Blogue de conservation

Suivi de l’aigle royal au parc national d’Anticosti

10 juillet 2012


Le parc national d’Anticosti de par sa situation géographique au coeur du Golfe Saint-Laurent abrite plus de 160 espèces d’oiseaux. Parmi celles-ci, deux espèces ont un statut particulier en vertu de la Loi sur les espèces menacées et vulnérables du Québec soit le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) et l’aigle royal (Aquila chrysaetos). Le pygargue à tête blanche fait déjà l’objet d’un suivi depuis de nombreuses années. Cependant, nos connaissances sur l’aigle royal à Anticosti sont embryonnaires, mais prometteuses.

Écologie de l'espèce

Oiseau de proie diurne et discret, l’aigle royal adulte peut mesurer plus de deux mètres d’envergure d’ailes et peser près de 6 kg. La femelle est de plus grande taille que le mâle. Le plumage des adultes est brun foncé avec une teinte dorée derrière la tête. Il fréquente habituellement les forêts de conifères ouvertes, les milieux ouverts ainsi que les canyons aux parois escarpées. Le couple d’aigle royal se forme pour la vie, mais peut occuper des  nids différents aux fils des ans. Il niche dans les falaises sur de petites corniches. Son régime alimentaire est très varié, il se nourrit entre autre d’oiseaux, de petits mammifères ainsi que des faons des cervidés et peut, à l’occasion, se nourrir de carcasses en décomposition.

L'état des connaissances

Les connaissances sur l’aigle royal sont très limitées au Québec. Nous savons qu’il est présent dans quelques régions du Québec et les sites de nidifications connus sont surtout localisés dans le Nord du Québec, en moyenne Côte-Nord et dans quelques régions au Sud du Saint-Laurent. Pour Anticosti, il existe très peu d’information sur la présence de cette espèce. Dans la monographie écrite par le docteur Smith en 1904, il est mentionné que cette espèce est rare mais que les trappeurs en attrapent parfois dans leurs pièges. Il mentionne aussi la localisation d’un nid dans le secteur de la rivière Jupiter. D’autres observations de cette espèce ont été faites dans les années 1980, mais aucune de nidification.

À la découverte de l'aigle royal

C’est en 2010 qu’une mention de nidification de l’aigle royal est confirmée. En août 2010, un villégiateur a localisé un nid dans lequel se trouvait un jeune aiglon dans les limites du parc national d’Anticosti. Forte de cette information, l’équipe du service de la conservation et de l’éducation a localisé le nid afin d’en assurer le suivi. En 2011, une équipe de l’atlas des oiseaux nicheurs du Québec est venue inventorier les parcelles sur l’île d’Anticosti et du même coup inventorier les sites potentiels de nidifications de cette espèce. La venue de cette équipe d’ornithologues professionnels a permis d’identifier d’autres sites de nidification d’aigle royal et ce, aussi dans les limites du parc national d’Anticosti.

Un aigle royal et son aiglon au parc national d'Anticosti

Collaboration au projet de suivi

Cette année, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune nous a demandé une collaboration afin de faire le suivi des sites de nidification de l’aigle royal dans les limites du parc. Le suivi des nids à l’extérieur du parc sera effectué par les techniciens du ministère. La méthodologie utilisée est bien simple. Installé à quelques centaines de mètres du nid, afin de minimiser le dérangement du site, le technicien observe pendant un minimum de trois heures le nid à l’aide d’un télescope terrestre et note les indices sur la nidification. Trois visites seront effectuées entre la fin mai et la mi-août dans les nids où il y a eu confirmation d’activité. Cette année, une première visite a été faite dans les nids présents dans les limites du parc national d’Anticosti. La présence de jeunes aiglons a été confirmée sur tous les sites. De plus, un nouveau nid a été localisé à la mi-juin par la garde-parc technicienne dans un secteur qui avait été ciblé comme étant susceptible d’héberger un couple nicheur.

À suivre

Nous en sommes à la première année de ce suivi. Évidemment, les résultats que nous allons obtenir à la fin de cette saison serviront de fondations à la poursuite de ce suivi. Il faudra attendre quelques années pour voir la tendance de la population d’aigle royal sur l’île d’Anticosti. Ce suivi viendra certainement enrichir les connaissances sur la situation de cette espèce à l’île d’Anticosti et au Québec.


Éric Savard, responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national d'Anticosti, savard.eric@sepaq.com.

Photos : Éric Savard, Martin Mecnarowski (Wikimedia commons), Adamantios (Wikimedia commons) et Lorcán O Toole.


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