5 livres québécois à lire cet automne pour les amoureux de nature
Par Émilie Perreault
Alors que les journées raccourcissent et que le froid s’installe doucement, l’automne est la saison parfaite pour ralentir le rythme et s’évader dans la lecture. Qu’il s’agisse de s’installer près d’une fenêtre pour admirer les feuilles qui tombent ou de se blottir dans un coin confortable avec une boisson chaude, un bon livre est toujours un compagnon parfait. Encore une fois cette année, Émilie Perreault, passionnée de littérature et animatrice de l’émission Il restera toujours la culture à Radio-Canada, nous propose une sélection de livres québécois pour accompagner ces moments de détente. Préparez-vous à plonger dans des récits captivants qui célèbrent l’automne et la nature sous toutes ses formes.
Plein leurs yeux
Édith Lemay
Publié aux Éditions de L’Homme
Le pire sentiment pour un parent, c’est l’impuissance. C’est ce qu’on ressenti Édith Lemay et son conjoint quand, dans le bureau d’un médecin, ils ont eu l’impression qu’on effaçait leur futur en annonçant le diagnostic d’une maladie génétique rare qui provoquera à long terme la cécité (rétinite pigmentaire) pour 3 de leur 4 enfants. Quand on leur a conseillé de remplir la mémoire visuelle de leur progéniture pendant qu’il était encore temps, ils ont décidé de partir en voyage autour du monde. Cette quête d’émerveillement aura finalement aussi été une leçon pour les parents, que ce soit en apprenant à ne pas projeter leurs inquiétudes ou inconforts sur leurs enfants, mais aussi en apprenant à voir la beauté du monde dans les détails qui captivent les touts petits et qui échappent aux adultes pressés de voir le grandiose. Un livre qui fait profondément du bien.
Nanikana
Rodrigue Turgeon
Publié aux éditions Esprit Libre
Dans ce récit d’aventure qui flirte avec l’essai environnemental, Rodrigue Turgeon raconte une expédition en canot de 26 jours en compagnie de son frère et deux amis entre Amos et Moosonnee sur le fleuve Nanikana, aussi connu sous le nom de rivière Harricana. Avocat pour les droits autochtone et pour tous les citoyens qui veulent protéger la nature, Rodrigue Turgeon correspond à la définition de gardien du territoire. En utilisant plusieurs mots en anishnabemowin, la langue anishinabee, comme Nanikana qui signifie la voie principale, il célèbre et met en lumière l’importance du patrimoine naturel. Ce récit enlevant nous ramène à une position d’humilité face à la nature et la force d’un fleuve qui peut nous en apprendre sur nous-même.
Avide
Myriam Vincent
Publié chez Poète de brousse
Aliénée par son travail qui ne la motive plus, Ève, 28 ans, laisse tout tomber pour s’embarquer dans un projet de randonnée intense. Ce n'est pas tant l’amour de la nature qui l'appelle que l'appât du gain: elle s’embarque dans une chasse aux trésors grandeur nature organisée par une riche collectionneuse d’art qui a caché un butin d’une valeur d’un million de dollars dans l’un des Parcs Nationaux du Canada. Avec ce troisième roman, Myriam Vincent explore les thèmes du capitalisme sauvage, des inégalités de richesse et l’aliénation du monde du travail dans la forme du récit d’aventure. Inspirée d’une réelle chasse aux trésors orchestrée par un vieil homme riche aux États-Unis qui a incité 350 000 personnes à tenter leur chance, l’autrice offre un roman qui nous fait réfléchir et surtout, douter de ce qui est vrai ou faux.
Voyage vers une fusée
Soline Asselin
Publié aux éditions Marchand de feuille
Premier roman pour cette autrice qui propose une forme hybride entre le récit de voyage, l’essai et l’autofiction. La narratrice a été fortement marquée par la passion de son père pour l’astronomie. Des années après sa mort, elle décide d’entreprendre le voyage qu’ils avaient fantasmé pour assister au décollage d’une fusée à Cap Canaveral. Dans ce road trip en solo qui la mène du Québec vers la Floride, elle en vient à réfléchir aux femmes aventurières qui l’ont précédé. Récit bien mené qui se lit d’une traite tout en nous amenant à nous questionner sur l’ambivalence qu’on peut ressentir pendant une aventure. Soline Asselin souligne que la racine du mot explorer pourrait être traduire par Pleurer au loin. On y apprend aussi ce qu’est la dromomanie, un symptôme dont plusieurs voyageurs sont atteints!
Un lac le matin
Louis Hamelin
Publié aux éditions Boréal
« Un lac le matin » est le deuxième roman d’une trilogie que l’auteur Louis Hamelin souhaite consacrer à de grands naturalistes américains. Dans celui-ci, il s’intéresse au mythique auteur de « Walden ou la vie dans les bois » David-Henry Thoreau qui a vécu dans une cabane au bord du lac Walden pendant 2 ans, 2 mois et 2 jours. C’est un défi de s’approprier cette légende de la littérature américaine considéré comme le père de la simplicité volontaire et grand penseur écologique, mais Louis Hamelin a senti qu’il tenait une piste intéressante avec un personnage secondaire qui est évoqué dans le livre « Walden » Alex Therrien. C’est l’amitié avec ce canadien français qui avait le même âge que Thoreau, 28 ans, qui a inspiré l’auteur québécois à mettre en scène un Thoreau en chair et en os avec des contradictions. On retient l’importance d’avoir des convictions et la liberté de penser par soi-même, ce qui est souvent plus facile à faire au milieu du bois.
À propos d'Émilie Perreault
Émilie Perreault a une mission : donner envie au public de consommer la culture sous toutes ses formes. Elle est convaincue qu’une œuvre d’art peut changer le monde une personne à la fois et elle consacre toute son énergie à le démontrer, notamment avec ses projets Faire œuvre utile (aux Éditions Cardinal, puis à Radio-Canada) et Service essentiel (Éditions Cardinal). Femme de défi, Émilie a été de la folle aventure de Cette année-là aux côtés de Marc Labrèche. Depuis l’automne 2022, elle anime la quotidienne Il restera toujours la culture à la radio de Radio‑Canada.