Blogue de conservation

Suivi du plus petit héron de l’Amérique du Nord

19 juin 2012


Depuis l’an 2000, le service de la conservation et de l’éducation du parc tentait de confirmer officiellement la nidification du petit blongios. Ce petit héron discret et difficilement observable est inscrit sur la liste des espèces vulnérables au Québec. Or, lors d’un inventaire en 2009, nous avons fait une découverte qui nous a permis d’ajouter une espèce de plus à notre liste d’oiseaux nicheurs au parc.

Un milieu humide parfait pour le plus petit héron d’Amérique du Nord!

Le parc national des Îles-de-Boucherville est constitué de plusieurs milieux humides dont un grand marais d’eau douce dominé par le phragmite et la quenouille et où le niveau d’eau varie selon la période de l’été. C’est dans un habitat comme celui-ci, que le petit blongios retrouve les conditions idéales à son cycle de vie. Cet oiseau fait partie de la même famille que les hérons, le butor et les aigrettes, mais sa taille est significativement plus petite, puisqu’il mesure entre 28 à 36 cm. Il est d’ailleurs le plus petit héron en Amérique du Nord. La population nicheuse du Québec totaliserait environ 200 à 300 couples qui sont, depuis toujours, très localisés. Selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, la grande majorité des mentions proviennent des régions situées le long des rivières des Outaouais et Richelieu, et du fleuve Saint-Laurent, en amont de Québec, ainsi qu‘au sud du fleuve jusqu'aux environs du lac Saint-Pierre.

Une espèce désignée menacée au Québec

Depuis l’an 2000, nous effectuons annuellement un inventaire de petit blongios afin de reconfirmer sa présence au parc national des Îles-de-Boucherville. Ces recensements ont pour but de s’assurer que le milieu abrite toujours ce résident recherché et rarissime, officiellement désigné espèce vulnérable au Québec. La perte et la dégradation de l’habitat du petit blongios constituent de loin les plus importantes menaces qui pèsent sur l’espèce au Québec. La perte d’habitat a ralenti récemment, mais la situation continue de se détériorer dans la majeure partie de l’aire de répartition pour différentes raisons, telles la fragmentation de l’habitat et la diminution de la qualité de l’eau. Durant les neuf premières années d’inventaire, des couples en pleine saison de reproduction furent observés, mais aucune confirmation officielle de leur nidification n’avait été faite.

Une confirmation officielle de nidification

En juin 2009, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir enfin, lors d’une journée d’inventaire, un nid de petits blongios contenant cinq magnifiques œufs blancs. C’est un mâle en vol, qui a atterri tout juste à côté du nid, qui nous a permis de faire cette étonnante observation. En juin 2010, lors d’une sortie d’inventaire, le secteur était toujours occupé par un couple de ce petit oiseau et un autre nid fut découvert contenant deux œufs. Comme une ponte moyenne compte cinq œufs et qu’il faut compter environ 17 jours pour l’incubation, il a été décidé d’y retourner environ une vingtaine de jours plus tard afin de vérifier le succès de nidification. Cinq petits d’environ quatre jours se trouvaient dans le nid! En 2011, un autre nid contenant cinq œufs a aussi été observé exactement dans le même secteur.

La technique utilisée pour localiser les couples de petits blongios est fort simple; il suffit de circuler dans son habitat et, à tous les 100 mètres, faire jouer le chant de l’oiseau, à l’aide d’un magnétophone, pour le faire réagir. Après une période d’écoute et d’observation attentive et silencieuse d’environ 5 à 10 minutes, on quitte l’endroit pour aller refaire la même chose 100 mètres plus loin. Jusqu’à présent, le nombre maximal de couples estimé est de deux, ce qui est très peu considérant la taille importante du marais inventorié.

Un oiseau des plus discrets!

Compte tenu de sa petite taille, de ses mœurs nocturnes, du fait qu’il vole très peu et de l’habitat de prédilection qu’il affectionne, il est assez facile de comprendre pourquoi cet oiseau passe le plus souvent inaperçu. C’est souvent au son que sa présence nous est révélée. Au début de la période de reproduction, soit à la fin mai, les mâles font entendre une série de « cou-cou-cou-cou », rappelant grossièrement le chant du coulicou à bec noir. Ce petit héron se reconnaît à sa calotte et à son dos, noirs chez le mâle et plus pâles chez la femelle, qui contrastent avec son corps chamois.

Cliquez sur la photo pour essayer de trouver le blongios…

Parfaire nos connaissances ornithologiques

Outre cet inventaire annuel sur le petit blongios, le service de la conservation et de l’éducation effectue régulièrement des inventaires d’oiseaux au boisé Grosbois ainsi qu’à l’île-aux-Raisins et participe activement depuis 2004 au Programme de surveillance des marais dont le principal objectif est de recenser annuellement les oiseaux présents dans les milieux humides. À ce jour, 258 espèces ont été répertoriées dans le parc. Pour en connaître davantage sur les oiseaux qui fréquentent le parc, nous offrons annuellement, aux mois de mai et juin, des stages en ornithologie. Pour de plus amples informations, nous vous invitons à consulter le site Internet de Parcs Québec.


Nathalie Rivard, responsable du service de la conservation et de l’éducation aux parcs nationaux des Îles-de-Boucherville et du Mont-Saint-Bruno, rivard.nathalie@sepaq.com.

Denis Henri, garde-parc naturaliste au parc national des Îles-de-Boucherville.

Photos : Denis Henri et Dennis Donohue.


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