Apprivoiser la pêche à la mouche
Par Émile David, passionné de pêche
Depuis quelques années, la pêche à la mouche connait un grand regain de popularité. Auparavant perçue comme une activité vieillotte et plutôt difficile d’accès, elle est devenue la préférée d’une toute nouvelle génération de pêcheurs qui parcourent les lacs et rivières de la province armés de leurs longues cannes et chaussés de bottes hautes. Mais d’où vient cet engouement pour la belle valse aérienne qui vise à placer une mouche dans l’eau?
Voici un aperçu des différentes techniques, pratiques et philosophies en lien avec cette activité de plus en plus répandue.
Qu’est-ce que la pêche à la mouche?
La mouche, c’est le nom qu’on donne au leurre dans ce type de pêche. Il peut imiter un insecte volant, mais aussi un poisson ou autre petite créature.
Ce qui caractérise la pêche à la mouche, c’est qu’on utilise le poids de la soie (le fil à pêche) pour charger la canne d’énergie et ensuite propulser le leurre. En comparaison, dans la pêche au lancer léger, c’est le poids du leurre qui tend la canne et imprime son mouvement à la ligne, ce qui en fait une technique plus facile à acquérir. (De la même manière que lancer une balle est plus facile que lancer une corde…)
En pêche à la mouche, bien activer la canne exige donc un mouvement et un synchronisme précis, qui s’acquièrent avec un peu de pratique. L’avantage, c’est que cette technique permet une présentation très naturelle de leurres légers, fort efficaces pour attirer de nombreux types de poissons.
C’est quoi, cet engouement?
J’ai commencé à pêcher au lancer léger à peu près en même temps que j’ai appris à marcher. Ce n’est que vers l’âge de 12 ans que j’ai entrepris la pêche à la mouche. En grandissant au bord d’un lac, j’ai pu faire pas mal de tests. Mais je dois dire qu’à l’époque, je prenais pas mal moins de poissons à la mouche qu’avec mes vers de terre… Pour n’importe quel débutant, peu importe son âge, les bons côtés de la pêche à la mouche ne sont pas toujours évidents au départ!
Ma moucheuse (canne pour la pêche à la mouche) a continué à traîner au sous-sol. Au fil des ans et des expériences, le nombre d’occasions propices à son utilisation a augmenté. Au départ, je la sortais frénétiquement quand une éclosion d’éphémères créait une effervescence à la surface du lac. Puis, j’ai découvert la pêche en rivière, où la canne à moucher s’avère particulièrement efficace pour quadriller systématiquement les fosses. Avec le temps, je me suis mis à savourer certains aspects plus subtils, comme le contact direct avec le poisson lors d’une attaque ou la finesse de la présentation qu’on obtient avec une mouche. Peu à peu, lancer une cuillère est devenu une expérience comparable à celle de tirer des roches… (Ce qui n’est pas mal en soi : j’adore tirer des roches, mais les poissons en sont moins friands.)
Mais ce ne sont pas ces détails qui font de la pêche à la mouche une activité si unique. C’est plutôt l’apprentissage de la technique. Perfectionner ses lancers et sa lecture des courants est une aventure passionnante en soi, qui peut durer des années. Cela dit, une fois qu’on maîtrise les bases, on peut rapidement capturer de belles prises. Qu’on soit expert ou débutant, il y a un seuil à partir duquel un lancer est un lancer…
Quoi qu’il en soit, la plupart des moucheurs vous diront que le geste est souvent la principale préoccupation lorsqu’on pêche à la mouche. À en oublier le poisson, à en oublier tout le reste. Ce qui en fait une activité hautement méditative : assez facile pour relaxer, mais assez exigeante pour vous garder dans l’instant présent. Même en groupe, chacun est plongé dans le flot du moment et se retrouve seul avec lui-même, sa canne et la rivière. Le poisson, c’est la cerise sur le gâteau. (En comparaison, la pêche au lancer léger — qui peut s’effectuer avec un niveau de concertation variable — est plus propice à une ambiance festive en groupe. La prise de poissons est alors au cœur de l’expérience.)
La pêche à la mouche est donc étroitement liée à votre état d’esprit, qu’elle peut bien sûr apaiser. Pour ma part, je savoure particulièrement la sérénité qui m’habite après quelques heures à moucher. Mais je transporte quand même toujours mes deux attirails. Parce que parfois, j’ai juste envie de remplir un quota de dorés. J’apprécie alors le côté franc d’un lancer léger, qui permet d’aller chercher le poisson où il se trouve, sans flafla.
Par où commencer?
Côté équipement, il existe des ensembles incluant canne, moulinet, soie et avançon (la partie terminale d’une ligne à pêche, à laquelle on fixe l’hameçon) qui vous procureront du plaisir pendant longtemps. Une canne no 6 est assez polyvalente pour l’achigan, la truite et le doré. Une canne no 7, 8 ou 9 vous permettra de pêcher le brochet et le saumon. (Ce chiffre fait référence à la résistance de la canne : plus il est petit, plus la canne est flexible. Une canne au chiffre plus élevé sera donc plus résistante et mieux adaptée aux gros poissons.)
Quant aux mouches, les modèles sont extrêmement variés. Voici toutefois quelques incontournables (pour la plupart, baptisés en anglais) :
Les streamers (imitations de petits poissons)
- Wolly Bugger
- Clouser Minnow de type lesté
- Muddler
Les mouches sèches
- Elk hair caddis
- Adams
- Royal Wulff
- Purple Dun
- Blue winged olive
Les mouches émergentes
- Copper John
- Nymphes (oreille de lièvre et queue de faisan)
- Fourmis
Les mouches pour prédateurs
- Popper
- Intruder
Pour choisir la bonne mouche, comme pour apprivoiser la technique, je vous recommande vivement de faire appel à un guide de pêche, un professeur de lancer ou un proche expérimenté. Sans accompagnement, les premières expériences peuvent s’avérer assez frustrantes pour vous enlever le goût de recommencer, ce qui ce serait bien dommage… Dans les destinations de la Sépaq, les experts sur place seront heureux de partager avec vous leurs astuces concernant les secteurs les plus propices, les mouches à privilégier et autres trucs de pros!
La pêche à la mouche est une activité sans pareille. Sa gestuelle, son équipement et son ambiance uniques la placent à la croisée des chemins entre le sport, l’art et la méditation. Au cœur de cette belle confluence explose parfois un feu d’artifice : un poisson au bout de la ligne!
Pour en finir avec la pêche à la mouche, je dirais donc simplement qu’il faut commencer.
À propos d'Émile David
Élevé dans une famille de chasseurs et de pêcheurs, Émile a toujours travaillé de façon à passer un maximum de temps en nature. Il aime les bonnes histoires, surtout celles qui soulignent la poésie dans l’ordinaire. L’écriture, la photo et la vidéo représentent les médiums avec lesquels il aime le plus travailler, mais il songe toujours à lancer sa carrière de chanteur. D’ici là, il vous partage ses écrits sur le blogue de la Sépaq et son amour pour la chasse à travers la websérie Chasse Québec.