L’œil de lynx d’Isabelle

Examiner les mâchoires d’un ours blanc, faire une prise de sang à un phoque ou anesthésier un sébaste… le quotidien d’Isabelle Gaudet est loin d’être banal! La technicienne en santé animale se sent choyée d’avoir un contact privilégié avec tous les animaux de l’Aquarium du Québec. Rencontre avec une femme d’expérience.

Aquarium du Québec Aquarium du Québec
Aquarium du Québec Simon Clark | © Sépaq

À 47 ans, Isabelle Gaudet a presque tout fait dans le domaine de la santé animale. Après ses études en Techniques de santé animale au cégep de La Pocatière, elle travaille dans des cliniques vétérinaires, en laboratoire de recherche et comme responsable de la reproduction équine. Elle enseigne aussi en santé animale au cégep où elle a étudié.

Au départ, rien ne la prédestinait à la carrière qu’elle mène aujourd’hui. « Je m’orientais vers le travail de recherche sur les animaux en laboratoire pour l’avancement et la découverte de traitements médicaux. En fait, je m’orientais vers la pathologie. Mais quand j’ai fait mes stages au Zoo de Granby, j’ai eu la piqure pour aller vers les animaux exotiques », concède la technicienne en santé animale.

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Aquarium du Québec Stéphanie Tremblay | © Sépaq
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Aquarium du Québec Stéphanie Tremblay | © Sépaq

Le rêve d’une vie

Même si elle se plait dans ses premières expériences de travail, son plus grand rêve, c’est de soigner les animaux de l’Aquarium du Québec. « Quand j’ai terminé mon programme en santé animale au cégep de La Pocatière en 1996, il y avait peu d’emplois dans ce domaine. Je pense que j’ai envoyé mon curriculum vitae à l’Aquarium du Québec au moins 15 fois. C’était mon projet de carrière de travailler à cet endroit », admet Isabelle.

Son rêve devient réalité en 2019, alors qu’elle a 43 ans. Toutes les connaissances qu’elle a acquises au cours des 27 dernières années l’aident maintenant à prendre soin des animaux de l’Aquarium. Avec son œil de lynx, elle est capable de voir quand l’animal est bien et quand il est stressé.

Comme un poisson dans l’eau

Ce qu’elle aime le plus dans son travail, qu’elle fait depuis bientôt 4 ans, c’est son contact privilégié avec 300 espèces différentes. Phoques, raies, pieuvre , hippocampes, oiseaux de proie, les animaux de l’Aquarium ont tous leurs particularités.

Avec les nombreuses variétés de poissons qu’elle côtoie chaque jour, elle ne s’ennuie pas! « Pour chaque nouveau poisson, je me documente. Je regarde, par exemple, les maladies les plus connues chez cette espèce. Quand des symptômes apparaissent, ça allume une lumière chez moi. Il faut toujours se tenir à jour, aller suivre des formations et apprendre les manières de faire adéquates selon l’animal », précise la spécialiste.

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Aquarium du Québec Melvin Toullec | © Sépaq
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Aquarium du Québec Melvin Toullec | © Sépaq

Puisque des milliers de poissons séjournent à l’Aquarium, les soins à prodiguer à sa clientèle à écailles sont fréquents. Il n’est pas rare qu’elle doive assister la vétérinaire lors de chirurgies, et c’est d’ailleurs une partie de son travail qu’elle adore. « C’est valorisant de savoir qu’on peut sauver des vies », avoue candidement Isabelle.

Les techniciennes sont responsables de l’anesthésie, de préparer le matériel, de veiller à ce que tout soit stérile et de s’assurer de l’évolution de la guérison. Récemment, Isabelle a participé à la pose d’une prothèse pour remplacer l’œil d’un bar rayé, une expérience peu commune.

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Aquarium du Québec Stéphanie Tremblay | © Sépaq
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Aquarium du Québec Stéphanie Tremblay | © Sépaq

Soigner le plus grand prédateur terrestre

Même si chaque pensionnaire de l’Aquarium a son charme, l’ours blanc est sans contredit l’animal qu’elle préfère soigner. « Je me sens privilégiée d’être en contact avec Kinuk et Shouka, même si, évidemment, tout se fait à travers une cage et avec des mesures de sécurité strictes. Les ours parlent beaucoup avec leurs yeux et leur corps, on est capable de percevoir s’ils sont calmes ou fâchés. Au fil du temps, j’ai développé un beau lien de confiance et de belles interactions avec eux », déclare-t-elle fièrement.

Chaque traitement administré aux ours blancs est soigneusement planifié et préparé avec la vétérinaire, les techniciennes en santé animale et les guides animaliers. Il s’agit d’un remarquable travail de collaboration. Vaccin, vermifugation, bilan de santé annuel, tous ces soins se font de façon volontaire, sans anesthésie, grâce aux entraînements biomédicaux.

Ces derniers sont réalisés chaque jour avec des entraîneurs. Par exemple, si l’un des ours doit être vacciné, il est entraîné par renforcement positif à tendre l’épaule vers le grillage afin qu’une technicienne en santé animale puisse lui faire l’injection. « Je ne ressens pas de peur quand je fais de telles manipulations, puisque je sais que nous sommes bien préparées », dit-elle calmement, même si elle est consciente qu’elle côtoie de près le plus grand prédateur terrestre.

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Aquarium du Québec Julie Audet | © Sépaq
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Aquarium du Québec Kléo Carrier | © Sépaq

Un grand jour

Sa plus grande fierté demeure assurément la prise de sang qu’elle a réussi à faire à Kinuk le 9 février 2023, après un an d’essai, avec le soutien de l’entraîneuse aux mammifères marins, Kléo Carrier .

« Une prise de sang comme celle-là est difficile à réaliser, puisqu’il faut palper l’ours, avec tout son poil, et trouver la veine à l’aveugle. J’avais beaucoup d’espoir de réussir parce qu’il était calme cette journée-là. C’est vraiment une grande joie d’avoir accompli ça sur un jeune ours en début d’entraînement », se réjouit Isabelle.

Pour le moment, elle est la seule technicienne de son équipe à faire de tels soins avec Kinuk, histoire de maximiser les chances de réussite. « Il m’accepte bien, je demeure à l’écoute de ses limites et j’ai une belle complicité avec son entraîneuse, Kléo. Peu à peu, les autres techniciennes en santé animale seront intégrées pour que Kinuk se familiarise avec l’ensemble du personnel », ajoute l’experte.

Nouveaux pensionnaires, nouveaux défis

L’arrivée à l’Aquarium de trois renards arctiques du Zoo sauvage de Saint-Félicien comporte son lot de défis pour l’équipe de santé animale. C’est justement ce à quoi carbure Isabelle. « Il faut les apprivoiser en respectant leurs limites, puisqu’on ne force jamais l’animal. Notre rôle, c’est d’adapter nos soins et de choisir le traitement le moins contraignant pour eux », précise-t-elle.

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Aquarium du Québec Kléo Carrier | © Sépaq
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Aquarium du Québec Kléo Carrier | © Sépaq

Pour démarrer sur des bases solides avec ces nouveaux pensionnaires, elle est allée marcher dans leur enclos pour observer leurs comportements, leurs démarches et leurs caractéristiques physiques. Des bilans de santé plus complets seront réalisés plus tard, une fois la relation de confiance bien établie.

D’ici quelques années, l’Aquarium du Québec accueillera aussi des loutres de mer et de nouvelles variétés de phoques. Avec le projet Louphoque, Isabelle sera servie côté défis! On peut dire qu’elle est au bon endroit parmi les animaux de l’Aquarium, avec ce désir de tout mettre en œuvre afin qu’ils restent en santé le plus longtemps possible.

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