemment un gros avantage comparativement à la version papier.
Il n’existe pas d’équivalent papier pour iBird Pro. Ce guide d’identification a été créé spécifiquement pour être utilisé sur un téléphone. Comparativement à Sibley, l’application contient des illustrations et des photos. Les autres fonctionnalités (chants d’oiseaux, moteur de recherche, etc.) sont très similaires.
Merlin
Voilà une autre application produite par le Cornell Lab of Ornithology et conçue en lien direct avec eBird. Elle comporte trois volets, dont le premier est plutôt explicite : on indique le lieu, la date, la taille de l’oiseau, sa coloration et son comportement, et l’application fournit une liste des espèces possibles, avec photos et vocalisations. On nous indique même si l’oiseau fait déjà partie de notre liste.
Dans le deuxième volet, on soumet une photo et l’application identifie l’oiseau, comme iNaturalist, avec une efficacité surprenante.
Pour le troisième volet, qui pourrait être défini comme un guide personnalisé d’identification des oiseaux, l’application dresse la liste des espèces attendues à l’endroit où on se trouve et selon le moment de l’année, basée sur les données d’eBird. En cliquant sur une des espèces, on obtient photos, vocalisations et carte de distribution.
Pour être fonctionnels, ces volets nécessitent le téléchargement d’ensembles régionaux d’espèces (bird packs). À part une portion de l’Afrique et de l’Asie, il en existe pour toute la planète.
BirdNET/Song Sleuth
Plusieurs ornithologues attendent depuis des années l’arrivée du fameux « Shazam » des oiseaux. Et c’est effectivement ce que proposent ces deux applications : BirdNET et Song Sleuth.
Le principe et le fonctionnement sont identiques pour ces deux applications : on enregistre le chant d’un oiseau et l’application fournit une liste d’espèces correspondantes. La grande difficulté ici est d’obtenir un enregistrement dans lequel le chant qu’on veut identifier ressort vraiment des bruits ambiants, ce qui inclut le chant des autres espèces d’oiseaux.
Ces deux applications sont gratuites.
À propos de Jean-Sébastien Guénette
Biologiste de formation, Jean-Sébastien a complété une maîtrise à l’Université de Moncton sur les seuils de tolérance des oiseaux forestiers à l’altération de leur habitat. Il a ensuite travaillé comme agent de recherche pour la Chaire de recherche du Canada en conservation des paysages, puis dans le domaine privé ainsi qu’à l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac. C’est en 2005 qu’il a accédé à la direction de QuébecOiseaux. En plus de l’ornithologie, à laquelle il voue une véritable passion, Jean-Sébastien s’intéresse beaucoup à la technologie, aux voyages et à la photographie.